Tourisme spatial : une start-up japonaise présente sa capsule stratosphérique

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| Open Universe Project
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La société aérospatiale Iwaya Giken, basée à Sapporo, dans la préfecture d’Hokkaido, vient de présenter son projet de tourisme spatial « sans fusée » : l’Open Universe Project emmènera des passagers dans la stratosphère à bord d’une cabine biplace étanche, qui s’élèvera dans l’espace au moyen d’un énorme ballon d’hélium. De larges fenêtres d’observation offriront aux occupants de la capsule une vue imprenable sur notre planète, pour une expérience mémorable.

Iwaya Giken travaille sur ce concept depuis plus de sept ans. Keisuke Iwaya, le président de l’entreprise, veut rendre le tourisme spatial plus accessible, en proposant des virées dans l’espace à un prix « raisonnable ». Les premiers billets seront vendus au prix de 24 millions de yens chacun (soit 165 000 euros environ) — un tarif qui reste élevé, mais plus abordable que les autres voyages spatiaux proposés actuellement. « J’espère que les voyages spatiaux en ballon seront un jour possibles à un prix de l’ordre de un million de yens [env. 6800 euros] », a-t-il déclaré l’an dernier à Japan Forward.

La capsule spatiale d’environ 1,5 mètre de diamètre est conçue pour résister aux changements de température et de pression atmosphérique. Le ballon en plastique sera rempli d’une quantité suffisante d’hélium pour soulever la capsule et ses passagers jusqu’à une hauteur de 25 kilomètres — ce qui correspond à la stratosphère. Ce n’est pas réellement l’espace, mais l’altitude est suffisante pour observer l’arrondi de la Terre — et potentiellement ressentir, même légèrement, le célèbre « effet de surplomb ». Après avoir observé la Terre et l’espace environnant, la capsule redescendra lentement vers le sol.

Une invitation à rêver, prête à être portée.
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La capsule biplace créée par la start-up japonaise Iwaya Giken. © AP

« Démocratiser » le tourisme spatial

En juin 2018, la société avait réussi à envoyer des poissons tropicaux à une altitude de 28 kilomètres, avant de les ramener sains et saufs sur Terre. En mai 2021, une cabine non habitée a été lancée avec succès à 25 kilomètres d’altitude. Iwaya Giken a effectué son premier test de vol habité à basse altitude (30 mètres) en février 2022. Puis, en juin 2022, c’est un hamster qui a voyagé sans encombre dans la cabine étanche mise au point par la société à une altitude de 23 km.

vol essai basse altitude
Un vol d’essai habité à basse altitude (30 mètres) a été effectué en février 2022, à Soma City, dans la préfecture de Fukushima. © Iwaya Giken

Les premiers vols habités à haute altitude devraient avoir lieu à partir du mois de décembre. Jusqu’au 31 août, les personnes intéressées peuvent candidater sur le site du projet pour obtenir l’un des précieux billets d’embarquement. Une trentaine de personnes seront sélectionnées parmi les candidats ; elles devront ensuite passer un entretien en ligne. Finalement, cinq personnes seront retenues.

La capsule décollera depuis Hokkaido, au nord du Japon. Le voyage devrait durer quatre heures environ : deux heures d’ascension, une heure d’observation, puis une heure de descente. L’atterrissage se fera à proximité du point de départ, mais en mer. Il est prévu que le point d’atterrissage soit calculé à l’avance par simulation informatique, de manière à ce que le personnel puisse accueillir les voyageurs à leur retour.

La société — qui collabore avec la grande agence de voyages japonaise JTB Corporation — propose pour le moment des voyages « en solo », puisque l’un des deux sièges de la cabine biplace est réservé au pilote de l’entreprise. Une cabine pour six personnes est toutefois en cours de développement ; elle pourrait être prête d’ici quatre ans. Si le coût initial de ce voyage est encore relativement élevé, l’utilisation de cabines multiplaces permettrait de réduire les coûts. « Si nous pouvons construire une cabine de 20 passagers, il sera possible d’offrir un voyage spatial au prix de 1 million de yens par personne [soit env. 6800 euros] », estime Keisuke Iwaya.

Plusieurs projets similaires en développement

Outre une réduction significative des coûts, le voyage spatial en ballon stratosphérique présente plusieurs avantages par rapport au lancement traditionnel par fusée. Pour commencer, cette expérience hors normes ne nécessite pas d’entraînement ni d’équipement particulier. Les touristes devront simplement suivre une « formation à la sécurité » avant leur voyage, où ils apprendront par exemple à utiliser un parachute en cas d’urgence.

« Lorsque vous allez dans l’espace en fusée, il faut beaucoup de temps pour préparer le lancement et il y a une lourde charge physique. Avec un ballon, il n’y a pas de charge, et les préparatifs du lancement peuvent être effectués en une heure et demie environ », a expliqué le président de la société à Japan Forward. Les responsables de la compagnie affirment par ailleurs que le ballon peut être réutilisé et que les vols resteront au-dessus du territoire ou de l’espace aérien japonais.

Si Iwaya Giken semble avoir une longueur d’avance, d’autres entreprises, notamment aux États-Unis et en France, travaillent sur le même type de projet. La société américaine Space Perspective a annoncé des vols d’essai sans équipage de sa cabine Neptune au cours de l’année ; petite particularité : l’engin décollera depuis l’océan, à partir d’un navire reconverti en plateforme de lancement, le MS Voyager. Les premiers vols commerciaux pourraient être proposés dès 2024.

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Le projet de véhicule stratosphérique « avec terrasse » imaginé par Stratoflight et Expleo. © Stratoflight/Expleo

La start-up française Zephalto travaille elle aussi sur le voyage en ballon stratosphérique. Sa capsule a une capacité totale de 8 personnes (6 voyageurs et 2 pilotes). La société a déjà réalisé trois vols d’essai avec pilotes à différentes altitudes ; elle travaille actuellement à la mise en production de la capsule pressurisée. À noter aussi l’existence d’un projet quasi similaire, mené par deux autres entreprises françaises, Stratoflight et Expleo : leur capsule spatiale présente l’avantage d’avoir une petite terrasse, sur laquelle les touristes — équipés de combinaisons — pourront profiter de quelques minutes dans le vide. Starflight espère pouvoir réaliser un vol test en 2024 ; les premiers vols commerciaux devraient avoir lieu en 2025.

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