COVID-19 : les enfants peuvent eux aussi subir des effets à long terme de la maladie

covid-19 longue durée enfants
| unsplash
⇧ [VIDÉO]   Vous pourriez aussi aimer ce contenu partenaire

Selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, la majorité des enfants (de 1 à 18 ans) développent très peu, voire aucun symptôme lorsqu’ils sont infectés par le coronavirus. Cependant, une tendance inquiétante commence à émerger : un grand nombre d’enfants atteints de COVID-19, avec ou sans symptômes, subissent des effets à long terme de la maladie, plusieurs mois après l’infection initiale.

Depuis le début de la pandémie, les enfants semblent relativement épargnés par les formes graves de COVID-19. Mais il apparaît aujourd’hui que de plus en plus d’enfants souffrent de « COVID long », une forme de la maladie à laquelle les chercheurs associent aujourd’hui près d’une centaine de symptômes ! Certains politiciens britanniques qualifient ce manque de reconnaissance du problème de « scandale national ».

Une étude récente a révélé que 13,3% des adultes atteints de COVID-19 ont des symptômes pendant plus de 28 jours. Mais la plupart des recherches de ce type sont basées sur des malades adultes. Il y a moins d’informations disponibles sur les moins de 18 ans, en partie parce qu’il faut plus de temps pour obtenir l’approbation éthique pour étudier les enfants, précise Natalie Lambert de l’école de médecine de l’Université de l’Indiana.

14,5% des 12-16 ans ont des symptômes 5 semaines après leur infection

Les symptômes d’une forme longue de COVID-19 incluaient au départ de la fatigue, des douleurs musculaires et articulaires, des maux de tête, de l’insomnie, des problèmes respiratoires et des palpitations cardiaques. Depuis, plusieurs autres symptômes se sont ajoutés à la liste, notamment des problèmes gastro-intestinaux, des nausées, des étourdissements, des convulsions, des hallucinations et des douleurs testiculaires. Cette forme de longue durée est plus susceptible de survenir avec l’augmentation de l’âge et de l’IMC, et s’avère plus fréquente chez les femmes que chez les hommes, bien que l’on ne sache pas pourquoi. De même, ressentir plus de cinq symptômes au cours de la première semaine suivant l’infection est associé à une plus grande probabilité de développer des symptômes plus tard.

Une étude préliminaire, menée auprès de 129 enfants italiens, suivis à l’hôpital universitaire Gemelli de Rome entre mars et novembre 2020, a permis d’obtenir les premières données sur les formes longues de COVID-19 chez l’enfant. Les résultats de cette étude révèlent que plus de la moitié des enfants âgés de 6 à 16 ans ayant contracté la COVID-19 présentent au moins un symptôme qui persiste pendant plus de 120 jours. En outre, plus de 42% d’entre eux affirment que ces symptômes nuisent à leurs activités quotidiennes.

Parallèlement, le dernier rapport du UK Office for National Statistics estime que 12,9% des enfants britanniques âgés de 2 à 11 ans et 14,5% des enfants âgés de 12 à 16 ans présentent encore des symptômes cinq semaines après leur première infection. Au Royaume-Uni, près de 500’000 enfants ont été testés positifs pour la COVID-19 depuis mars 2020. Le groupe de défense Long Covid Kids lance un avertissement : il dispose déjà de données concernant 1200 enfants britanniques atteints de COVID long. « Et ce nombre augmente rapidement. Personne n’a retrouvé sa santé antérieure et la plupart sont incapables de faire leurs activités normales », souligne la fondatrice du groupe, Sammie McFarland.

Le 26 janvier, lors d’un briefing parlementaire britannique, McFarland a décrit comment sa fille de 14 ans a commencé à devenir apathique, faible et léthargique après avoir contracté la COVID-19 en mars 2020. Après trois semaines au lit, une activité douce en extérieur lui a provoqué des douleurs cardiaques. « Elle était très molle et ne pouvait presque pas rentrer dans la maison pour se coucher. Et elle est restée au lit quasiment pendant les sept mois suivants », relate-t-elle. Depuis août 2020, sa fille se sent parfois mieux et parvient à sortir de la maison, mais chaque voyage entraîne une longue période de rechute, un problème qui a déjà été signalé chez les adultes souffrant d’une forme longue de COVID-19.

