Une étude révèle comment bien nourrir son chiot pour préserver sa santé gastro-intestinale

La majorité des propriétaires nourrissent mal leur chien...

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Comme pour les humains, l’alimentation des jeunes chiens peut influencer leur état de santé future, et en particulier leur santé intestinale. Une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’Université d’Helsinki explore l’impact de différents régimes alimentaires canins sur la santé de l’animal. Il ressort de cette recherche que les aliments à base d’hydrates de carbone ultra-transformés (de type croquettes) sont particulièrement délétères.

Dans les pays à revenu intermédiaire et élevé, les chiens et les humains souffrent des mêmes maladies non transmissibles, y compris de troubles gastro-intestinaux inflammatoires chroniques. « Les entéropathies chroniques (EC) canines et les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) humaines partagent de nombreuses similitudes », notent les chercheurs dans Scientific Reports. En dehors de la prédisposition génétique, ces troubles sont généralement causés par un microbiote peu diversifié et un régime alimentaire incluant de grandes quantités d’aliments transformés. Ils sont également associés à de faibles niveaux de certains nutriments, tels que la vitamine D.

Il est aujourd’hui avéré que le régime alimentaire joue un rôle clé dans la santé intestinale, en influençant le microbiote, le fonctionnement de la barrière intestinale et l’immunité de l’hôte (humain ou chien). Les scientifiques disposent cependant de peu d’informations sur le rôle de l’alimentation au début de la vie dans l’apparition de troubles gastro-intestinaux inflammatoires à un âge plus avancé, en particulier chez les chiens. Une équipe de chercheurs s’est donc intéressée à la question : ils ont exploré les associations entre le type d’alimentation des chiots et l’incidence des EC plus tard dans la vie.

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Un régime à base de viande non transformée a un effet protecteur

Les symptômes de l’EC canine comprennent des vomissements persistants et/ou récurrents, des diarrhées, des gaz intestinaux, une diminution de l’appétit, des douleurs abdominales et/ou une perte de poids, qui durent plus de trois semaines. Ces symptômes peuvent apparaître à un jeune âge ou à l’âge adulte. Ils ont des répercussions graves et stressantes sur le chien, mais aussi sur son propriétaire (qui s’inquiète forcément pour son animal, dont les soins occasionnent des coûts parfois élevés). Une meilleure compréhension des choix alimentaires et des composants alimentaires qui présentent un risque peut aider à prévenir la maladie.

Pour mener leur étude, les chercheurs se sont appuyés sur les données recueillies via le projet DogRisk — un projet initié en 2009 par la faculté de médecine vétérinaire de l’Université d’Helsinki, qui regroupe des recherches sur les associations entre l’alimentation des chiens et leurs maladies. Ces données ont été obtenues à l’aide d’un questionnaire en ligne de fréquence alimentaire ; ce dernier comprend des questions sur la fréquence à laquelle sont donnés différents types d’aliments, à différents stades de la vie (chiot, jeune chien et adulte), ainsi que sur l’état de santé des chiens.

« Une grande partie des affections gastro-intestinales chroniques peuvent être traitées par le régime alimentaire. C’est pourquoi nous avons voulu étudier le lien entre l’alimentation des chiots et des jeunes chiens et l’incidence des entéropathies chroniques plus tard dans la vie », explique dans un communiqué Anna Hielm-Björkman, cheffe du groupe de recherche DogRisk.

Au total, les données retenues concernaient plus de 4600 chiots (âgés de 2 à 6 mois) et plus de 3900 jeunes chiens (âgés de 6 à 18 mois). La prévalence des symptômes d’EC rapportés par les propriétaires était de 21,7% chez les chiots et de 17,8% chez les jeunes chiens.

Les résultats de l’analyse montrent qu’une alimentation à base de viande non transformée et le fait de donner au chien des restes de repas humains alors qu’il est encore chiot et jusqu’à ses 18 mois, avaient des vertus protectrices contre l’EC. Les aliments non transformés englobaient la viande et les abats crus, mais aussi des légumes, du poisson et des œufs crus. L’équipe note en particulier que nourrir un chiot avec des os et du cartilage crus, ainsi qu’avec des baies (des myrtilles ou des airelles par exemple, qui sont régulièrement consommées par les Finlandais) était associé à une incidence plus faible de l’EC.

Une relation de cause à effet qui reste à éclaircir

En revanche, les chercheurs ont constaté qu’une alimentation essentiellement ou exclusivement composée d’hydrates de carbone (glucides) ultra-transformés — autrement dit, les aliments secs de type croquettes — donnée aux chiots et aux jeunes chiens, de même que les aliments en cuir brut (de la peau d’animal séchée dont sont faits certains os à mâcher par exemple) constitue un important facteur de risque d’EC. « Ces deux régimes diffèrent essentiellement par leur degré de transformation et le rapport des macronutriments protéines/lipides/glucides », soulignent les chercheurs, qui précisent qu’ils ne se sont pas livrés à un comparatif des marques dans cette étude.

À noter qu’une alimentation « faite maison », à base d’aliments non transformés, mais cuits, n’a pas montré d’effet protecteur significatif sur l’EC. Cela suggère que seule l’absence totale de transformation des ingrédients est bénéfique ; la cuisson d’aliments contenant des glucides et des protéines provoquent des réactions de Maillard, dont les produits finaux, caractérisés par une glycation (une réaction chimique résultant de la fixation des sucres sur les protéines) avancée, sont immunomodulateurs et pourraient augmenter la prévalence d’états inflammatoires chroniques dans l’intestin, explique l’équipe.

Il n’a pas été possible de déterminer ici les raisons pour lesquelles les peaux crues et les croquettes augmentaient le risque de développer la maladie. « L’étude ne fait que suggérer une association. Pour découvrir les mécanismes détaillés et confirmer la relation de cause à effet, il faudrait des études d’intervention sur le régime alimentaire. Nous sommes en train de les réaliser », précise Kristiina Vuori, première auteure de l’étude.

En attendant, les chercheurs invitent les propriétaires de chien à s’informer sur les méthodes de fabrication de ces aliments directement auprès des fournisseurs. Ils peuvent également changer dès maintenant leurs habitudes et influencer la santé intestinale de leur chien en lui proposant davantage d’aliments frais et non transformés. « Seules les protéines et les lipides sont indispensables au chien, il n’a pas d’exigences alimentaires en glucides », rappellent les spécialistes. À noter également que les légumes et les racines sont de bonnes sources de fibres et de phytonutriments et contiennent une variété de microbes bénéfiques pour la santé intestinale du chien.

Source : K. Vuori et al., Scientific Reports

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