Un chauffeur de bus tabassé jusqu’à un état de mort cérébrale pour avoir ordonné à des passagers de porter un masque

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| Twitter/Département des Pyrénées-Atlantiques
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Dans la soirée du 5 juillet, à Bayonne, un chauffeur de Tram’bus a été passé à tabac par un groupe de passagers, lorsqu’il aurait exigé d’eux de porter un masque. La victime, âgée de 59 ans, a été grièvement blessée à la tête. Pour avoir tenu à faire respecter ainsi les gestes barrières, il est aujourd’hui en état de mort cérébrale.

Rappelons que dans l’Hexagone, le port du masque est obligatoire dans les transports en commun depuis le 11 mai. Le contrevenant s’expose à une amende de 135 euros. Pour la sécurité de tous, il était hors de question d’accepter des passagers non masqués à bord du véhicule.

Roué de coups pour faire respecter les règles

L’enquête a été confiée au commissariat de Bayonne. Les motifs exacts de l’agression restent à éclaircir. Selon les premiers éléments, le drame s’est déroulé sur un quai de Tram’bus : le chauffeur aurait refusé à un homme non masqué, accompagné d’un chien (non attaché et non muselé, selon une source proche de l’enquête), de monter dans le bus ; par la même occasion, il aurait demandé à quatre passagers non masqués (et sans titre de transport) déjà à bord de descendre du véhicule. C’est là que les événements ont pris une toute autre tournure…

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Le conducteur a été trouvé inconscient à l’arrivée des secours et a été transporté au centre hospitalier de la Côte basque de Bayonne, dans un état très grave. Parmi les agresseurs présumés, un homme d’une trentaine d’années – interpellé dès dimanche soir – accompagné des quatre autres individus, tous placés en garde à vue lundi. Ils sont connus des services de police et de justice. Celui qui est suspecté d’avoir porté le coup fatal n’a que 22 ans. « Ce sont des personnes qui vivent en marge de la société, qui s’alcoolisent régulièrement et se droguent pour certains », explique Olivier Lahet, secrétaire départemental adjoint SCP FO 84.

Dès lundi matin, les conducteurs du réseau Chronoplus, très affectés par le drame, ont fait valoir leur droit de retrait et refusent de reprendre leur travail avant les obsèques de leur collègue Philippe. Une décision soutenue par le maire de Bayonne, Jean-René Etchegaray : « Nous avons assisté à un acte particulièrement violent et barbare ». « S’ils veulent stopper les transports jusqu’aux obsèques de Philippe, on peut le comprendre et on s’associe à cette revendication légitime », ajoute Claude Olive, maire de la ville d’Anglet, également desservie par le réseau. Les riverains sont, quant à eux, sous le choc.

Les collègues de la victime sont évidemment choqués et en colère, mais pas étonnés. Selon eux, les tensions avec les usagers sont quotidiennes et le manque de sécurité sur les lignes se fait sentir. Si les incivilités et les agressions dans les transports en commun sont malheureusement monnaie courante, notamment dans les grandes agglomérations, les nouvelles règles sociales inhérentes au contexte sanitaire semblent envenimer la situation…

Individualisme quand tu nous tiens…

Cet événement dramatique en dit long sur la mentalité de certaines personnes face à une crise mondiale qui demande l’implication de tous. Le port du masque et le respect des distanciations sociales sont de mise. Mais les témoignages de tensions affluent depuis le déconfinement. Une rapide recherche parmi les faits-divers met en exergue le fait que tout le monde n’est pas disposé à faire les efforts qui s’imposent, générant un peu partout des altercations plus ou moins violentes :

  • Strasbourg, 19 mai : un marché hebdomadaire a été le théâtre de deux incidents ; une femme non masquée s’est sentie agressée au point de porter plainte lorsqu’une personne chargée de veiller au respect des gestes barrières lui a demandé de quitter les lieux (le port du masque est obligatoire sur les marchés strasbourgeois) ; une autre rapporte qu’elle a dû s’écarter d’une personne âgée, sans masque, qui s’est approchée d’elle : la vieille dame s’est sentie insultée par ce geste et l’aurait agressée verbalement en retour.
  • Courbevoie, fin mai : dans une boucherie qui n’avait mis en place aucun dispositif pour faire respecter la distanciation sociale, une femme est agressée physiquement par un autre client à qui elle avait aimablement demandé de s’écarter d’elle.
  • Agde, fin juin : cinq vacanciers, âgés de 18 et 19 ans, ont été écroués pour des violences en réunion, après avoir agressé deux employés d’un McDonald’s qui refusaient qu’ils entrent sans masques ; l’examen médical des deux victimes a conduit à une incapacité totale de travail de 5 jours.

Le phénomène ne concerne évidemment pas que la France :

  • Los Angeles, début mai : deux frères, âgés d’une trentaine d’années, qui refusaient de porter un masque dans un magasin Target, ont violemment attaqué un gardien de sécurité et lui ont cassé un bras.
  • Bruxelles, mi-juin : François Dvorak, photoreporter dont la grand-mère venait de décéder du COVID-19, s’est fait violemment agressé pour avoir demandé à deux passagers de respecter le port obligatoire du masque dans le métro bruxellois. « Je suis reporter humanitaire, j’ai fait la révolution égyptienne, je suis allé en Syrie, il m’est arrivé d’avoir quelques petits bobos, mais la plus grosse cicatrice que je vais avoir dans mon métier de reporter, c’est en Belgique dans un tram », rapporte le photographe.

Et ce n’est là qu’un petit échantillon des incidents liés à nos nouvelles règles de vie. Commerçants, conducteurs et hôtes de caisse, tout comme les clients et les usagers, tous subissent fréquemment l’incivilité – pour ne pas dire la bêtise – d’une proportion d’individus qui ne semblent pas avoir saisi l’importance du respect de la distanciation sociale et du port du masque.

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Nombre d’hospitalisations pour COVID-19 en France, au 7 juillet 2020. Le pays compte aujourd’hui plus de 168’000 cas confirmés et près de 30’000 décès liés au coronavirus. Si les mesures barrières continuent d’être ignorées cet été, le bilan pourrait rapidement s’alourdir avec l’apparition d’une seconde vague dès la rentrée. Crédits : Gouvernement français

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Malgré la découverte de nouveaux foyers de contamination, la pandémie semble être sous contrôle en France. Toutefois, plusieurs médecins s’inquiètent du laisser-aller ambiant, de l’abandon pur et simple des mesures barrière par une grande partie de la population, et craignent l’arrivée d’une nouvelle vague dès la rentrée. Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, craint quant à lui une seconde vague dès cet été : « En France, nous sommes d’un grand laxisme, […] on traite le virus avec mépris, on se fera rattraper ».

Source : AFP

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