Dans un article publié dans The Conversation, Grant Wilson, un enseignant à l’Université de Sheffield, explique la progression de l’énergie éolienne dans son pays : la Grande-Bretagne génère à présent deux fois plus d’électricité grâce à l’éolien qu’avec le charbon. Il y a seulement six ans, plus de 40% de l’électricité britannique provenait du charbon. Aujourd’hui, ce chiffre n’est que de 7%.
En effet, le déclin du charbon a été constant et rapide entre 2012 et 2016. Ce dernier a progressivement été remplacé par le gaz naturel. Mais 2017 a clairement été l’année de la croissance de l’électricité éolienne : le vent a fourni 15% de l’électricité en Grande-Bretagne, contre 10% en 2016 (l’Irlande du Nord n’entre pas en compte ici car elle partage son système d’approvisionnement électrique avec la république d’Irlande).
Cette augmentation, résultant à la fois de l’augmentation du nombre de parcs éoliens et d’une année plus venteuse, a contribué à réduire davantage l’utilisation du charbon et également à mettre fin à la hausse de la production de gaz naturel.
Arborez un message climatique percutant 🌍
En octobre 2017, la combinaison de l’énergie éolienne, solaire et hydro-électrique a généré un quart de l’électricité britannique sur l’ensemble du mois, un véritable record aidé par l’ouragan Ophelia et la tempête Brian. Au total, la production éolienne britannique a augmenté de 14 térawatt-heures entre 2016 et 2017. Soit suffisamment pour alimenter 4,5 millions de foyers. Pour vous donner une idée de l’échelle, cette augmentation est à elle seule supérieure à la production annuelle prévue de l’un des deux nouveaux réacteurs nucléaires en construction à Hinkley Point C.
Non seulement les parcs éoliens connaissent une croissance rapide, mais ils deviennent également beaucoup moins coûteux, rendant l’énergie éolienne nettement plus compétitive que le nucléaire : 57,50 £ par mégawatt-heure (MWh) contre 92,50 £/MWh pour le nucléaire.
Il faut également noter que la demande globale d’électricité a également poursuivi sa tendance à la baisse (tendance qui dure à présent depuis 12 ans). Une plus grande partie de l’électricité incorporée dans les produits et services utilisés en Grande-Bretagne est maintenant importée plutôt que produite directement « localement » et les mesures d’efficacité énergétique signifient que le pays peut faire plus, avec moins. En effet, la Grande-Bretagne a utilisé à peu près autant d’électricité en 2017 qu’en 1987, malgré la croissance démographique considérable.
Il est certain qu’à un moment donné, cette tendance s’inversera, car les véhicules électriques et les pompes à chaleur deviennent plus courants et aussi car l’électricité remplace en partie les combustibles liquides pour le transport, et le gaz naturel pour le chauffage. L’un des principaux défis que cela implique est de savoir comment s’adapter à une plus grande variation saisonnière et quotidienne du système électrique, sans avoir recours aux avantages des combustibles fossiles, qui peuvent être stockés à peu de frais jusqu’à leur utilisation.
L’électricité produite en Grande-Bretagne est à présent plus propre que jamais : le charbon et le gaz naturel combinés, ont produit moins de la moitié du total généré. En 2017, le réseau électrique britannique a réussi à se retrouver complètement « sans charbon » durant 613 heures, contre 200 heures en 2016. Cette situation serait totalement impensable dans de nombreux pays dont l’Allemagne, l’Inde, la Chine et les États-Unis, qui dépendent encore fortement du charbon tout au long de l’année.
Cependant, le faible niveau de production de charbon en 2017 masque son importance continue durant les heures de pointe. En effet, pendant les 10 principales heures où la demande d’électricité est la plus forte, le charbon fournissait le sixième de l’électricité britannique. Quand cela compte le plus, nous dépendons plus du charbon que du nucléaire, et plus que la production combinée de l’éolien, le solaire et l’hydraulique. Un stockage d’énergie supplémentaire pourrait aider l’énergie éolienne et solaire à répondre à cette demande de pointe, avec une certitude accrue.
En 2018, la production éolienne ne devrait pas diminuer par rapport à ses niveaux actuels, bien au contraire. Il en va de même pour l’énergie solaire et l’hydroélectricité. Il est donc inévitable qu’une autre étape importante soit franchie cette année : lorsque, pendant plusieurs heures, l’énergie éolienne, solaire et hydroélectrique fourniront pour la toute première fois plus de la moitié de la production d’électricité de la Grande-Bretagne.