Rejeter dans l’océan Pacifique l’eau radioactive de Fukushima serait « l’unique option » selon le Japon

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Photo aérienne du site de la centrale nucléaire de Fukushima, datant du 22.11.2016. | AP
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Le 11 mars 2011, le Japon a été frappé par le plus puissant séisme de son histoire : un tremblement de terre de magnitude 9, qui a déclenché un tsunami dont les vagues ont atteint une hauteur allant jusqu’à 40 mètres. Cette catastrophe a déclenché trois effondrements nucléaires et trois explosions d’hydrogène dans la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Huit ans plus tard, Fukushima détient plus d’un million de tonnes d’eau contaminée.

Cette eau provient de deux sources principales : premièrement, le tsunami a provoqué la surchauffe et la fonte des noyaux du réacteur. De ce fait les agents chargés du nettoyage ont injecté de l’eau dans les noyaux pour les refroidir. Ensuite, après l’accident, les eaux souterraines se sont également infiltrées dans le réacteur et se sont mélangées à des matières radioactives.

Dans l’optique de stocker cette eau contaminée, l’usine dispose actuellement de 1000 réservoirs scellés. Cependant, l’eau s’accumule toujours. Apparemment, il y a assez de place pour conserver et accumuler de l’eau liquide jusqu’à l’été 2022. Après cela, il n’y aura tout simplement plus de place. Lors d’une conférence de presse à Tokyo, le ministre japonais de l’Environnement, Yoshiaki Harada, a déclaré que pour 2022 : « La seule option sera de la jeter à la mer et ainsi la diluer », en parlant bien évidement de l’eau contaminée.

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Un employé de la Tokyo Electric Power Company (Tepco) mesure, en juillet 2018, les niveaux de radioactivité des réacteurs 2 et 3 de la centrale nucléaire de Fukushima. Crédits : Kimimasa Mayama/AFP

À l’heure actuelle, le gouvernement japonais attend toutefois le verdict d’un groupe d’experts avant de prendre une décision finale sur le sort de cette eau contaminée. À ce sujet, Greenpeace a déclaré dans un communiqué que la « seule option écologiquement acceptable » serait de continuer à stocker et à filtrer l’eau et ses contaminants. Mais, bien évidemment, cela nécessiterait plus de réservoirs et un processus de filtration plus onéreux. Il est clair que simplement déverser l’eau contaminée dans la mer serait plus facile et moins coûteux.

Selon l’IAEA (International Atomic Energy Agency), il n’y a que deux accidents nucléaires à avoir été classés de « niveau 7 » jusqu’à ce jour : Fukushima et Tchernobyl. La majorité des radiations libérées lors de la catastrophe de Fukushima se sont retrouvées dans l’océan Pacifique, mais cet accident a également forcé l’évacuation de plus de 200’000 personnes se trouvant et vivant dans des zones proches de la centrale.

Le Centre japonais de recherche économique a estimé que le coût de nettoyage de cette catastrophe terrible pourrait s’élever au total à l’équivalent d’environ 660 milliards de dollars américains.

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Et il n’y a pas que l’eau qui pose problème. Sur cette photographie : des milliers de sacs contenant de la terre, des branchages et d’autres déchets radioactifs sont entreposés à Naraha, située à environ 20 kilomètres de la centrale. Crédits : Koji Sasahara/AP

Peu de temps après le tsunami, les employés de la centrale nucléaire de Fukushima ont fait construire des réservoirs de stockage pour contenir l’eau contaminée utilisée pour refroidir les réacteurs. Cependant, ils ont également été confrontés aux eaux souterraines radioactives, qui s’infiltraient dans le sol par le biais de fissures dans les fondations des réacteurs… De ce fait, les équipes de nettoyage doivent faire face à bien plus d’eau contaminée qu’ils ne l’avaient pensé auparavant.

Dans le but de purifier toute cette eau contaminée, les travailleurs ont d’abord utilisé des zéolithes, un matériau volcanique qui s’accroche à un isotope radioactif appelé césium. Puis, en 2013, ils ont filtré l’eau pour extraire le strontium, une autre substance radioactive toxique. Cependant, ces derniers ont eu du mal à filtrer le tritium, un isotope qui se lie facilement à l’eau.

Ensuite, en 2016, le ministère japonais a conclu qu’aucune des méthodes disponibles pour éliminer le tritium ne fonctionnerait sur le site de Fukushima. Suite à cela, Greenpeace a déclaré que le gouvernement avait été dissuadé par le prix de toutes les méthodes envisageables et viables : par exemple, il existe un système, de l’entreprise Kurion, qui aurait coûté environ un milliard de dollars à mettre en place, en ajoutant plusieurs centaines de millions de dollars de frais d’exploitation chaque année.

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L’eau contenant du tritium ne serait pas dangereuse pour l’Homme, d’autant plus que son déversement dans l’océan est une pratique courante en ce qui concerne les centrales nucléaires côtières… Cependant, cela pourrait mettre en danger les espèces marines locales, y compris les poissons, qui constituent une source de revenus pour les personnes vivant à proximité de la centrale.

En 2018, l’exploitant de Fukushima, la Tokyo Electric Power Company (Tepco) a révélé que des isotopes tels que le strontium persistaient dans l’eau, ce qui signifie qu’environ 80% de l’eau déjà traitée de Fukushima possède un niveau toujours fortement supérieur aux normes du gouvernement en matière d’immersion en mer d’eau contaminée de manière radioactive.

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Des résidants d’Ishinomaki rendent hommage aux victimes de la catastrophe. Crédits : Jiji Press/AFP.

À savoir que certains réservoirs possèdent des niveaux de radiation jusqu’à 20’000 fois supérieurs aux normes de sécurité du gouvernement. De ce fait, se débarrasser de cette eau simplement en la déversant dans la mer pourrait lui permettre de se répandre dans l’océan et tout y contaminer. « La mer n’est pas une décharge », a déclaré Jan Hakervamp, expert en énergie nucléaire chez Greenpeace. « La mer est une maison commune pour toutes les personnes et toutes les créatures, et elle doit être protégée », a-t-il ajouté.

Sources : Reuters, Greenpeace

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