Notre urine serait un engrais efficace et plus respectueux de l’environnement

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Face à la pénurie d’eau aggravée par le changement climatique, les scientifiques du monde entier n’ont de cesse de chercher des moyens de la ralentir, en proposant des pratiques plus responsables et plus durables. L’agriculture figure parmi les secteurs les plus en demande de changements de pratiques, autant pour limiter la consommation d’eau que pour fertiliser les parcelles agricoles par des moyens moins nocifs pour l’environnement. Des scientifiques ont alors récemment suggéré d’utiliser de l’urine en tant qu’engrais : une alternative moins polluante pour l’environnement et qui permettrait en même temps des économies considérables en eau. Cependant, malgré le besoin urgent d’alternatives aux engrais conventionnels (d’autant plus accentué par la flambée de leurs prix à cause du conflit en Ukraine), le monde est-il prêt à surpasser les a priori et utiliser de l’urine pour produire de la nourriture ?

Le changement climatique, directement lié et accéléré par plusieurs générations de pratiques irresponsables, a (inévitablement) conduit à une pénurie d’eau, qui se fait sentir toujours un peu plus chaque année. Aux quatre coins de la planète, des milliers de sources d’eau douce se sont très rapidement taries, à cause de facteurs anthropiques, pour laisser place à des millions d’hectares de « nouveaux » déserts.

Parmi ces facteurs anthropiques figurent les pratiques agricoles, où un seul produit peut consommer des millions de litres d’eau. Pour produire un kilogramme de riz par exemple, il faut entre 1600 et 5000 litres d’eau, et entre 900 et 590 litres pour le soja et le blé respectivement. Pour satisfaire ces besoins en eau (pour en aval satisfaire la tendance de surconsommation), l’on en vient jusqu’à détourner le cours des fleuves et des rivières pour y puiser de l’eau jusqu’à parfois les assécher complètement.

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Mais l’agriculture n’est pas la seule impliquée dans l’épuisement des ressources d’eau douce. Les toilettes figurent parmi les plus grandes consommatrices d’eau dans le monde, car des millions de litres d’eau chaque jour y sont rejetés. En France par exemple, 20 litres d’eau potable par jour et par personne sont utilisés rien que pour la chasse d’eau, ce qui représente près de 20% de la consommation de chaque personne en eau potable.

Les conséquences de cette surconsommation d’eau sont déjà visibles un peu partout dans le monde. La baisse du niveau du lac Mead (alimenté par le fleuve Colorado) aux États-Unis, est l’un des exemples les plus frappants. Ce lac est notamment la plus grande réserve artificielle d’eau du pays et subit ces dernières années une baisse historique 40% de sa capacité, à cause de la sécheresse et de la consommation humaine.

Cette pénurie d’eau a conduit à l’avènement de solutions d’économies d’eau comme le recyclage des eaux usées. Les eaux usées recyclées peuvent aussi être réutilisées pour l’agriculture au lieu d’être rejetées, tandis que l’urine peut apparemment servir d’engrais. Toutefois, ce type d’alternative est encore difficile à adopter, pour cause d’a priori, comme la crainte des mauvaises odeurs, de consommer des aliments qui en soient issus, ou tout simplement par peur de se salir. Pourtant, l’urine n’est généralement pas un vecteur important de maladies (contrairement aux selles) et n’aurait besoin que de peu de traitements pour être utilisée. Sinon, il est aussi possible de la pasteuriser.

L’urine : de l’engrais sain, naturel et à portée de main

Pour bien pousser, les plantes ont besoin d’azote, de phosphates et de potassium. Ces trois éléments clés sont alors artificiellement rajoutés dans les engrais chimiques pour fertiliser les terres agricoles. La plupart des agriculteurs utilisent donc des engrais NPK (azote-phosphates-potasses) pour augmenter au maximum leur rendement agricole. Or, la production et l’utilisation excessive de ces engrais contribuent à une grande partie des émissions de gaz à effet de serre dans le monde et polluent les nappes phréatiques et les cours d’eau.

Des recherches de l’Institut Rich Earth aux États-Unis ont alors montré que l’urine humaine pouvait fournir naturellement du NPK, car elle contient environ 80% de l’azote présent dans les eaux usées et plus de la moitié des phosphates. La plupart des nutriments que l’on absorbe par le biais de notre alimentation sont notamment excrétés en majorité dans nos urines, qui, rejetées dans les cours d’eau, représentent « une des principales sources de pollution par des substances nutritives », explique Julia Cavicchi, chercheuse à l’Institut Rich Earth. Détourner intelligemment ces nutriments au bénéfice de l’agriculture pourrait alors remplacer efficacement les engrais NPK chimiques. De plus, l’eau contenue dans les urines pourrait aussi être utilisée pour arroser les cultures.

Mais pour pouvoir appliquer cette alternative, il faudrait encore repenser entièrement les systèmes de tuyauterie urbains, afin de pouvoir collecter efficacement l’urine ou l’urée. Les aménagements non reliés aux égouts sont ainsi les plus aptes à adopter la solution. D’un autre côté, les chercheurs de l’Institut Rich Earth sont actuellement en train de développer des solutions techniques pour faciliter le transport et l’épandage de l’engrais à base d’urine, pour que ce soit le moins coûteux possible pour les agriculteurs.

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