Alcool : découverte d’une hormone qui dissipe la gueule de bois

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Il y a quelques années, les scientifiques ont découvert qu’une hormone appelée FGF21 régule un grand nombre de processus métaboliques dans notre organisme. De ce fait, elle est aujourd’hui largement ciblée en pharmacologie pour le traitement de différentes pathologies métaboliques telles que le diabète et l’obésité. Dans une nouvelle étude parue dans Cell Metabolism, des chercheurs ont découvert que la FGF21 stimule l’éveil suite à une intoxication à l’alcool et inverse ce que l’on appelle la « gueule de bois ». Toutefois, elle ne réduirait pas l’alcoolémie et ne constitue nullement un encouragement à la consommation d’alcool, tiennent à souligner les auteurs de l’étude.

La consommation excessive d’alcool est un important facteur étiologique, augmentant l’incidence de plus de 200 maladies et traumatismes différents. Ainsi, elle cause plus de 3 millions de décès par an dans le monde. Les scientifiques cherchent depuis longtemps des moyens efficaces d’inverser l’intoxication à l’alcool, les solutions existantes consistant notamment à éliminer l’alcool non digéré.

Et étant donné que le foie met en moyenne une heure pour éliminer 0,15 à 0,25 g d’alcool par litre de sang, « déssoûler » prend du temps… Pour tenter de retrouver plus rapidement la sobriété, certains consomment divers stimulants comme le café. Mais récemment, des chercheurs de l’Institut médical de l’UT Southwestern au Texas, ont peut-être trouvé un meilleur moyen pour inverser rapidement l’état d’ivresse. « FGF21 pourrait éventuellement prévenir certaines conséquences négatives pour les personnes les plus affectées par l’alcool », explique Steven Kliewer, professeur de biologie moléculaire et de pharmacologie à l’UT Southwestern et coauteur principal de la nouvelle étude.

Cependant, « nous ne voulons pas envoyer le message qu’il n’y a rien de mal à se saouler sous prétexte qu’un médicament peut annuler les effets », souligne l’expert dans un communiqué. Le traitement serait plutôt proposé aux patients dont l’état relève d’une urgence, ou pour aider les personnes souffrant d’addiction.

Une hormone qui inhibe l’envie de consommer de l’alcool

Pour tester les effets de l’hormone, les chercheurs de la nouvelle étude ont administré de l’alcool à des souris jusqu’à les rendre inconscientes, en imitant le degré d’ivresse observé après une soirée « bien arrosée ». Après avoir reçu de la FGF21 par injection, les souris ont pu rapidement reprendre conscience et tenir debout. Celles n’ayant pas reçu l’hormone ont mis environ trois heures à recouvrer la sobriété, tandis que celles traitées ont nécessité deux fois moins de temps. En donnant de plus petites quantités d’alcool, se rapprochant de la consommation humaine typique, aux souris (c’est-à-dire de quoi affecter leur coordination, mais pas au point de les rendre inconscientes), elles ont également recouvré beaucoup plus rapidement leur coordination.

De plus, les chercheurs ont également découvert que l’hormone décourageait les souris de consommer de l’alcool tout en encourageant leur consommation d’eau afin de prévenir la déshydratation — couramment observée après une intoxication à l’alcool. Par ailleurs, les souris génétiquement modifiées pour ne pas produire l’hormone nécessitaient plus de temps pour dégriser après une intoxication alcoolique aiguë.

Un mode d’action spécifique au cerveau

Des recherches antérieures ont suggéré que FGF21 protégeait contre les lésions hépatiques liées à l’alcool. Des études ont notamment démontré que cette hormone contribue à la régulation du stress physiologique lié par exemple à la dénutrition, à l’excès de nutriments, au déficit autophagique, à l’exposition au froid, etc. Elle serait ainsi impliquée dans le maintien de l’homéostasie énergétique lorsque l’organisme est soumis à des conditions de stress métaboliques et environnementales. De ce fait, elle est ciblée dans le cadre de traitements contre les maladies métaboliques telles que l’obésité (en régulant par exemple l’appétence au sucre) et le diabète (en modulant l’insulinorésistance).

Il est cependant important de noter que l’hormone n’affecterait pas le métabolisme de l’alcool, car l’alcoolémie des souris est restée la même avec ou sans le traitement lors des expériences. Les chercheurs pensent alors qu’elle agit uniquement au niveau cérébral, en stimulant les récepteurs noradrénergiques. Elle agirait ainsi sur l’état d’ivresse en favorisant l’éveil. « Nous avons longtemps cherché des agents qui pourraient inverser l’ivresse, et maintenant nous avons découvert quelque chose pour obtenir cet effet », déclare David Mangelsdorf, président et professeur de pharmacologie et de biochimie à l’UT Southwestern et également coauteur principal de la nouvelle étude.

Par ailleurs, les scientifiques ont également testé les effets de l’hormone sur des souris chez lesquelles ont été administrées d’autres substances à effet sédatif, mais cela a été sans effet. Ce résultat montre donc que l’hormone agit spécifiquement sur l’intoxication à l’alcool. Dans les essais cliniques impliquant le diabète, la perte de poids et la stéatose hépatique non alcoolique, l’hormone a montré un bon profil d’innocuité.

Source : Cell Metabolism

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