Alimentation des chiens : fait maison ou croquettes ?

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Le nombre d’animaux de compagnie ne fait qu’augmenter depuis les vingt dernières années, et pour la grande majorité des propriétaires, ils sont considérés comme un membre de la famille. Il est donc primordial pour eux d’être sûrs de la nourriture qu’ils leur donnent. Les courants de mode, tout comme ceux des humains, tendent à développer de nombreux régimes annexes aux traditionnelles croquettes — qui pourtant ne contiennent que rarement des produits de qualité. Alors quelle est la meilleure formule pour maintenir en forme et en santé notre animal de compagnie ?

Tout au long de l’histoire, les humains se sont associés aux chiens de diverses manières, y compris pour la protection, le contrôle des rongeurs, la chasse et la compagnie. Les régimes alimentaires des chiens sont passés, à la suite de la domestication, de la chasse et de la récupération, à des régimes formulés pour leurs besoins nutritionnels spécifiques. Les changements dans les régimes alimentaires humains par le développement des pratiques agricoles ont favorisé ce changement.

Dans tous les pays développés, la population d’animaux de compagnie a progressivement augmenté au cours des vingt dernières années, en particulier dans les grands centres urbains. La population canine en France était évaluée à 7,6 millions en 2018 avec une augmentation de 4% par rapport à 2016. En 2022, ce chiffre était de 8 millions, plaçant la France dans le top 3 des pays européens avec le plus d’animaux de compagnie. De plus, la France est le premier producteur d’aliments pour animaux de compagnie (près de 2 millions de tonnes) en Europe, devant l’Allemagne et le Royaume-Uni, selon le site du gouvernement.

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L’anthropomorphisme envers les chiens a entraîné la préférence des propriétaires pour les aliments contenant des ingrédients qu’ils trouvent dans leur propre alimentation et peu transformés, afin de maintenir leur intégrité nutritionnelle et garantir la sécurité alimentaire. Les tendances actuelles de l’alimentation humaine dans les régions développées du monde incluent davantage de fruits et légumes frais et de grains entiers.

Ce paradigme a abouti à l’émergence du secteur des aliments naturels pour animaux de compagnie, alors que l’industrie de l’alimentation pour animaux multiplie les recherches avec des recettes répondant presque à chaque problème de santé que nos animaux peuvent rencontrer, mais aussi à leur âge. Quelle est la meilleure formulation pour prendre soin de nos animaux ?

Focus sur le régime naturel pour nos animaux

Le terme « naturel », lorsqu’il est utilisé pour commercialiser des aliments ou ingrédients pour animaux de compagnie, exige au minimum que les aliments soient conservés avec des produits naturels.

Cependant, les propriétaires d’animaux peuvent considérer le naturel comme quelque chose de différent de la définition réglementaire. La tendance des aliments naturels pour animaux de compagnie s’est concentrée sur l’inclusion d’ingrédients entiers, y compris les viandes, les fruits et les légumes ; éviter les ingrédients perçus comme fortement transformés, y compris les céréales raffinées, les sources de fibre et les sous-produits ; et l’alimentation selon les philosophies nutritionnelles ancestrales ou instinctives.

Les preuves scientifiques actuelles à l’appui des avantages nutritionnels des produits alimentaires naturels pour animaux de compagnie se limitent aux évaluations des profils de macronutriments alimentaires, au fractionnement des ingrédients et au traitement des ingrédients et du produit final.

Néanmoins, l’inclusion d’ingrédients alimentaires entiers dans les aliments naturels pour animaux de compagnie, par opposition aux ingrédients fractionnés, peut entraîner des concentrations plus élevées de nutriments, y compris des phyto-nutriments.

