Les femmes végétariennes auraient un risque 33% plus élevé de se fracturer la hanche

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La saison estivale voit fleurir nombre de régimes et tous leurs avantages mis en avant. Mais sur le long terme, certains régimes alimentaires ne sont pas forcément bénéfiques pour le corps. Plusieurs études pointent déjà du doigt les conséquences sur les os des régimes végétariens, malgré leur impact positif sur d’autres aspects de notre santé. Récemment, des chercheurs britanniques, à travers une vaste étude portant sur des femmes végétariennes, révèlent qu’elles auraient un risque 33% plus important de subir des fractures de la hanche plus tard dans la vie que celles qui consomment fréquemment de la viande. La cause principale serait un déficit en nutriments, fragilisant les os et les muscles. Des études complémentaires sont nécessaires pour estimer si cela se produit également chez l’homme et permettre la mise en place de stratégies de prévention plus efficaces.

La fracture de la hanche correspond en réalité à la fracture du col du fémur, autrement dit l’extrémité supérieure du fémur qui soutient la tête du fémur. La tête s’emboîte dans le bassin au niveau du cotyle pour former l’articulation de la hanche, ou articulation coxo-fémorale.

Environ 90% des fractures de la hanche sont liées à des chutes, plus fréquentes chez les personnes âgées et les femmes, ayant des os plus fragiles. Mais les fractures peuvent souvent aggraver la fragilité des os, ce qui augmente de fait le risque de chutes et d’aggravation de la fragilité. Sans compter que d’une part, la qualité de vie diminue après une fracture de la hanche, et d’autre part la mortalité augmente. Le vieillissement de la population mondiale ne fait qu’accroitre les risques.

De plus, le nombre de personnes végétariennes dans le monde augmente chaque année, ce qui est dû notamment aux nombreux bénéfices avérés par rapport à plusieurs maladies chroniques, dont le diabète, les cardiopathies ischémiques et le cancer, ainsi qu’une empreinte environnementale plus faible que les régimes omnivores. Néanmoins, le lien entre risque de fracture et régime sans viande restait jusqu’ici relativement flou.

C’est pourquoi une équipe de chercheurs de l’Université de Leeds a mené une vaste étude sur plus de 26 000 femmes britanniques végétariennes pour établir la présence ou l’absence de lien entre le régime alimentaire et le risque de fracture de la hanche. Leurs résultats sont publiés dans la revue BMC Medecine.

Un besoin impérieux d’études

En novembre 2021, la même équipe de recherche, menée par James Webster, chercheur de troisième cycle à la School of Food Science, avait annoncé lancer une grande étude de plusieurs facteurs alimentaires liés au risque de fracture de la hanche, impliquant environ 30 000 femmes du Royaume-Uni, et utilisant les données du NHS sur les fractures de la hanche. Il s’agissait notamment d’évaluer l’impact de la consommation d’une variété de produits d’origine animale, de fruits et de légumes, et du fait de suivre un régime végétarien.

Cette étude s’imposait d’elle-même face au constat, sans appel, du manque de données et d’études probantes concernant les facteurs de risque de fracture de la hanche, touchant près de 70 000 personnes chaque année en France. La fracture de la hanche est la blessure grave la plus courante chez les adultes, et les directives actuelles de prévention se concentrent largement sur la consommation de calcium, de vitamine D et de protéines par le biais des aliments et des suppléments. Ce manque de données empêche le développement de conseils diététiques qui pourraient réduire le nombre de fractures de la hanche, selon les auteurs.

Un risque de fracture avéré chez les végétariens

Les chercheurs se sont appuyés sur les données de l’UK Women’s Cohort Study, qui suit les femmes au fil du temps pour évaluer les liens entre l’alimentation et la santé. Les dossiers de 26 318 femmes, âgées de 35 à 69 ans, ont été analysés. Ces dernières ont été classées dans les catégories suivantes : consommatrices régulières de viande (5 portions/semaine), consommatrices occasionnelles de viande (moins de 5 portions par semaine), pescétariennes (mangeant du poisson, mais pas de viande) ou végétariennes (ne mangeant ni viande ni poisson). Les fractures de la hanche incidentes ont été identifiées via un lien avec les statistiques sur les épisodes hospitaliers jusqu’en mars 2019. Enfin, des modèles de régression de Cox ont été utilisés pour estimer les associations entre chaque groupe de régime alimentaire et le risque de fracture de la hanche.

Les chercheurs ont révélé que 822 femmes, soit 3%, avaient subi des fractures de la hanche sur une période d’environ 22 ans. Environ 28% des femmes concernées étaient végétariennes et 1% étaient végétaliennes. Celles qui étaient végétariennes présentent un risque 33% plus élevé que cela se produise par rapport à celles consommant de la viande au moins cinq fois par semaine, selon ces données.

Néanmoins, il n’y a aucune preuve claire d’un effet de l’IMC (indice de masse corporelle) dans les groupes. Les différences de risque subsistaient après la prise en compte des facteurs de confusion et n’étaient pas expliquées par des différences dans les apports en nutriments clés liés à la santé osseuse entre les végétariens et les consommateurs réguliers de viande, ce qui implique l’importance potentielle d’autres facteurs non pris en compte.

Une nouvelle ligne diététique ?

Les auteurs soulignent que même s’il n’y a aucune preuve claire d’associations entre l’IMC et le risque de fracture de la hanche, l’IMC moyen plus faible chez les végétariens expliquerait en partie leur risque plus élevé. En effet, les mécanismes possibles incluent les rôles protecteurs de la masse osseuse, de la masse grasse et de la masse musculaire, qui ont chacun été inversement associés au risque de fracture de la hanche. Une masse grasse insuffisante peut réduire l’amortissement au niveau de la hanche lors des chutes (tel un coussin sans rembourrage). Sans compter qu’une masse grasse plus élevée pourrait également augmenter la résistance des os en raison d’une charge mécanique accrue et à une production d’œstrogène plus élevée.

Une seconde raison avancée par les chercheurs, complémentaire à la première, serait un faible apport en nutriments importants pour la santé des os, qui sont abondants dans les produits d’origine animale. De manière concrète, les végétariens présentent des taux moins importants de protéines, qui aident à développer la masse musculaire, et d’éventuelles carences en vitamines et minéraux, tels que le calcium et la vitamine B12, qui aident à renforcer les os.

Des recherches complémentaires sont nécessaires pour confirmer cela dans d’autres populations, telles que les hommes et les populations non européennes, ainsi que pour identifier les facteurs responsables de la différence de risque observée. En particulier, des recherches supplémentaires explorant les rôles de l’IMC et des nutriments abondants dans les aliments d’origine animale sont recommandées afin que des interventions de santé publique, visant à réduire le risque de fracture de la hanche chez les végétariens, par le biais d’une rectification de régime alimentaire ou d’une gestion du poids, puissent être élaborées.

Néanmoins, les auteurs insistent sur le fait que les personnes végétariennes ne doivent pas abandonner leur régime alimentaire, par rapport aux nombreux avantages en termes de santé cardiovasculaire notamment, ainsi qu’en termes de bien-être animal et d’impact écologique. Ces derniers devraient cependant veiller à maintenir un poids corporel sain et s’assurer qu’ils ont un apport adéquat en protéines et autres nutriments importants pour la santé des os, y compris le calcium et la vitamine D.

Source : BMC Medecine

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