Le visionnaire milliardaire Elon Musk a dévoilé lundi son intention de lancer une plateforme d’intelligence artificielle baptisée « TruthGPT », qui se positionne en concurrente des offres d’OpenAI, Microsoft et Google. Son objectif principal est d’offrir une alternative visant la « recherche de la vérité maximale », afin de limiter la propagation des fake news et autres dérives, tout en évitant que l’IA ne conduise à la « dégradation de l’humanité ». L’annonce est ambitieuse, mais sera-t-elle suivie d’actions concrètes ?
L’animosité d’Elon Musk à l’égard d’OpenAI, développeur de l’agent conversationnel ChatGPT, est bien connue. Rappelons qu’il a contribué à la création de cette organisation à but non lucratif. Toutefois, en désaccord avec l’évolution des orientations de l’organisation, selon lui, il s’en est éloigné.
Dans une récente interview sur FoxNews, Elon Musk a reproché à OpenAI de former des modèles d’intelligence artificielle (IA) politiquement corrects, qu’il assimile à « une forme de mensonge ». Il a également affirmé qu’OpenAI est devenue une organisation « fermée, à but lucratif et étroitement liée à Microsoft ».
Selon Musk, le logiciel est actuellement programmé par des experts progressistes qui « entraînent le chatbot à mentir ». L’interview suggère que l’IA pourrait être utilisée à des fins politiques, selon sa programmation. De même, l’IA peut diffuser des fake news et biaiser certaines vérités. D’après une étude récente, les réponses humaines aux questions morales peuvent être facilement influencées par les arguments présentés par ChatGPT.
C’est ainsi que le milliardaire a présenté une alternative plus transparente : « Je vais lancer quelque chose que j’appelle TruthGPT, une IA en quête de la vérité maximale qui cherche à comprendre la nature de l’Univers ». Il conçoit son IA comme un correctif pour l’orientation prise par OpenAI. À ses yeux, les considérations financières de cette dernière pourraient potentiellement compromettre l’éthique des modèles d’IA qu’elle développe. Google n’est pas épargné, avec ses annonces douteuses, voire mensongères, sur les capacités de son IA Bard.
D’ailleurs, selon le Financial Times, Musk serait en train de rassembler une équipe de chercheurs et d’ingénieurs spécialisés en IA et discuterait avec plusieurs investisseurs au sujet de sa nouvelle société, X.AI, dédiée à l’intelligence artificielle et créée le 9 mars 2023 au Nevada.
Comprendre la nature de l’Univers pour préserver l’humanité ?
La mention de l’univers dans cette interview rappelle la passion d’Elon Musk pour l’espace, la vie extraterrestre et l’astrophysique. En une dizaine d’années, il a révolutionné l’industrie spatiale grâce à ses innovations en matière de lanceurs réutilisables. Il a également développé la fusée la plus puissante au monde, Starship, en partenariat avec la NASA, et travaille sur des projets de colonisation de la Lune et de Mars.
Il n’est donc pas surprenant qu’il souhaite créer une IA, rivale de Google et d’OpenAI, ayant pour noble mission de comprendre la nature de l’Univers. Ce qui est plus étonnant, c’est qu’il estime que cette fonction supérieure de sa future IA garantirait la sécurité liée à ces technologies.
En effet, Elon Musk déclare lors de l’interview : « TruthGPT pourrait être la meilleure voie vers la sécurité, dans le sens où une IA qui cherche à comprendre l’univers, il est peu probable qu’elle anéantisse les humains car nous sommes une partie intéressante de l’univers ».
Musk a comparé l’absence supposée de désir d’une IA de détruire l’humanité à la façon dont les humains s’efforcent de protéger les chimpanzés, ce qui est assez ironique au vu du traitement réservé par Neuralink à ces animaux. Il explique : « Nous reconnaissons que l’humanité pourrait décider de traquer tous les chimpanzés et de les tuer. Nous sommes en fait heureux qu’ils existent et nous aspirons à protéger leurs habitats ».
Des craintes qui persistent
Au cours de l’entretien, Musk a également réitéré ses préoccupations de longue date concernant le potentiel destructeur de l’intelligence artificielle. Certes, comme mentionné précédemment, une IA mal gérée pourrait avoir un impact négatif sur le résultat des élections. Mais les dangers de l’IA pourraient avoir des conséquences encore plus préjudiciables que de simples élections, selon Musk.
Il souligne : « L’IA est plus dangereuse que, par exemple, une conception ou une maintenance de production d’avions mal gérées ou une mauvaise production de voitures dans le sens où elle a le potentiel, aussi faible soit-il, mais ce n’est pas trivial ; elle a le potentiel de destruction civilisationnelle ».
Lors d’une interview en 2014, le milliardaire avait déjà exprimé des inquiétudes similaires quant à la rapidité avec laquelle l’IA progressait, affirmant que sa fonction utilitaire « pourrait être quelque chose de préjudiciable à l’humanité ». Il a même tweeté, au cours du week-end, qu’il avait utilisé sa seule rencontre avec le président Obama de l’époque pour avertir des dangers entourant les capacités du logiciel et avait appelé à une réglementation.
Plus récemment, il a co-signé une lettre appelant à une pause et à un moratoire sur la réglementation de l’IA. Mais certains estiment que ce n’était qu’un moyen de ralentir ses concurrents afin qu’il rattrape son retard en matière de développement. L’annonce de la création d’une IA dédiée à la recherche de la vérité maximale et à la compréhension de l’Univers éclaire d’un nouveau jour sa demande de moratoire mondial. Le temps nous dira si le PDG de Tesla tiendra ses objectifs et promesses et si une IA sur laquelle nous pouvons baser une grande partie de notre confiance verra effectivement le jour.