Une étude révèle que les enfants proches de leurs parents dès les premières années de leur vie ont une meilleure santé mentale et sont plus sociables en grandissant. Plus exactement, dès l’âge de 3 ans, ceux qui bénéficient de liens affectueux de qualité avec leurs parents présentent ultérieurement moins des problèmes de santé mentale et montrent davantage de comportements prosociaux, tels que la gentillesse et l’empathie. Ces résultats soulignent le besoin de politiques ciblées de soutien psychologique pour les familles en difficulté.
Les deux dernières décennies ont enregistré une importante augmentation de la prévalence des troubles de santé mentale chez les enfants et les adolescents. Les symptômes ont tendance à apparaître au cours des périodes de développement clés telles que la puberté et seraient liés au niveau ultérieur de prosocialité. Il s’agit d’un ensemble de comportements volontaires destinés à bénéficier aux autres, tels que la générosité, la gentillesse et l’empathie.
D’un autre côté, les facteurs familiaux influencent le développement psychologique et sont ainsi déterminants dans l’apparition des problèmes de santé mentale, chez les enfants et les adolescents. Des études ont révélé que les relations parents-enfants sont d’importants prédicteurs de la psychopathologie des enfants et de leur prosocialité. Cependant, la plupart de ces recherches n’ont pas examiné en profondeur le rôle que la qualité de ces liens pourrait potentiellement jouer.
Dans le but de combler cette lacune, une nouvelle étude dirigée par l’Université de Cambridge explore trois types d’interactions parents-enfants : la maltraitance (verbale ou physique), les conflits (querelles, désaccords, relations conflictuelles) et la proximité (tolérance, bienveillance et communication, etc.). La manière dont la santé mentale et les comportements prosociaux deviennent des caractéristiques fixes ou fluctuent avec le temps en fonction de différentes circonstances a également été examinée. Dans ce sens, 4 périodes de transition majeures ont été considérées, allant de la petite enfance à la fin de l’adolescence.
Risque d’isolement social : accentué par le conflit parental
D’après le rapport publié dans la revue International Journal of Behavioral Development, l’étude a porté sur 10 700 participants nés au Royaume-Uni entre 2000 et 2002. Des informations concernant leurs niveaux de prosocialité et leur santé mentale internalisée (dépression, anxiété, …) et externalisée (agressivité, hyperactivité, …), ont été collectées. Différentes variables telles que l’origine ethnique et le statut socio-économique ont été analysées.
Les relevés ont été effectués à 5 (petite enfance), 7 (enfance), 11 (début de l’adolescence), 14 (milieu de l’adolescence) et 17 ans (fin de l’adolescence), afin d’obtenir un aperçu complet de la dynamique temporelle de chaque caractéristique. La technique de modélisation utilisée a permis d’évaluer dans quelle mesure les symptômes de santé mentale et les inclinations prosociales correspondent à des traits de personnalité fixes à chaque étape du développement. Il s’agit par exemple de déterminer si un enfant qui se comportait de manière anxieuse lors de l’enquête réagissait simplement à une expérience inconfortable ou s’il était naturellement anxieux.
Dans un premier temps, les analyses ont révélé un lien évident entre les problèmes de santé mentale et la prosocialité. Par exemple, les enfants de 7 ans présentant des symptômes d’externalisation plus élevés que la moyenne montraient nettement moins de prosocialité que la normale à 11 ans. Cependant, l’effet inverse ne semble pas valable. Même si les enfants plus prosociaux bénéficient généralement d’une meilleure santé mentale, cela ne signifie pas nécessairement qu’elle est maintenue à mesure qu’ils grandissent.
« Notre analyse a montré qu’après un certain âge, nous avons tendance à être mentalement en bonne santé ou malades, et à avoir un niveau de résilience raisonnablement fixe. La prosocialité varie avec le temps, selon notre environnement », explique l’auteur principal de l’étude, Ioannis Katsantonis, de l’Université de Cambridge.
Dans un deuxième temps, les chercheurs ont constaté que les enfants entretenant des relations étroites et affectueuses avec leurs parents dès l’âge de 3 ans étaient à la fois plus prosociaux et avaient une meilleure santé mentale au cours de l’adolescence. Inversement, ceux subissant de la maltraitance ou vivant des relations conflictuelles avec leurs parents, étaient moins susceptibles de développer des comportements prosociaux en grandissant et avaient plus de risques de développer des troubles mentaux.
Ces résultats soulignent l’importance de cultiver de bonnes relations avec les enfants dès leur plus jeune âge, ne serait-ce qu’en leur consacrant du temps. « Certains auront peut-être besoin d’aide pour apprendre à le faire, mais nous ne devons pas sous-estimer l’importance de simplement leur donner du temps », indique Katsantonis. En effet, la proximité ne peut se développer qu’avec le temps, ce qui peut être difficile pour les parents vivant des situations stressantes. L’expert suggère de renforcer les politiques ciblées d’accompagnement et de soutien parentaux et d’intégrer les valeurs prosociales au sein des programmes scolaires, au lieu des interventions ponctuelles habituelles qui ne montrent que peu d’efficacité.