Des traces de vie ancienne révèlent un écosystème vieux de 3,4 milliards d’années

Une biodiversité et une complexité insoupçonnées des premières formes de vie.

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Un échantillon de restes de micro-organismes ayant vécu il y a 3,4 milliards d'années. | Reinhardt
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La découverte de vestiges de vie dans des roches de 3,42 milliards d’années en Afrique du Sud pourrait bien nous en dire plus sur l’origine même de la vie. Des chercheurs de l’Université de Göttingen révèlent une biodiversité et une complexité insoupçonnées des premières formes de vie.

L’exploration approfondie de nos origines terrestres franchit une nouvelle étape avec une récente étude menée par Manuel Reinhardt et son équipe de l’Université de Göttingen (Allemagne). Publiée dans la revue Precambrian Research, cette étude est focalisée sur l’analyse de roches anciennes du Buck Reef Chert, situées dans la ceinture de roches vertes de Barberton en Afrique du Sud.

Ces roches, datant de 3,42 milliards d’années, suggèrent une évolution rapide et précoce de la vie, bien plus complexe que ce que l’on pensait jusqu’ici. Ces découvertes pourraient remettre en question certaines théories sur l’origine de la vie et son développement initial sur Terre, éclairant ainsi un chapitre obscur de l’histoire de la vie.

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Des roches révélatrices

Les roches de Buck Reef Chert sont exceptionnelles, car elles contiennent de la matière carbonée microscopique qui serait en réalité les restes fossilisés de micro-organismes anciens. Ces microorganismes sont parmi les plus anciens exemples connus de vie sur Terre.

L’équipe de recherche a utilisé des techniques d’analyse chimique avancées pour examiner la composition de ces matériaux carbonées, ce qui a permis de révéler des informations précieuses sur les types de métabolismes que ces microorganismes primitifs auraient pu posséder.

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Aperçu pétrographique et températures Raman de la matière carbonée dans les échantillons de Buck Reef. © M. Reinhardt et al., 2024

Les résultats montrent que la majorité de ces derniers sont des photoautotrophes, c’est-à-dire des organismes capables de synthétiser leur propre nourriture en utilisant la lumière, un processus similaire à la photosynthèse observée dans les plantes. Même à cette époque lointaine donc, la vie avait développé des mécanismes complexes pour exploiter l’énergie solaire.

Plus intéressant encore, l’étude a également mis en évidence la présence d’autres formes de vie qui utilisaient des processus métaboliques plus complexes, comme la production de méthane ou d’acétate. Ces méthanotrophes ou acétotrophes auraient joué un rôle crucial dans la formation de la biomasse globale.

Le Dr Reinhardt explique dans un communiqué : « Ces résultats mettent en évidence la diversité métabolique qui existait dans l’environnement de la plate-forme inférieure du Buck Reef Chert, fournissant des informations précieuses sur la complexité du cycle biologique précoce du carbone ». Il ajoute : « Nos résultats soulignent qu’un cycle biologique avancé du carbone était déjà en place au début de l’Archéen, remettant en question les notions antérieures sur la simplicité de la vie microbienne à cette époque ».

Une origine plus ancienne que prévu pour une vie complexe

Ces récentes découvertes remettent en question les estimations antérieures concernant l’apparition de la vie sur Terre. La vie pourrait avoir émergé bien plus tôt, pendant l’éon hadéen, il y a environ 4,1 à 4,2 milliards d’années. Cette hypothèse est renforcée par le manque de roches bien conservées datant de plus de 3,5 milliards d’années.

Si cette hypothèse s’avère exacte, cela signifierait que la vie est apparue presque immédiatement après la formation de la Terre, défiant les conceptions conventionnelles de la résilience et de l’adaptabilité de la vie dans des conditions environnementales primitives et potentiellement hostiles.

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Des images côte à côte montrent d’anciens fossiles enfermés dans la roche, vus par microfluorescence X (à gauche) et en noir et blanc (à droite). © M. Reinhardt, et al., 2024

L’importance de cette étude ne réside pas seulement dans le réajustement de la chronologie de l’apparition de la vie, mais aussi dans la révélation de la nature de cette vie primitive. Les résultats indiquent que les premières formes de vie sur Terre étaient loin d’être des organismes rudimentaires. Au contraire, elles auraient démontré une diversité métabolique étonnamment avancée, comparable à celle des organismes modernes.

Cette complexité métabolique précoce suggère que la vie a connu une évolution rapide et diversifiée peu de temps après son apparition. Ces conclusions suggèrent à leur tour que les processus biologiques complexes étaient déjà en place bien plus tôt que ce que l’on pensait.

Des découvertes similaires dans d’autres régions

Les découvertes paléontologiques au Pays de Galles, datant de 564 millions d’années, apportent un autre éclairage sur l’évolution de la vie sur Terre. Ces fossiles, bien plus récents que ceux trouvés dans le Buck Reef Chert, montrent des organismes multicellulaires primitifs. Cette période, connue sous le nom d’Édiacarien, marque une étape clé dans l’histoire de la vie, caractérisée par l’apparition des premières formes de vie complexes. Bien que ces organismes gallois soient nettement plus jeunes que les microorganismes sud-africains, leur existence témoigne de la continuité de la vie sur Terre et de son évolution constante.

En étudiant ces fossiles, les scientifiques peuvent mieux comprendre comment la vie a évolué et s’est adaptée aux conditions changeantes de la Terre à travers les âges. Ces recherches contribuent à élucider les mécanismes de l’évolution, depuis les premières formes de vie jusqu’aux organismes complexes d’aujourd’hui. Elles permettent de tracer un tableau plus complet de l’histoire biologique de notre planète.

Source : Precambrian Research

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