Les cinq enfants de Charlie Mountford-Hill ont, eux aussi, tous contracté une forme longue de la maladie après avoir été infectés aux premiers stades de la pandémie. Près d’un an après, son enfant de 4 ans a toujours mal au cou, souffre de léthargie, de problèmes d’estomac et de maux de tête. Son fils de 10 ans est fatigué et présente des problèmes gastriques, ainsi que des douleurs au niveau cardiaque. « Bien qu’ils aient de meilleures périodes, ils ne vont jamais bien », constate la mère de famille.

Une forme longue de COVID, non reconnue par les médecins

Le principal problème posé par les formes longues de COVID-19, pour les adultes comme pour les enfants, c’est qu’elles ne sont pas toujours reconnues comme telles par le corps médical. Les symptômes sont à la fois si courants et variés qu’ils ne sont pas nécessairement dus à cette maladie. De plus, les analyses de sang et l’imagerie médicale ne fournissent la plupart du temps aucune réponse. Selon la députée Layla Moran, « le manque de soutien, de reconnaissance et de traitement du long COVID chez les enfants est un scandale national ».

Pourtant, les données liées au COVID long chez les enfants sont essentielles pour les décisions gouvernementales liées à l’ouverture des crèches et des établissements scolaires. « Nous ne disposons certainement pas de suffisamment de données sur les effets à long terme de la COVID-19 chez les enfants pour prendre de bonnes décisions politiques dès maintenant », confirme Natalie Lambert, directrice de la recherche pour Survivor Corps, le plus grand groupe de défense des malades de la COVID-19.

Au Royaume-Uni, les crèches ont été autorisées à rester ouvertes, tandis que les écoles primaires et secondaires sont fermées depuis le 5 janvier. Leur réouverture était initialement prévue pour la mi-février, mais a finalement été différée, vraisemblablement au 8 mars. Pour McFarland, renvoyer des milliers d’enfants à l’école serait insensé, voire irresponsable : « Renvoyer les enfants à l’école c’est la possibilité de générer chez toute une génération des problèmes de santé chroniques à long terme », avertit-elle. Elle estime qu’aucun enfant ne devrait retourner à l’école sans avoir été vacciné.

À ce jour, aucun vaccin contre le coronavirus n’a été approuvé pour une utilisation chez les enfants. Seul le laboratoire chinois CanSinoBIO teste actuellement une formule sur des enfants de 6 à 12 ans, selon des données révélées lors d’une récente réunion de l’Académie des sciences de New York. Le PDG, Xuefeng Yu, a déclaré que les données seraient analysées prochainement. La société américaine Codagenix envisage également de tester un vaccin nasal chez les enfants.

Certaines preuves suggèrent néanmoins que la transmission de la COVID-19 à l’école n’est pas si élevée. Une étude a rapporté qu’en France, un enfant de 9 ans ayant contracté le SARS-CoV-2 a eu des interactions étroites avec d’autres enfants, ayant potentiellement exposé plus de 80 écoliers à la maladie. Mais aucun d’eux n’a été infecté, malgré de nombreuses infections grippales qui circulaient en cette période à l’école, ce qui suggère que bien que l’environnement soit propice à la transmission de virus respiratoires, la COVID-19 n’a pas été transmise aussi facilement. Plus récemment, une étude menée sur des enfants âgés de 5 mois à 4 ans dans des crèches françaises a également suggéré de faibles niveaux d’infection et de transmission au sein de ces structures. Mais il faut garder à l’esprit que ces résultats ont été établis avant l’apparition des variants à diffusion rapide.

Source : medRxiv, D. Buonsenso et al.

Laisser un commentaire
Cliquez pour accéder à d'autres articles sur ce sujet.