Coronavirus : chute extrême du prix du pétrole américain, négatif pour la première fois de l’histoire

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La réserve de pétrole d'Inglewood, à Los Angeles, le 20 avril 2020. | Etienne Laurent/EPA/MAXPP
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Hier, lundi 20 avril 2020, le prix du baril de West Texas Intermediate (WTI) s’est effondré, pour s’échanger à -37,63 dollars sur les marchés à terme dans la soirée. Actuellement, les cours subissent de plein fouet l’effondrement de la demande et la saturation des capacités de stockage, à cause de la crise provoquée par la pandémie mondiale du nouveau coronavirus.

Du jamais vu. De toutes les fluctuations sans précédent des marchés financiers depuis le début de la pandémie du nouveau coronavirus, aucune n’a été aussi extrême que l’effondrement de ce lundi, dans un segment clé du commerce pétrolier américain.

En effet, les cours du pétrole coté à New York se sont effondrés hier. Sur les marchés à terme, le brut américain a perdu près de 300% dans la soirée, passant en territoire négatif, soit à -37,63 dollars. Il s’agit de la plus forte baisse en séance jamais enregistrée par Bloomberg, dont les données remontent à 1983.

Il faut savoir que le pétrole, comme de nombreuses marchandises, peut s’acheter « comptant» (pour des livraisons immédiates), ou « à terme ». « On se met d’accord sur un prix aujourd’hui pour une livraison à une date ultérieure », explique Joakim Hannisdahl, analyste chez Cleaves Securities. « C’est la première fois de l’histoire qu’on a un cours négatif pour des livraisons du mois suivant. C’est extraordinaire », a ajouté l’analyste.

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Le baril de 159 litres de pétrole brut coté à New York, qui s’échangeait encore à 60 dollars en début d’année et à 18,27 dollars vendredi soir, a finalement terminé à -37,63 dollars après une chute extrême. Du jamais vu sur le marché pétrolier. Crédits : David McNew/AFP

Avec la pandémie de COVID-19 qui stoppe l’économie, il y a tellement de pétrole qui est inutilisé, que les sociétés énergétiques américaines n’ont plus de place pour le stocker (il s’agit donc là d’un facteur technique). Et s’il n’y a pas de place pour stocker le pétrole, personne ne veut d’un contrat brut qui est sur le point d’arriver (l’expiration des contrats pour la livraison de mai, c’est aujourd’hui, mardi 21 avril 2020).

À présent, l’or noir subit de plein fouet l’effondrement de la demande, en raison des mesures de confinement pour endiguer la propagation du coronavirus. Selon les premières estimations d’experts, la consommation de pétrole brut a chuté de 20 millions de barils par jour (mb/j) pour les plus pessimistes. À noter qu’avant la pandémie, le marché tournait autour des 100 mb/j.

« Il n’y a pas grand-chose qui empêche le marché [du pétrole] de se diriger vers le bas à court terme », a déclaré Michael Tran, directeur général de la stratégie énergétique mondiale chez RBC Capital Markets. « Les raffineurs rejettent les barils à un rythme historique et avec les niveaux de stockage aux États-Unis qui sont insuffisants, les forces du marché infligeront encore plus de dégâts jusqu’à ce que nous touchions le fond, ou que le COVID-19 disparaisse. Mais nous toucherons surement le fond avant que cela n’arrive », a-t-il ajouté.

De nombreuses fluctuations à venir ?

Ce matin, le cours du baril de pétrole américain était repassé en positif sur les marchés asiatiques. Cependant, en raison de la saturation des stocks et de l’effondrement de la demande, le cours du baril a replongé : à 10h (heure française), le prix du baril pour la livraison en mai était repassé en territoire négatif, soit à -4,72$. Les experts s’attendent donc encore à voir de nombreuses fluctuations de ce type.

Des « fermetures » de puits, voire des faillites à prévoir ?

La situation dans laquelle nous nous trouvons est inédite. À présent, comme les barils pour livraison le mois prochain perdent leur valeur, les investisseurs souhaitent s’en délester et n’ont à présent d’autre choix que de mettre la main à la poche pour trouver preneur. « Des acteurs de taille moyenne payent les ‘acheteurs’ pour écouler leurs volumes de pétrole, la limite physique de stockage étant sur le point d’être atteinte. Et ils payent cher ! », explique Louis Dickson de Rystad Energy. Pour le spécialiste, cela signifie que « des fermetures de puits, voire des faillites, pourraient revenir moins chères à certains producteurs que de payer des dizaines de millions de dollars pour se débarrasser de ce qu’ils produisent ».

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En revanche, ceux qui préfèrent (et surtout qui ont les moyens de vendre plus tard en stockant leur pétrole), misent sur le fait que les cours auront remonté d’ici là. Ces derniers espèrent et estiment que la consommation mondiale de brut et de produits raffinés redémarrera en même temps que l’activité économique.

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Face à la crise de surproduction, les pétroliers se servent des tankers pour faire du « stockage flottant » de l’or noir. Crédits : Le Parisien

Une vision plus optimiste pour les mois prochains ?

À noter que cette situation incertaine se traduit par un phénomène de « contango » (ou de report), où le prix d’un contrat à terme augmente à mesure que l’échéance est éloignée dans le temps. Ainsi, lundi, le contrat de WTI pour livraison en juillet a fini à 26,28 dollars et celui pour livraison en août à 28,51 dollars.

Bien que les contrats pour le mois de mai aient connu une journée noire, ceux pour le mois de juin ont mieux résisté, n’abandonnant « que » 18%, pour terminer à environ 20$. De son côté, le baril de Brent (en Europe, coté à Londres) reste orienté à la baisse (-0,6%) à 25,41 dollars.

Tandis que de nombreux pays se préparent à un déconfinement progressif, les marchés misent sur un rebond de la demande.

Source : Bloomberg

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