De plus, la transformation des aliments commerciaux pour animaux de compagnie peut avoir un impact sur la digestibilité, la biodisponibilité des nutriments, et la sécurité, qui sont des considérations particulièrement importantes avec les nouveaux formats de produits dans la catégorie des aliments naturels pour animaux de compagnie. Des recherches complémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre l’effet des régimes alimentaires naturels sur les résultats en matière de santé et de nutrition, et pour mieux intégrer les pratiques durables dans la production d’aliments naturels pour animaux de compagnie.

Du sur-mesure dans la gamelle : stratagèmes commerciaux ou réelle opportunité pour nos animaux ?

L’offre en alimentation animale est divisée. On trouve ainsi en France des produits « premium » (ou « supra premium »), des friandises, des aliments complémentaires et des produits ciblés en fonction de la race de l’animal, de son âge, de sa taille, de son état physiologique (gestation, stérilisation, vieillesse, maladie, etc.) ou encore de son mode de vie (sédentaire, reproductrice, etc.) ou de ses besoins nutritionnels spécifiques.

Compte tenu de la grande production d’aliments industriels standardisés, via des marques nationales ou trouvés exclusivement chez le vétérinaire, certaines petites sociétés se sont spécialisées dans la fabrication à la demande, répondant à des exigences particulières. Elles promettent des aliments sur mesure, élaborés spécifiquement pour un animal unique. Mais comme pour l’alimentation humaine, l’étiquetage est un biais de forte suggestivité incitant les propriétaires à privilégier tels ou tels aliment sur la base des allégations des étiquettes.

On peut néanmoins lire sur le site du gouvernement : « La réglementation a créé la catégorie des aliments dits ‘diététiques’, qui visent un objectif nutritionnel particulier (équivalent des allégations nutritionnelles et de santé en alimentation humaine). Ces aliments pour animaux peuvent contenir des additifs en quantité plus élevée que les aliments normaux et mentionner sur leur étiquetage un objectif nutritionnel particulier figurant à l’annexe de la directive 2008/38/CE[3] comme une régulation de l’apport de glucose (lutte contre le diabète) ou une réduction d’excès pondéral. Pour cela, ils doivent respecter les dispositions répertoriées dans la directive telles que la composition, les espèces visées, les autres mentions d’étiquetage, etc. ».

Comme mentionné précédemment, le terme naturel n’a aucune définition universelle. Sans compter que ce n’est pas la même chose que « biologique ». Ce dernier terme fait référence aux conditions dans lesquelles les plantes ont été cultivées ou les animaux ont été élevés. Il n’y a pas de règles officielles régissant l’étiquetage des aliments biologiques pour animaux de compagnie à l’heure actuelle, laissant des zones floues pour les propriétaires.

Nouveaux régimes

Avec la dynamique actuelle de la recherche des aliments plus sains pour nos animaux, à l’image de notre quête d’alimentation plus respectueuse de la nature, plusieurs régimes ont vu le jour.

En premier lieu, citons le régime holistique, qui se définit comme « relatif ou concerné par des ensembles ou des systèmes complets plutôt que par l’analyse, le traitement ou la dissection en parties ». Essentiellement, cela signifie considérer les besoins de l’animal dans son ensemble, et pas seulement certains systèmes ou aspects particuliers des besoins nutritionnels. Cependant, aucune définition du terme n’a été acceptée par l’industrie des aliments pour animaux de compagnie, et il n’existe actuellement aucune réglementation ou définition légale pour l’étiquetage d’un aliment « holistique », ce qui permet une fausse représentation du terme et de ses implications sur les avantages…

En second lieu, le régime s’appuyant sur des aliments biologiques. Cela fait référence à la façon dont les ingrédients sont cultivés, récoltés et transformés, afin, notamment, de promouvoir la protection de l’environnement et de maintenir la biodiversité.

Les aliments pour animaux de compagnie peuvent être étiquetés comme biologiques s’ils sont conformes à une série de règles strictes : « Les matières premières utilisées ainsi que le fabricant doivent être certifiés par un organisme de certification biologique ; la recette et le label doivent être certifiés par le même organisme ; l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, y compris le centre de distribution, doit avoir une certification biologique ».

