Parkinson : un produit chimique de nettoyage à sec augmente de 500% le risque de survenue de la maladie

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La maladie de Parkinson connaît une prévalence en constante augmentation, le plus rapide au monde pour une maladie de ce type et qui demeure inexpliquée par les facteurs actuellement recensés. Cette augmentation du nombre de personnes touchées devient une préoccupation majeure pour les autorités sanitaires à travers le monde. Récemment, des chercheurs ont mis en évidence qu’un produit chimique courant et largement utilisé, le trichloréthylène (TCE), est associé à un risque accru de 500% de développer la maladie. Autrefois utilisé pour décaféiner le café, dégraisser le métal et nettoyer à sec les vêtements, il contamine durablement les environnements.

Le nombre de personnes atteintes de la maladie de Parkinson a plus que doublé au cours des trente dernières années et, en l’absence de changements significatifs, doublera à nouveau d’ici 2040. De nombreuses causes génétiques ou facteurs de risque de la maladie ont été identifiés, mais la grande majorité des personnes atteintes ne portent aucune de ces mutations. Plusieurs substances toxiques, en particulier certains pesticides, ont également été liées à la maladie.

Cependant, ces éléments sont insuffisants pour expliquer l’augmentation alarmante des cas, tout comme le seul vieillissement de la population. D’autres causes moins évidentes doivent contribuer à son essor. L’une d’elles pourrait être le trichloréthylène (TCE), un produit chimique omniprésent qui contamine d’innombrables sites et pose des risques pour la santé de ceux qui y sont exposés, que ce soit dans leur environnement de travail ou dans leur environnement.

Dans un article d’hypothèse publié dans le Journal of Parkinson’s Disease, une équipe internationale de chercheurs du Centre médical de l’Université de Rochester (URMC) avance que le TCE pourrait être un agent invisible de la maladie de Parkinson. Les chercheurs détaillent l’utilisation généralisée du produit chimique et présentent des preuves liant la substance toxique à la maladie de Parkinson à travers le profil de sept personnes ayant développé la maladie.

Un polluant industriel omniprésent, responsable de diverses maladies

Le TCE est un solvant largement utilisé depuis longtemps, dans diverses applications industrielles, civiles, militaires et médicales, notamment pour enlever la peinture, corriger les erreurs de frappe, nettoyer les moteurs et anesthésier les patients. Son utilisation aux États-Unis a atteint son apogée dans les années 1970.

Bien que l’utilisation domestique ait diminué depuis, le TCE est toujours utilisé pour le dégraissage des métaux et le nettoyage à sec. Un produit chimique étroitement apparenté, le perchloroéthylène (PCE), a largement supplanté le TCE dans le nettoyage à sec dans les années 1950. Néanmoins, dans des conditions anaérobies, le PCE se transforme souvent en TCE, et leur toxicité est similaire.

Le lien entre le TCE et la maladie de Parkinson a été évoqué pour la première fois dans des études de cas il y a plus de 50 ans. Depuis lors, des recherches sur des souris et des rats ont montré que le TCE pénètre facilement dans les tissus cérébraux et corporels et, à fortes doses, endommage les parties productrices d’énergie des cellules — les mitochondries. Dans les études animales, le TCE provoque une perte sélective des cellules nerveuses productrices de dopamine, une caractéristique de la maladie de Parkinson chez l’homme.

Pollution invisible et risque grandissant

Certes, les personnes qui ont travaillé directement avec le TCE ont un risque élevé de développer la maladie de Parkinson. Cependant, les auteurs avertissent dans un communiqué que « des millions d’autres rencontrent le produit chimique sans le savoir à travers l’air extérieur, les eaux souterraines contaminées et la pollution de l’air intérieur ».

En effet, le produit chimique peut contaminer le sol et les eaux souterraines, étendant la pollution sur de longues distances et migrer avec le temps. Au-delà des risques pour l’eau, le TCE volatil peut facilement s’évaporer et pénétrer les bâtiments (maisons, écoles et lieux de travail) sans être détecté.

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Illustration de la pollution liée au TCE. © Dorsey, E. Ray et al., 2023

La détection de vapeur de TCE a été signalée pour la première fois dans les années 1980, lorsqu’on a constaté que le radon s’évaporait du sol et pénétrait dans les maisons, augmentant ainsi le risque de cancer du poumon. Aujourd’hui, des millions de foyers sont testés pour le radon, mais peu le sont pour le TCE.

Un enjeu pour la santé publique

Les auteurs soulignent que « depuis plus d’un siècle, le TCE menace les travailleurs, pollue l’air que nous respirons — à l’extérieur et à l’intérieur — et contamine l’eau que nous buvons. Sans compter que l’utilisation mondiale est en croissance ».

Bien que l’Union européenne et deux États américains aient interdit le TCE, il est toujours autorisé pour certaines utilisations industrielles en Europe. À l’échelle mondiale, la consommation de TCE devrait augmenter de 3% par an, et la Chine, qui connaît les taux de croissance les plus rapides, représente désormais la moitié du marché mondial.

Les auteurs proposent une série d’actions pour faire face à la menace. En particulier, ils notent que les sites contaminés peuvent être assainis avec succès et que l’exposition à l’air intérieur peut être atténuée par des systèmes d’assainissement des vapeurs similaires à ceux utilisés pour le radon.

De plus, ils plaident pour plus de recherche afin de mieux comprendre comment le TCE contribue à la maladie de Parkinson et à d’autres maladies. Les niveaux de TCE dans les eaux souterraines, l’eau potable, le sol et l’air extérieur et intérieur nécessitent une surveillance plus étroite, et cette information doit prioritairement être partagée avec ceux qui vivent et travaillent à proximité des sites pollués.

Enfin, les auteurs appellent à mettre définitivement fin à l’utilisation de ces produits chimiques aux États-Unis, mais aussi à travers le monde. Le PCE est encore largement utilisé aujourd’hui dans le nettoyage à sec et le TCE dans le dégraissage à la vapeur. Il sera sûrement difficile de faire reconnaître ce produit chimique comme facteur de risque, car des décennies s’écoulent entre l’exposition au TCE et l’apparition des symptômes de la maladie de Parkinson.

Source : Journal of Parkinson’s Disease

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