La Terre échappe de peu à un nuage géant de plasma issu de la face cachée du Soleil

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Vue d’artiste d’une éjection de masse coronale (CME) émanant de la surface du Soleil et se dirigeant vers la Terre. Les particules coronales sont déviées principalement autour de la magnétosphère de la planète. | NASA/GSFC/SOHO/ESA
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Le Soleil est animé d’éruptions solaires plus ou moins intenses, pouvant donner naissance aux aurores boréales, mais aussi totalement paralyser les communications sur Terre. Récemment, une éruption sur la face cachée du Soleil a été détectée. Elle serait l’une des plus puissantes que le soleil est capable de produire et serait issue de la tache solaire AR3163. La tempête solaire qui en découle a manqué de peu notre planète.

Rendues visibles par les satellites d’observation du Soleil, les éruptions solaires sont impressionnantes à regarder. Des boucles de matière solaire, appelées plasma, jaillissent de la surface du Soleil et s’étendent jusqu’à 10 fois la taille de la Terre. Les plus grosses peuvent produire autant d’énergie qu’un milliard de bombes à hydrogène.

Il faut savoir que les scientifiques classent les éruptions solaires en fonction de leur force. Les classes d’éruptions solaires incluent A, B, C, M et X, chaque classe étant au moins 10 fois plus puissante que la précédente. Dans chaque classe de lettres, il y a une échelle plus fine allant de 1 à 9. Si une partie de la matière particulaire du Soleil est libérée, on parle d’éjection de masse coronale (CME).

Une invitation à rêver, prête à être portée.

Les paramètres importants utilisés dans l’analyse de ces éruptions sont la taille, la vitesse et la direction. Ces propriétés sont déduites de l’imagerie coronographique des satellites orbitaux, comme l’observatoire solaire et héliosphèrique de la NASA (SOHO), qui porte un coronographe — le coronographe à grand angle et spectrométrique (LASCO). Il est actuellement le principal moyen utilisé par les prévisionnistes pour analyser et catégoriser les CME. Cependant, un autre coronographe se trouve sur le vaisseau spatial STEREO-A de la NASA en tant que source supplémentaire.

Récemment, le 3 janvier, SOHO a repéré et enregistré une éruption solaire très brillante et rapide, qui a émergé du limbe sud-est du soleil, sa face cachée actuellement. Selon les données, les experts estiment qu’il s’agit d’une éjection de masse coronale de classe X, issue de la tache solaire Sunspot AR3163.

Une éruption prévisible ?

Selon la NOAA, Sunspot AR3163 se développe depuis un certain temps et a maintenant généré un champ magnétique de classe delta. Cela signifie que la tache solaire a le potentiel de laisser échapper une éruption solaire de classe X à tout moment. C’est ce qui vient de se produire en ce début d’année.

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Une puissante éjection de masse coronale émanant du Soleil, capturée par l’Observatoire solaire et héliosphérique (SOHO). © NASA/ESA

Rappelons que les taches solaires sont des zones sombres qui deviennent apparentes sur la photosphère du Soleil à la suite d’un flux magnétique intense remontant depuis l’intérieur du Soleil. Elles apparaissent avec une grande variété de formes et peuvent changer continuellement et ne durer que quelques heures à quelques jours — voire des mois pour les groupes les plus intenses. Le nombre total de taches solaires varie avec une répétition d’environ 11 ans. Ce renouvellement correspond au cycle solaire.

Concrètement, le 3 janvier, l’observatoire de la dynamique solaire de la NASA a détecté des ondes de choc provenant de l’explosion enveloppant les deux pôles du soleil. Cela suggère une explosion très puissante de classe X. Le rayonnement de l’éruption a été éclipsé par le bord du soleil, réduisant son intensité d’un à deux ordres de grandeur, de sorte que les satellites en orbite autour de la Terre n’ont détecté qu’un événement de classe C4, selon Spaceweather. La surveillance permanente de notre soleil donne de précieuses indications aux scientifiques pour prévoir autant que faire se peut ce genre de manifestations, en particulier pour la face visible du Soleil.

La Terre épargnée, malgré son passage au périhélie

Si une éruption solaire de classe X frappait la Terre de plein fouet, elle pourrait déclencher des pannes radio et d’électricité généralisées sur le côté de la planète faisant face au Soleil et endommager les satellites en orbite autour de la Terre.

Heureusement, la tache solaire Sunspot AR3163 a tourné de l’autre côté du soleil il y a environ deux semaines, après avoir émis plusieurs CME plus faibles que celle du 3 janvier. Ce mouvement a permis à la Terre d’être épargnée. Spaceweather explique que compte tenu de la puissance potentielle de l’éruption cachée, les experts pensent que la tache solaire a considérablement augmenté depuis qu’elle a disparu de la vue.

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Le 3 janvier 2023, l’imagerie LASCO C2 montre une énorme explosion de l’autre côté du Soleil. Le CME résultant n’est pas orienté vers la Terre. © NASA.

D’ailleurs, cette dernière doit réapparaitre entièrement dans les prochaines heures du côté faisant face à la Terre, alors que notre planète se trouvait au périhélie de sa trajectoire autour du Soleil, le 4 janvier. Il s’agit du point le plus proche du Soleil, du fait de la trajectoire elliptique de la Terre. Les dates de ce périhélie changent chaque année à cause des perturbations gravitationnelles des autres planètes du système solaire.

Une nouvelle tache solaire responsable de plusieurs éruptions à venir

À l’occasion de ce périhélie, la Terre, sans être directement impactée par l’éruption du 3 janvier, a reçu quelques particules coronales provenant d’une plus petite éruption solaire. Elle n’a perturbé que brièvement les communications et les réseaux électriques et produit quelques aurores plus au sud des États-Unis.

Néanmoins, une nouvelle tache solaire fait son apparition du côté visible du Soleil et semble également avoir les capacités de produire d’importantes éjections de masses coronales. D’ailleurs, le 6 janvier 2023, le Solar Dynamics Observatory de la NASA a enregistré une éruption solaire massive à 00h45. L’explosion a brisé un dôme de plasma incandescent qui s’est attardé au-dessus de la tache solaire AR3182 pendant plus d’une heure.

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Le Solar Dynamics Observatory de la NASA a enregistré l’éruption solaire X1.2 le 6 janvier 2023 à 00h45 (heure française). © NASA/SDO/Helioviewer.org

Une impulsion de rayons X et un rayonnement UV extrême provenant de cette éruption ont ionisé le sommet de l’atmosphère terrestre, provoquant une panne radio à ondes courtes dans le Pacifique Sud.

Il convient de rester vigilant quant aux soubresauts que pourrait encore avoir cette immense tache solaire, alors que l’activité solaire doit encore augmenter à l’approche du pic du cycle solaire de 11 ans, prévu en 2025.

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