De plus, selon les normes européennes : « 95% de la matière sèche du produit et 100% des ingrédients agricoles doivent être certifiés biologiques. Certains ingrédients non biologiques peuvent être utilisés, mais uniquement s’ils figurent sur la liste positive du règlement de l’Union européenne. Des additifs tels que des vitamines peuvent également être utilisés pour fabriquer un produit complet dans la mesure où ils figurent également sur la liste positive du règlement de l’Union européenne ».

En troisième lieu, nous pouvons citer le régime sans céréales. Toute nourriture pour dépourvue de blé, maïs, riz et autres céréales est considérée comme « sans céréales ». Cependant, les chiens ont toujours besoin de glucides pour produire de l’énergie. Ainsi, les aliments pour chiens dits sans céréales incluent des sources alternatives de glucides comme les pommes de terre et la farine de pois, qui peuvent engendrer des problèmes de prise de poids involontaire.

Ces aliments peuvent néanmoins présenter certains avantages pour certains chiens. Mais comme l’explique le Dr Venator : « Il existe un mythe qui n’est pas soutenu par la médecine vétérinaire selon lequel les céréales provoquent des allergies. Ce n’est pas le cas. La réalité est que les véritables allergies alimentaires sont extrêmement faibles chez les chiens, et les substances incriminées ne sont généralement pas des céréales. Les allergies aux céréales chez les chiens sont si rares, en fait, qu’elles affectent moins d’un pour cent des chiens. Ils sont plus susceptibles d’avoir une allergie aux protéines comme le bœuf ou le poulet ».

Enfin, le régime BARF, ou Raw en anglais (Biologically Appropriate Raw Foods/Os et Raw Foods), est censé imiter ce que les chiens mangent « dans la nature ». Ils consistent généralement en des combinaisons variables de viandes crues, de céréales, de légumes et d’os. Comme pour les régimes sans céréales, il n’y a aucune preuve scientifique que l’alimentation d’un régime cru par rapport à un régime conventionnel est plus bénéfique pour la santé d’un animal.

Cependant, il existe de nombreuses preuves que ce n’est pas le cas. Sans compter que ces régimes ont également suscité la controverse en raison de leur risque accru de contamination microbienne. L’exposition des animaux de compagnie et de leurs propriétaires à des bactéries dangereuses peut entraîner des maladies graves.

Un nettoyage soigneux de toutes les surfaces de manipulation des aliments doit être pratiqué pour empêcher la dissémination des microbes d’aliments contaminés vers les humains et les animaux domestiques. Il existe également un risque de problèmes gastro-intestinaux et/ou de lésions osseuses dans l’alimentation, et la possibilité d’une alimentation crue déséquilibrée entraînant des carences nutritionnelles et entraînant directement des maladies. Il est alors recommandé que ces régimes soient soigneusement sélectionnés et étudiés avant utilisation, et uniquement par des propriétaires à l’aise avec les procédures de manipulation sûres des aliments crus.

Alimentation sans céréales : des risques d’arrêt cardiaque chez les chiens ?

Dans un communiqué, la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis, agissant sur la base des commentaires d’un groupe de chercheurs vétérinaires, explique avoir commencé, en 2018, à analyser si la popularité croissante des aliments pour chiens sans céréales avait entraîné une augmentation soudaine d’une maladie cardiaque potentiellement mortelle chez les chiens, la cardiomyopathie dilatée.

Quatre ans plus tard, la FDA n’a trouvé aucun lien solide entre l’alimentation et cette pathologie, mais elle n’a pas non plus rejeté un tel lien, et les recherches se poursuivent. La publicité entourant ce problème a néanmoins réduit le marché autrefois prometteur des aliments pour chiens sans céréales.

En outre, un réseau enchevêtré de financements et d’intérêts de l’industrie semble avoir influencé l’origine, la collecte de données et le déroulement de l’étude de la FDA, selon les dossiers internes de la FDA.

