La start-up polonaise Clone Robotics dévoile Protoclone, son nouveau robot humanoïde incroyablement réaliste (et quelque peu dérangeant) doté d’une structure squelettique et d’une musculature anatomiquement proches des nôtres. L’entreprise présente le robot comme le premier androïde musculo-squelettique bipède au monde et affirme qu’il pourra à terme marcher, effectuer des tâches ménagères et même parler.
Le marché des robots humanoïdes a grimpé en flèche au cours des dernières années, parallèlement à celui de l’IA, les deux secteurs étant complémentaires. La valeur du marché était estimée à 2,43 milliards de dollars en 2023 et pourrait atteindre 66 milliards de dollars d’ici 2032. Le marché est actuellement dominé par l’Asie du Pacifique (42 %) et devrait enregistrer une croissance comprise entre 75 et 389 % entre 2024 et 2035, en raison des avancées de l’IA et de la réduction des coûts.
Parmi les principaux acteurs du secteur figure par exemple Apptronik, qui prévoit de déployer ses modèles Apollo dans les usines de Mercedes-Benz. La start-up Figure a également testé ses robots chez BMW et prévoit d’en introduire d’autres cette année, tandis que le modèle Digit d’Agility Robotics sera déployé dans divers entrepôts, tels que GXO Logistics et ceux d’Amazon.
Alors que la plupart des dispositifs sont destinés à l’automatisation de tâches en entrepôts et en usines, des modèles plus récents sont conçus pour un usage domestique, tels que le modèle NEO Gamma de l’entreprise norvégienne 1X. Parallèlement, de grandes entreprises technologiques telles que Nvidia, OpenAI, Google et Microsoft travaillent sur des modèles d’IA destinés aux robots humanoïdes à usage domestique ou multitâche.
Le modèle Protoclone de Clone Robotics s’inscrit parmi ces robots à usage domestique en développement et a impressionné les internautes par son réalisme. Dans une récente vidéo publiée sur X, le robot, dépourvu de visage, est présenté suspendu au plafond, tel une marionnette, et s’animant petit à petit en contractant ses membres — à l’aide des muscles artificiels connectés à son squelette. La vidéo est rapidement devenue virale, la plupart des spectateurs jugeant le robot dérangeant, voire effrayant…
Des technologies visant à imiter parfaitement les mouvements humains
Bien que Protoclone ne soit pour le moment qu’un prototype encore loin de pouvoir se déplacer de manière autonome, il repose sur des technologies de pointe visant à imiter parfaitement les mouvements humains. D’après le site web de l’entreprise, le robot fonctionne entièrement grâce à des systèmes musculaire, squelettique, vasculaire et nerveux proches de ceux des humains.
Son squelette en polymère comprend 206 « os » individuels imitant les nôtres. 1 000 muscles artificiels appelés Myofiber, s’appuyant sur le concept de muscles pneumatiques de McKibben, relient ces « os ». Ces derniers fonctionnent à l’aide de tubes en maille contenant des ballons qui se contractent ou se relâchent selon les mouvements requis.
Actuellement, l’activation des muscles repose sur un système pneumatique, mais l’entreprise affirme que le produit final fonctionnera à l’aide d’un système hydraulique. Les ballons se rempliront de liquide à l’aide d’une pompe électrique de 500 watts faisant office de cœur artificiel et transfusant le liquide à un débit de 40 litres par minute en moyenne.
En outre, afin d’obtenir la qualité de mouvement du système musculo-squelettique des mammifères, les fibres synthétiques doivent réagir en moins de 50 millisecondes avec une contraction à vide supérieure à 30 %. Chaque fibre doit également fournir au moins un kilogramme de force de contraction. L’entreprise affirme que Myofiber est actuellement le seul muscle artificiel au monde atteignant ces caractéristiques clés.
Pour naviguer librement dans son environnement, Protoclone est équipé d’un ensemble de capteurs et de caméras enregistrant en temps réel les interactions avec son environnement et lui offrant la liberté de mouvement requise pour les tâches domestiques. « Protoclone est un humain synthétique sans visage, anatomiquement précis, doté de plus de 200 degrés de liberté, de plus de 1 000 myofibres et de 500 capteurs », indique Clone Robotics dans la description de la vidéo de présentation.
Parmi ces dispositifs figurent par exemple 4 caméras intégrées à l’intérieur de son crâne pour la vision et 70 capteurs inertiels permettant de suivre la position de ses articulations. 320 capteurs de pression supplémentaires sont intégrés afin de fournir en temps réel des informations sur les mouvements articulaires. L’ensemble de ses systèmes permet au robot de réagir rapidement aux entrées visuelles et d’apprendre en observant les humains.
Protoclone est le dernier-né d’une gamme de produits biomimétiques de Clone Robotics, qui comprend une main et un torse robotiques utilisant le même système musculaire. L’entreprise prévoit de démarrer la production du modèle Protoclone avec 219 unités. Bien que le prix n’ait pas encore été dévoilé, les premiers modèles seront disponibles en précommande plus tard cette année.
Vidéo de présentation du prototype Protoclone :