Des chèvres génétiquement modifiées produisent une molécule anticancéreuse dans leur lait

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| EARL Elgarrekin
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Dans le cadre du traitement contre certains types de cancers, la solution thérapeutique adoptée combine la chimiothérapie/radiothérapie avec l’usage d’anticorps monoclonaux ; le but de ces derniers étant de bloquer des récepteurs spécifiques exprimés à la surface de diverses cellules tumorales. C’est notamment le cas de la combinaison chimiothérapie-cétuximab dans le traitement du cancer colo-rectal. Cependant, la production d’anticorps monoclonaux nécessite actuellement des procédés complexes extrêmement coûteux. Récemment, des chercheurs ont montré qu’il était possible de modifier génétiquement des chèvres afin qu’elles produisent du cétuximab dans leur lait. Une méthode qui permettrait une production de masse à moindre coût. 

Les chèvres peuvent être génétiquement modifiées pour produire une molécule commune contre le cancer dans leur lait, ce qui pourrait réduire ses coûts de production. Beaucoup de nouveaux médicaments à succès utilisés comme traitements contre le cancer sont plus chers que les médicaments plus anciens, car ce sont des protéines complexes appelées anticorps monoclonaux, qui sont compliquées à fabriquer.

Le cétuximab, un médicament contre le cancer de l’intestin, est par exemple produit par des cellules de souris qui ont été génétiquement modifiées pour fabriquer un anticorps monoclonal spécifique. Ce processus de fabrication coûteux signifie que le médicament, vendu sous le nom d’Erbitux, coûte environ 3330 euros par mois pour un seul patient au Royaume-Uni.

Des chèvres génétiquement modifiées pour produire du cétuximab

Une équipe dirigée par Goetz Laible au AgResearch, un institut de recherche gouvernemental en Nouvelle-Zélande, a voulu savoir si elle pouvait fabriquer du cétuximab à des volumes plus élevés et à moindre coût en modifiant génétiquement des chèvres afin qu’elles produisent les anticorps dans leur lait. L’étude a été publiée sur le serveur de pré-publication bioRxiv en attente de peer-review.

Tout d’abord, les chercheurs ont inséré des gènes dans des embryons de chèvre qui portaient des instructions sur la façon de fabriquer le cétuximab dans les glandes mammaires. Des embryons ont été implantés dans les chèvres et leur progéniture génétiquement modifiée est née cinq mois plus tard.

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Le cétuximab est un anticorps monoclonal bloquant les récepteurs au facteur de croissance épidermique (EGFR) exprimé à la surface de certaines cellules cancéreuses. En bloquant l’EGFR, le cétuximab empêche sa dimérisation et inhibe donc en amont le processus de transcription des cellules cancéreuses. Crédits : Acthera

La progéniture était composée uniquement de femelles, et une fois qu’elles ont commencé à allaiter, elles ont pu produire environ 10 grammes de cétuximab dans chaque litre de lait. Étant donné que les chèvres produisent environ 800 litres de lait chaque année, cela signifie que chacune pourrait fabriquer plusieurs kilogrammes de cétuximab en un an.

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Un nouveau procédé pour une production de masse à faible coût

« Il est beaucoup plus économique de fabriquer du cetuximab chez les animaux, car leurs glandes mammaires peuvent produire de grandes quantités de protéines », explique Laible. La modification génétique ne semble pas affecter la santé des chèvres. Les chèvres produisant plusieurs kilogrammes de cétuximab en un an représenteraient une « excellente productivité », selon Stephen Mahler de l’Université du Queensland.

Le même processus pourrait potentiellement être utilisé pour fabriquer d’autres médicaments à base d’anticorps monoclonaux. Cependant, l’un des défis consistera à garantir que les médicaments dérivés du lait animal ont le même standard et la même pureté que ceux produits par les cellules en laboratoire. Laible et ses collègues espèrent maintenant tester le cétuximab dérivé des chèvres chez des patients pour confirmer qu’il est aussi sûr et efficace que le produit d’origine. S’il est approuvé pour un usage humain, cela pourrait rendre le médicament moins cher et plus accessible.

Sources : bioRxiv

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