Un capitaine pris d’assaut pour la 2e fois par des orques évoque une amélioration notable de leur stratégie

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Enflammant une fois de plus la toile, un capitaine et son yacht ont été pris d’assaut une seconde fois par le même groupe d’orques (Orcinus orca), dans le détroit de Gibraltar. Ayant eu la rare occasion de les observer deux fois à l’œuvre, le marin a évoqué un perfectionnement de leur « stratégie d’attaque ». L’ampleur du phénomène inquiète toujours plus les autorités et les écologistes.

Dan Kriz, un capitaine de bateau travaillant pour Reliance Yacht Management, était en pleine livraison d’un yacht dans le détroit de Gibraltar (au large des côtes espagnoles) lorsqu’il fut soudainement encerclé par un groupe de huit orques. Quand le bateau était sur le point de traverser des lignes maritimes et de virer vers les îles Canaries, les orques se sont mis à le bousculer et à le secouer violemment pendant près d’une heure.

Le marin a affirmé qu’il s’agissait du même groupe qui l’avait pris en embuscade en 2020 et qui avait fait la une des journaux. « Nous avons eu l’impression d’avoir été durement touchés par une vague, mais avec le deuxième coup, nous avons réalisé que la même situation de 2020 se produisait. Ma première réaction a été : s’il vous plaît ! Pas encore ! », raconte-t-il. Ayant eu l’occasion unique d’interagir deux fois avec les mêmes orques, le capitaine aurait aperçu une forme de perfectionnement dans leur stratégie d’attaque.

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Une stratégie « de chasse » améliorée

Les orques sont des animaux extrêmement intelligents, réputés pour édifier des stratégies de groupe complexes pour la chasse et les jeux. Selon Kriz, il y aurait eu une différence notable entre la première et la seconde attaque, suggérant que leur stratégie a été perfectionnée. La première fois, le capitaine et son équipe les auraient entendus communiquer sous le bateau et mener l’embuscade de manière plus ou moins désordonnée.

En revanche, lors de la deuxième attaque, elles étaient silencieuses. Chaque membre du groupe avait l’air de savoir exactement ce qu’il avait à faire, car non seulement l’attaque semblait être plus ciblée, mais elle semblait également plus efficace. Les orques étaient plus coordonnées et ont rapidement endommagé les deux gouvernails du bateau. Mis à part les gouvernails, elles ne s’intéressaient à rien d’autre.

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Dan Kriz avec en arrière plan l’aileron de l’une des orques poursuivant le bateau. © Catamaran Guru/Dan Kriz

Pendant l’attaque, le capitaine a demandé à son équipe de garder son calme et de ne pas essayer d’interagir avec les animaux, en attendant qu’elles partent. Après 15 minutes d’acharnement, les orques se sont retirées une à une. Mais peu de temps après le redémarrage de l’un des moteurs, une des femelles a recommencé à poursuivre le bateau. Non sans surprise, l’équipage a constaté que cette dernière avait en fait « oublié » de s’occuper d’un morceau de fibre de verre arraché du gouvernail, et qu’elle voulait juste finir le travail en l’attrapant dans sa gueule pour le réduire en morceaux. Seulement après cette dernière action, le groupe s’est complètement retiré.

Une inquiétude grandissante

Nombre d’hypothèses ont été émises pour expliquer ce comportement inhabituel et toujours plus fréquent chez les orques du détroit. La première concerne une orque matriarche qui aurait été gravement blessée par un bateau et qui aurait propagé son comportement défensif parmi d’autres orques. D’autres en revanche, soutiennent davantage un comportement ludique, les marins ayant rapporté que les assauts ne semblaient montrer aucun signe d’agressivité. Les gouvernails ressemblant notamment à des ailerons, les animaux commencent à s’éloigner du bateau dès qu’il n’y en a plus. Ainsi, seuls les bateaux sont ciblés et non leurs passagers.

De leur côté, les scientifiques estiment que le comportement des orques s’explique par la remontée massive du thon rouge — l’une de leurs proies favorites — dans la zone. Elles ne feraient ainsi que défendre leur territoire en tentant d’évincer de potentiels rivaux (les bateaux). Toutefois, il n’y a « pas d’explication définitive », indique le biologiste marin Renaud Stephanis, président de l’association Circe (Conservation, Information et Etude des Cétacés).

Cependant, le phénomène devient si fréquent que certains capitaines et équipages se seraient mis à embarquer des armes pour attaquer les cétacés. Les interactions ont considérablement pris de l’ampleur depuis 2020 et seraient particulièrement nombreuses entre Cadix (Espagne) et Tanger (Maroc). Si quelques marins tels que Kriz pensent qu’il ne faut pas blesser les orques, d’autres pourraient réagir différemment et penser qu’il faut s’en défendre.

L’augmentation des interactions inquiète donc autant les autorités et les écologistes, car elles représentent à la fois un danger pour l’Homme et pour les orques, qui d’ailleurs sont sur la liste rouge des espèces menacées. Pour l’heure, les autorités espagnoles œuvrent avec les scientifiques pour élaborer un programme écologique destiné à limiter les interactions des orques avec les bateaux naviguant au large de la péninsule ibérique. Suffira-t-il de jeter du sable dans la mer pour les éloigner des gouvernails, tel que le propose une association de bateliers britannique ?

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