Une enquête de six mois, menée par 100Reporters, a révélé que les vétérinaires qui ont incité la FDA à envisager un régime alimentaire ont des liens financiers et autres avec les principaux vendeurs d’aliments pour animaux de compagnie contenant des céréales. De plus, les dossiers de l’agence montrent que pour l’étude initiale, certains vétérinaires ont été chargés de ne soumettre que des cas de cardiomyopathie dilatée impliquant des aliments pour animaux de compagnie sans céréales. Les fournisseurs d’ingrédients utilisés dans les aliments pour chiens sans céréales ont également exercé des pressions sur la FDA pour protéger leur marché.

Une carence en taurine serait responsable de cet accroissement de cas de cardiomyopathie. Il faut savoir que la taurine est un acide aminé nécessaire au développement et au fonctionnement des cellules cardiaques et musculaires. Il joue également un rôle important dans les fonctions oculaires, cérébrales et immunitaires. Les chiens peuvent fabriquer leur propre taurine à partir d’autres acides aminés issus de protéines animales.

Or, un régime sans céréales contient des pois, des lentilles et des légumineuses, tous riches en protéines végétales. Cela signifie que les aliments pour animaux de compagnie sans céréales peuvent lésiner sur les protéines animales, coûteuses, et utiliser de plus grandes quantités de protéines végétales (bon marché) à leur place. Et parce que les protéines végétales sont dépourvues de taurine, les aliments pour chiens sans céréales pourraient être déficients en taurine.

Alors, comment choisir ?

Choisir une alimentation pour son animal de compagnie peut finalement sembler intimidant, avec tant de choix et tant d’opinions différentes sur les régimes. Selon l’école vétérinaire de l’Université d’Ohio, il faut que le régime réponde à plusieurs critères essentiels : une alimentation appropriée, satisfaisante et économique. Approprié signifie adapté à l’espèce, au stade de vie et à l’activité de l’animal. Satisfaisant signifie un régime qui est : (1) complet — contient tous les nutriments nécessaires ; (2) équilibré — tous les nutriments sont présents dans les bonnes proportions ; (3) appétissant — sera consommé en quantité suffisante pour maintenir l’animal dans un état corporel modéré ; (4) digeste — peut être absorbé par le corps de l’animal pour être utilisé ; et (5) sûr — est exempt de carences, d’excès, de toxines, etc.

Finalement, les croquettes du commerce contiennent des éléments nutritionnels en trop grande quantité et donc nuisibles à long terme pour la santé des animaux. C’est pourquoi la décision de se tourner vers les régimes BARF est populaire. Pendant des décennies, des preuves ont donné du poids à l’argument selon lequel un régime à base de viande crue est bénéfique pour la santé métabolique des chiens, mais il reste encore beaucoup à prouver scientifiquement. Néanmoins, après l’affaire des régimes sans céréales et la mainmise des vétérinaires sur les recherches et conclusions des enquêtes, il semble plus judicieux de prendre en charge soi-même la préparation des repas de ses animaux.

Rappelons que sur la base des véritables régimes BARF (équilibrés) — c’est-à-dire ceux ne prônant pas le « tout cru » et le « 100% viande » —, les bienfaits nutritionnels sont réels, car le propriétaire peut s’assurer de la qualité des aliments et donc ne pas surcharger la ration de son animal en nutriments inutiles, dont les glucides.

Un régime carné avec de la viande un peu cuite, et notamment de la viande blanche, peut être une très bonne alternative. Un tel régime doit également contenir des abats, des œufs, des os, en alternance, mais aussi des produits laitiers (fromages blancs), des légumes, des légumineuses, de l’huile. Un accompagnement est recommandé pour y adjoindre d’éventuels compléments alimentaires, selon l’animal. Bien entendu, l’aide d’un professionnel est donc fortement recommandée pour la conception d’un régime approprié à l’animal.

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