Échec d’alunissage pour le premier vaisseau d’exploration lunaire privé

premier alunissage mission japon hakuto couv
Vue d’artiste de l’atterrisseur Hakuto-R M1. | ispace
⇧ [VIDÉO]   Vous pourriez aussi aimer ce contenu partenaire

En décembre 2022, le vaisseau spatial privé d’ispace a été lancé par une fusée SpaceX Falcon 9 pour atteindre récemment une orbite lunaire propice à un alunissage — qui était programmé pour le 25 avril à 18h40 (heure française). Le vaisseau transportait un rover lunaire des Émirats arabes unis. Malheureusement, ce fut un échec. Cependant, les données recueillies permettront le développement et l’amélioration des technologies, avec pour objectif ultime d’aider à établir les bases d’une exploration durable de la Lune et contribuer au programme Artemis de la NASA.

La société privée ispace, spécialisée dans l’exploration lunaire, a annoncé mi-avril dans un communiqué que son atterrisseur lunaire HAKUTO-R Mission 1 avait achevé toutes les manœuvres de contrôle orbital prévues, validant ainsi le huitième des jalons de la Mission 1 (M1).

Le 21 mars 2023, l’atterrisseur a été inséré avec succès en orbite lunaire elliptique, à une altitude d’environ 100 km au périgée et d’environ 6000 km à l’apogée. Par la suite, l’atterrisseur a réalisé des manœuvres de contrôle pour atteindre une orbite circulaire de 100 km autour de la Lune.

Une invitation à rêver, prête à être portée.

Le 13 avril 2023, il a effectué avec succès la dernière manœuvre de contrôle orbital selon le plan d’opération de la mission à 10h08 (JST), après une combustion contrôlée du système de propulsion principal de l’atterrisseur d’une durée d’environ 10 minutes.

La Mission 1 est considérée comme une démonstration technologique visant à valider la conception et la technologie de l’atterrisseur, ainsi que le modèle commercial d’ispace pour fournir des services de transport et de données lunaires fiables.

Une tentative malheureuse d’atterrissage lunaire

Le site d’atterrissage principal était le cratère Atlas, situé à 47,5° N, 44,4° E, sur le bord extérieur sud-est de Mare Frigoris (« Mer de froid »). Le choix du site d’atterrissage principal a été guidé par plusieurs critères, tels que la durée d’exposition solaire continue, l’exposition aux communications depuis la Terre ainsi que la composition du sol, même s’il n’est pas plat.

Ce site répondait aux exigences techniques et scientifiques de la mission, ainsi qu’aux besoins des autres clients (notamment pour le rover Rashid des Émirats arabes unis).

Malheureusement, tout ne s’est pas déroulé comme prévu. Vers 15h40 (UTC), l’atterrisseur a entamé la séquence d’atterrissage depuis l’orbite circulaire à 100 km d’altitude. Durant cette séquence, l’atterrisseur a effectué une combustion de freinage, activant son système de propulsion principal pour décélérer depuis l’orbite. Les communications ont été coupées à plusieurs reprises. Grâce à une série de commandes prédéfinies, l’atterrisseur a ajusté son attitude et réduit sa vitesse pour réaliser un atterrissage en douceur sur la surface lunaire. Le processus a duré environ une heure, mais lors de l’impact les équipes au sol n’ont reçu aucun signal de l’engin.

Le succès du jalon 9 devait être annoncé après la confirmation de l’atterrissage lunaire réussi. Le jalon 10, le dernier de la Mission 1, aurait été annoncé après la confirmation qu’une alimentation stable en télécommunications et en électricité a été établie suite à l’atterrissage sur la Lune.

Néanmoins, après plus de 20 minutes d’attente, les équipes n’ont pas pu conclure au succès de la mission, expliquant qu’ils devaient analyser les dernières données pour comprendre la raison de ce silence radio — un crash, un reboot de l’ordinateur, une impossibilité de communiquer, etc.

Takeshi Hakamada, fondateur d’ispace, confirme lors d’une diffusion en direct : « Nous avons perdu la communication avec l’atterrisseur, nous devons donc supposer que nous n’avons pas pu terminer l’atterrissage sur la surface lunaire. Nos ingénieurs continueront d’enquêter ».

jalons mission hakuto
Les jalons de l’atterrisseur Hakuot-R M1. © ispace

Une rencontre ratée avec le lapin blanc

« HAKUTO » signifie « lapin blanc » en japonais. Dans le folklore japonais, un lapin blanc vit sur la Lune. Cette légende a inspiré le nom HAKUTO, l’un des 5 finalistes du concours Google Lunar XPRIZE — une compétition pour la première mission privée d’exploration lunaire.

La mission Hakuto-R a été lancée le 11 décembre 2022 avec la mission Lunar Flashlight sur une fusée SpaceX Falcon 9. Ispace ambitionnait ainsi de devenir la première société commerciale à réussir l’atterrissage d’un atterrisseur lunaire sans équipage sur la Lune.

Cet échec met en évidence l’immense défi que représente le voyage vers la Lune puis le fait d’atterrir sur sa surface sans dégât. Jusqu’à présent, seuls les États-Unis et l’ex-Union soviétique et la Chine ont effectué des atterrissages lunaires réussis.

Les données et l’expérience acquises lors de la M1 seront intégrées dans les conceptions et les opérations futures pour optimiser les missions, en commençant par la Mission 2, qui est déjà en phase de développement et prévue pour 2024. En effet, le modèle commercial d’ispace prévoit des cycles de développement technologique courts pour augmenter la capacité et la fiabilité. Takeshi Hakamada déclare : « Nous continuerons. N’abandonnez jamais ».

La Mission 3, prévue pour 2025, contribuera au programme Artemis de la NASA dans le cadre de son programme Commercial Lunar Payload Services, tout comme SpaceX et son Starship, visant à rendre ces rencontres avec le lapin blanc plus aisées et moins coûteuses.

L’Europe ne touchera pas la Lune avant le retour des États-Unis

L’atterrisseur embarquait plusieurs charges utiles, dont un petit robot sphérique de la JAXA (l’agence spatiale du Japon) et le rover Rashid des Émirats arabes unis. Ce dernier, pesant environ 10 kg, de la taille d’une chaise, est équipé d’une caméra haute résolution sur son mât avant et d’une autre montée à l’arrière, ainsi que d’une caméra microscopique et d’une caméra thermique. Trois de ces caméras CASPEX ont été fournies par le CNES.

rashid rover
Le rover Rashid. © ESA/Centre spatial Mohammed Bin Rashid

Le rover embarquait également une « sonde de Langmuir » pour échantillonner l’environnement de plasma régnant juste au-dessus de la surface lunaire. Une fois déployé sur la Lune, le véhicule solaire aurait dû passer la majeure partie de la journée lunaire de 14 jours à explorer le cratère de l’Atlas.

Trois scientifiques de l’Université de Lorraine travaillaient depuis trois ans sur la première mission lunaire des Émirats arabes unis à la demande du CNES, et étaient censés piloter le rover. Cela aurait permis à l’Europe de « toucher » la Lune avant le retour des Américains par le biais des missions Artemis, et surtout d’améliorer les technologies en développement.

Laisser un commentaire
Cliquez pour accéder à d'autres articles sur ce sujet.