Un tiers des personnes âgées de plus de 70 ans sont sexuellement actives

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La croyance populaire fait régulièrement allusion à une diminution voire à un arrêt de l’activité sexuelle avec l’avancée en âge. Les seniors connaissent-ils réellement une baisse de libido ? La fréquence des rapports sexuels a-t-elle vraiment tendance à diminuer dans le temps ? Une équipe de l’Université de Liège s’est penchée sur la question. Après enquête, un tiers des personnes âgées de 70 ans ou plus (en Belgique) ont déclaré être sexuellement actives au cours de l’année écoulée. Cette découverte fait le point entre mythe et réalité concernant la sexualité des seniors.

Biologiquement, l’activité sexuelle peut être maintenue à tous les âges de la vie. Le vieillissement entraîne toutefois une modification de la fréquence des rapports sexuels. Même si pour certains, la sexualité est reléguée au rang des souvenirs, pour d’autres, il s’agit plutôt d’un remaniement à opérer. En effet, le désir reste toujours présent et on peut continuer de faire l’amour très longtemps. À cet âge, la sexualité comporte davantage une dimension émotionnelle et sentimentale. Il est alors question de découvrir de nouvelles modalités lors des moments intimes. L’acceptation des changements est primordiale.

Bien que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) demande que la sexualité soit reconnue comme un aspect du bien-être, aucune étude n’a exploré l’activité sexuelle et la tendresse physique chez les personnes âgées de plus de 75 ans en Belgique ou celles âgées de plus de 85 ans dans le monde. Dans ce contexte, Adina Cismaru-Inescu, de l’Université de Liège en Belgique, et ses collègues, s’intéressent à l’activité sexuelle des personnes âgées et à son lien avec leur bien-être. L’étude est publiée dans The Journal of Sexual Medicine.

Une enquête inédite

Afin de cerner et de comprendre l’activité sexuelle réelle dans cette tranche d’âge, les chercheurs ont mené une enquête auprès de 511 personnes vivant en Belgique, âgées de 70 ans ou plus, dont 200 participants étaient octogénaires et 29 nonagénaires. À l’aide des données d’une étude transversale belge sur la violence sexuelle (UN-MENAMAIS), des informations sur l’activité sexuelle, la sensibilité physique et les caractéristiques associées ont été recueillies lors d’entretiens directs structurés avec des personnes âgées vivant dans la communauté, des résidences-services, ou des maisons de repos. Plusieurs indicateurs ont été pris en compte tels que l’activité sexuelle actuelle et sensibilité physique au cours des 12 derniers mois, les caractéristiques sociodémographiques, l’âge chronologique et l’âge subjectif, le nombre de partenaires sexuels, la satisfaction sexuelle, les attitudes envers la sexualité plus tard dans la vie, et la qualité de vie.

C’est ainsi que les scientifiques ont déterminé que 31% des participants étaient sexuellement actifs au cours de l’année écoulée. Cette activité comprend tout type de pratique sexuelle, allant des rapports vaginaux, à la masturbation, en passant par le sexe oral et anal. Parmi les autres résultats, les scientifiques ont relevé que 47% n’avaient été impliqué que dans des actes de tendresse avec un partenaire, comme des baisers et des câlins.

De plus, l’activité sexuelle était plus fréquente chez les personnes ayant un partenaire et une conception plus permissive de l’acte sexuel et de l’intimité associée. Les personnes relativement plus jeunes que les autres participants, ne souffrant d’aucun handicap étaient également plus susceptibles d’être sexuellement actives.

Enfin, 74% des participants sexuellement actifs étaient satisfaits de leur vie sexuelle. Les scientifiques ont déterminée que 60% étaient également satisfaits de niveau d’intimité et de tendresse partagée avec leur partenaire. Dans l’imaginaire collectif et les normes sociales, nous avons tous la vision de personnes âgées jardinant ou cuisinant, faisant du tricot, etc. Mais nous n’imaginons pas qu’ils puissent avoir une activité sexuelle propre à leur âge.

Un besoin de reconnaissance de la société et d’intimité

Bien que l’OMS demande la reconnaissance de la sexualité comme un facteur de bien être chez les personnes âgées, Adina Cismaru-Inescu et ses collègues, avaient déjà relevé, dans une étude précédente, que les professionnels de santé avaient la même conception erronée de l’intimité des personnes âges, que l’ensemble de la société. Cela est dû en grande partie à un manque d’informations et de formations sur ce sujet précis, ce qui induit une communication et une compréhension difficile entre personnels de santé et personnes âgées. La sexualité s’adapte avec l’âge. Le personnel soignant doit écouter la personne âgée parler de sexualité et en tenir compte. Les chercheurs estiment qu’après 70 ans, l’union sexuelle, pour être satisfaisante, repose sur une dimension essentiellement émotionnelle et sentimentale. Lorsqu’ils sont jeunes, hommes et femmes peuvent trouver leur plaisir dans une sexualité plus mécanique.

Pas de limite d’âge donc pour la sexualité, mais ce n’est pas non plus une obligation. Des problèmes de santé ou l’absence de partenaire peuvent aussi mettre la vie sexuelle sur pause. Certains couples peuvent s’installer également dans l’abstinence, par accord tacite, le quotidien ayant peu à peu remplacé le désir par la tendresse. L’amour prend heureusement de multiples formes.

Source :  The Journal of Sexual Medicine

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