Une étude démontre que les voyages interstellaires changeraient drastiquement le langage

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Des linguistes expliquent dans une nouvelle étude que des voyages interstellaires se déroulant sur plusieurs générations dans le but de coloniser une planète pourraient causer des modifications linguistiques importantes chez les voyageurs, et que cela pourrait avoir des répercussions sociales.

C’est une image que l’on a tous déjà connue : un vaisseau spatial gigantesque comme une métropole avec à l’intérieur une communauté de milliers de personnes, ainsi que de véritables écosystèmes riches en flores et faunes terrestres. Ces vaisseaux autosuffisants assureraient un voyage pendant de multiples générations, jusqu’à une nouvelle planète colonisable se situant à des années-lumière de notre système solaire.

Bien entendu, dans la réalité, nous sommes encore bien loin d’une telle prouesse technologique, au point de nous demander si cela serait véritablement possible.

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Mais la réalisation d’une telle expédition implique également la prise en compte de ses possibles conséquences sur les membres du vaisseau. Le fait que chaque génération se succédant connaisse uniquement un environnement très différent de celui de la Terre (bien que le vaisseau soit conçu pour imiter au maximum son atmosphère) a de fortes chances d’engendrer des modifications physiologiques (bénéfiques ou néfastes) ainsi que des mutations. Mais s’il y a un changement que peu de gens ont imaginé, c’est bien le langage.

Quelques exemples : France et Canada, Paris et Marseille…

Les professeurs Andrew McKenzie de l’Université du Kansas et Jeffrey Punske de l’Université du Sud de l’Illinois, tous deux spécialistes en linguistique, se sont intéressés à l’évolution de la langue dans des communautés isolées les unes des autres, comme ce serait le cas lors de longs voyages interstellaires et/ou après la colonisation d’une nouvelle planète. Selon eux, les changements seraient si importants que le nouveau « dialecte » deviendrait incompréhensible pour les résidents de la Terre.

Il suffit de prendre quelques exemples entre différents pays ou territoires communiquant en français pour se faire une idée de l’influence des deux facteurs que sont la distance et le temps. Entre le nord et le sud de la France, l’on se rend particulièrement compte des variations dans l’accent, et si l’on compare avec des territoires encore plus éloignés comme le Québec, occupé pourtant à sa découverte par des colonisateurs français, les différences sont encore plus significatives.

Imaginez à présent l’impact de ces deux facteurs sur la langue de Molière après un voyage sur Proxima b, la plus proche des exoplanètes considérées comme potentiellement habitables (située à 4.2 années-lumière). En admettant qu’il faille dix générations pour y arriver, on obtiendrait certainement un français méconnaissable.

« Si vous êtes dans ce vaisseau depuis 10 générations, de nouveaux concepts émergeront, de nouveaux problèmes sociaux surgiront, et les gens créeront des façons d’en parler, et ces dernières deviendront le vocabulaire propre au vaisseau. Les gens sur Terre pourraient ne jamais connaître ces mots, à moins qu’il n’y ait une raison de les évoquer », déclare Mckenzie. « Et plus vous vous éloignez, moins vous allez parler aux gens de votre lieu d’origine. Les générations passent et il n’y a personne à qui parler. Il n’y a pas grand-chose que vous voulez leur dire, car ils ne le découvriront que des années plus tard, et vous les entendrez des années plus tard ».

Selon les professeurs, le seul moyen qui pourrait permettre aux habitants de la Terre et de la colonie de se comprendre serait de communiquer par une langue inutilisée qui ne risquerait pas de subir des modifications, comme le latin.

« La connexion avec la Terre diminue avec le temps. Finalement, peut-être, nous arriverons au point où il n’y aura plus de véritables contacts avec la Terre, sauf pour envoyer des mises à jour occasionnelles. Et tant que la langue change sur le vaisseau, puis dans une éventuelle colonie, la question devient : « Devons-nous prendre encore la peine d’apprendre à communiquer avec les gens sur Terre ? » Oui. Donc, si nous avons l’anglais de la Terre et l’anglais du vaisseau, et qu’ils divergent au fil des ans, vous devez apprendre un peu l’anglais de la Terre pour renvoyer des messages ou pour lire les manuels d’instructions et les informations fournies avec le vaisseau », ajoute Mckenzie. « Gardez également à l’esprit que la langue sur Terre va également changer pendant cette période. Il est donc possible qu’ils communiquent comme si nous utilisions le latin, en communiquant avec cette version de la langue que personne n’utilise ».

Sur le même sujet : Si nous voulions coloniser le système stellaire le plus proche, voici le type de vaisseau spatial qu’il nous faudrait !

Cependant, les chercheurs ont également mis en lumière des problèmes pouvant apparaître au sein même des colonisateurs. En effet, la venue subséquente de vaisseaux de colonies sur la nouvelle planète habitée amènera de nouveaux immigrants qui devront faire face à une barrière linguistique si aucune préparation (comme la communication avec la colonie avant leur arrivée) n’a été possible. Une telle situation pourrait mener à des discriminations envers les nouveaux résidents.

Afin de prévenir ou minimiser cette situation, ils recommandent des études plus approfondies sur les changements probables de langue afin que les gens soient préparés à ce qui les attend si des voyages interstellaires ou interplanétaires deviennent réalisables dans un avenir lointain.

« Étant donné la certitude que ces problèmes se poseront dans de tels scénarios et l’incertitude quant à la manière exacte dont ils évolueront, nous suggérons fortement que tout l’équipage présente de forts niveaux de formation métalinguistique en plus de simplement connaître les langues requises. Il sera nécessaire de disposer d’une politique linguistique informée à bord, qui puisse être maintenue sans se référer à la réglementation terrestre ».

Source : Acta Futura

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