Les châtiments corporels nuiraient au développement des compétences sociales des enfants

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Beaucoup de parents dans le monde, même en étant contre la violence, considèrent les châtiments corporels (parfois) nécessaires pour l’éducation comportementale de leurs enfants. Cependant, les organismes de protection de l’enfance ont tendance à voir cette forme de punition d’un mauvais œil. Malgré la grande variabilité des formes et de gravité, des études psychologiques soutiennent que toute forme de châtiment corporel durant l’enfance nuit au développement des compétences sociales. L’une d’elles, parue dans la revue Science Direct, présente des preuves supplémentaires des impacts négatifs sur le comportement des enfants. Ceux ayant subi des punitions corporelles, même rarement, auraient un comportement d’extériorisation plus élevé, ainsi qu’une maîtrise de soi et des compétences interpersonnelles plus faibles.

Beaucoup de parents ont eu parfois recours au châtiment corporel, pour tenter de corriger les défauts comportementaux de leurs enfants. Certains psychologues estiment que ce recours au châtiment corporel serait un signe d’exaspération, du côté des parents. Même si ces derniers se considèrent comme étant « contre la violence », ils jugent parfois nécessaire de punir leurs enfants physiquement.

La fessée, ou tout autre châtiment corporel, serait ainsi en quelque sorte une forme de « violence tolérée ». Aux États-Unis par exemple, la fessée est l’une des pratiques « éducatives » les plus utilisées pour la petite enfance. L’âge auquel cette forme de punition serait la plus utilisée se situe entre 3 et 4 ans. La pratique serait plus rare pour les nourrissons et les jeunes enfants de plus de 5 ans.

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« Bien que nous nous opposions à la violence, nous pensons que la fessée est en quelque sorte éducative pour les enfants. De nombreux parents croient que la fessée réduira les mauvais comportements et élèvera le bon caractère chez les enfants », explique Jeehye Kang, chercheuse au département de sociologie et de justice pénale à l’Université d’Old Dominion (États-Unis), et auteure de la nouvelle étude sur les impacts des châtiments corporels sur les enfants. À noter que dans cette étude, le terme « fessée » regroupe les châtiments corporels en général, quelle que soit la zone du corps concernée.

Bien que l’objectif des parents soit de nature éducative, des recherches scientifiques ont suggéré que les châtiments corporels produisaient l’effet contraire. C’est-à-dire qu’au lieu de « canaliser » les comportements impulsifs de l’enfant, ces punitions induisent davantage des comportements agressifs, altèrent les capacités de contrôle de soi et l’attachement parent-enfant. En grandissant, les enfants ayant reçu au moins une fois un châtiment corporel étant petits développeraient moins d’aptitudes sociales que ceux n’en ayant jamais reçu.

Ces conséquences des châtiments corporels sur le comportement infantile sont probablement basées sur la théorie de l’apprentissage social. Cette dernière suppose notamment que pour les enfants recevant cette forme de punition, la violence est une solution acceptable pour résoudre leurs différents interpersonnels. Autrement dit, ces enfants, en grandissant, risquent de tout simplement suivre « l’exemple » de leurs parents, en utilisant la violence ou l’agressivité dans certaines situations de vie.

D’un autre côté, il est également important de considérer que de nombreux facteurs sont non seulement liés à l’utilisation du châtiment corporel par les parents, mais aussi aux compétences sociales des enfants. Ces facteurs sont par exemple les caractères spécifiques des enfants, l’âge des parents, leur statut socio-économique et les facteurs culturels, etc.

La chercheuse de la nouvelle étude, Jeehye Kang, a effectué une analyse globale tenant ces variables en compte, afin d’évaluer les impacts de la fessée sur les enfants. D’après l’experte, l’étude permettrait de fournir de nouvelles données pour les services de protection de l’enfance. Ces résultats permettraient aussi d’aider les jeunes parents à orienter leurs décisions sur la meilleure manière d’éduquer de leurs enfants.

Même peu fréquents, les châtiments corporels ont des impacts négatifs

L’étude s’est basée sur des analyses longitudinales de données concernant des enfants américains. Ces derniers, âgés de 5 à 7 ans, ont été suivis de la maternelle jusqu’à l’école primaire. Les données collectées incluent des évaluations de la compétence sociale et interpersonnelle des enfants, et de leur maîtrise de soi.

Des relevés de la fréquence des fessées ont également été effectués (d’après les rapports des parents), selon qu’elles aient été données à différents moments au cours de la vie de l’enfant ou récemment (au cours de la semaine précédant les évaluations). Afin d’éviter le facteur de variabilité que peut constituer une fessée excessive, les enfants ayant reçu plus d’une fois un châtiment corporel la semaine précédant l’évaluation ont été exclus de l’analyse.

Les résultats des sondages ont révélé que 61% des enfants avaient déjà subi des châtiments corporels au moins une fois dans leur vie, et 28% en avaient subi récemment, au cours de la semaine précédant l’évaluation. La chercheuse a également constaté que le premier groupe d’enfants montrait des comportements d’extériorisation plus élevés que la moyenne, à 6 et 7 ans. La maîtrise de soi et les compétences interpersonnelles étant les plus faibles à l’âge de 6 ans.

Ces résultats démontrent que même en étant peu fréquents, les châtiments corporels engendrent des impacts négatifs significatifs sur le comportement des enfants. Alors que certains parents croient que la fessée peut avoir un effet dissuasif sur les comportements antisociaux des enfants, l’étude montre qu’elle est au contraire contre-productive dans le développement des compétences prosociales.

Toutefois, l’étude reste relativement limitée, dans la mesure où elle ne tient pas compte d’importantes variables, telles que le soutien social dont pourraient bénéficier les parents, les indices de violence communautaire, le type de fessée (où et comment est-elle administrée ? avec ou sans objet ?), la gravité de l’action à punir, etc. De plus, seule l’utilisation du châtiment corporel par un seul des parents a été mesurée. « En d’autres termes, l’impact réel de la fessée pourrait être encore plus important », conclut Kang.

Source : Science Direct

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