Un pistolet à détection laser tirant du gel toxique tue des chats sauvages en Australie

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Le "Felixer", un appareil pulvérisant un gel mortel sur les chats sauvages. | John Read, Université d'Adélaïde
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Les différentes faunes à travers le monde reposent souvent sur un équilibre fragile, la moindre perturbation externe (ou même naturelle) pouvant parfois engendrer de sérieux dommages. Cela est actuellement le cas d’une partie de la faune Australienne, mise en danger notamment par une trop forte présence de chats sauvages. Pour remédier au problème, les autorités ont opté pour une solution pour le moins drastique et brutale : l’installation de dispositifs à détection laser qui tuent les chats sauvages en les aspergeant d’un gel mortel. Une fois léché lorsque les félins font leur toilette, l’intoxication est mortelle.

Depuis leur introduction en Australie au XVIIIe siècle, les chats sauvages ont gravement endommagé l’écosystème local en s’attaquant aux oiseaux et aux petits mammifères indigènes. Ils ont contribué à l’extinction de plus de 20 animaux australiens — dont la Perruche de paradis (Psephotellus pulcherrimus), le Potorous platyops (une espèce de rat-kangourou), la sous-espèce « Rufus » du fourmilier marsupial et le Bandicoot du désert (Perameles eremiana) — et continuent d’en menacer bien d’autres.

En 2015, le gouvernement australien s’est fixé comme objectif d’abattre 2 millions des 6 millions de chats sauvages d’ici 2020 (soit presque la moitié). Mais la tâche s’est avérée plus difficile que prévu, car les chats préfèrent chasser des proies vivantes plutôt que de se nourrir d’appâts empoisonnés. Et ils sont trop nombreux pour être tués à vue par des chasseurs.

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Pour résoudre le problème, John Read de l’Université d’Adélaïde et ses collègues, ont inventé un dispositif automatisé d’abattage des chats, qui tire profit de leurs habitudes d’auto-toilettage.

Un dispositif entièrement autonome à énergie solaire

L’appareil à énergie solaire, appelé « piège de toilettage Felixer » (Felixer grooming trap) ou simplement « Felixer », est équipé de capteurs laser qui détectent le passage d’un chat en fonction de sa taille, de sa forme et de sa démarche. Lorsqu’ils sont activés, les capteurs déclenchent la libération d’un gel toxique, éjecté sur la fourrure du félin. L’animal lèche ensuite le gel tout en nettoyant régulièrement son pelage.

Le gel contient un poison commun appelé fluoroacétate de sodium (aussi connu sous son nom commercial : « 1080 »), qui empêche la production d’énergie dans les cellules. Selon les chercheurs, le poison euthanasie les chats sans douleur car il provoque l’inconscience avant l’arrêt de l’activité cérébrale, déclare Read. « Dans la plupart des cas, ils deviennent chancelants et somnolents, puis s’allongent et meurent », dit-il.

Un premier essai ayant porté sur deux chats en enclos a révélé qu’ils s’étaient évanouis dans les 6 heures suivant leur giclée et qu’ils étaient morts dans les 10 heures.

Un autre avantage du fluoroacétate de sodium est que les animaux australiens ont développé une certaine résistance à ses effets toxiques, car il est naturellement présent dans plusieurs plantes indigènes, explique Read. De ce fait, la mort « n’est pas brutale ».

À titre d’essai, les chercheurs ont récemment installé 20 appareils Felixer dans une zone fermée de 2600 hectares en Australie-Méridionale, habitée par des chats sauvages et d’autres animaux indigènes. Read présentera ses résultats à la réunion annuelle de l’Ecological Society of Australia à la fin du mois.

Efficacité confirmée : élimination des deux tiers de la population test en seulement six semaines

Les caméras ont montré que les pièges identifiaient, pulvérisaient et tuaient correctement les chats sauvages, ce qui a entraîné une diminution d’environ deux tiers de leur population en six semaines. Aucun autre animal indigène n’a activé les pièges et aucun n’est mort. L’efficacité du dispositif a été confirmée par observation : le nombre de chats n’avait pas diminué dans un enclos adjacent, où aucun dispositif n’avait été installé.

Dans une autre expérience sur l’île Kangourou, les chercheurs ont montré qu’ils pouvaient empêcher les chats domestiques d’activer les pièges en les équipant d’étiquettes spéciales sans fil.

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Le coût actuel d’un seul piège est de 15’000 dollars australiens, mais ce prix devrait baisser une fois que le dispositif sera commercialisé. Les inventeurs cherchent maintenant à obtenir l’approbation de l’Australian Pesticides and Veterinary Medicines Authority afin de vendre leur système à des gestionnaires fonciers accrédités du pays.

Certains groupes de protection montrent leur désaccord

Certains groupes de protection des chats pensent que la façon la plus humaine de contrôler les populations de chats sauvages d’Australie serait de les piéger, de les stériliser chirurgicalement et de les renvoyer dans la nature. Mais selon Di Evans de RSPCA Australia (une organisation australienne pour le bien-être des animaux), cela serait très difficile à réaliser car les chats sauvages vivent souvent dans des régions reculées et difficiles d’accès.

Les pièges Felixer sont cependant préférables aux appâts empoisonnés parce qu’ils ciblent spécifiquement les chats et sont donc moins susceptibles de nuire aux autres animaux, explique Evans.

Cependant, la RSPCA insiste sur le fait qu’elle aimerait voir davantage de recherches concernant la faisabilité de réduire le nombre de chats sauvages avec la contraception (éventuellement administrée en injection unique ou en implants à libération lente), au lieu de méthodes mortelles.

Cette vidéo révèle le fonctionnement du dispositif :

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