COVID : un tueur silencieux à l’origine de cas de neurodégénérescence similaires à la maladie de Parkinson

Le SARS-CoV-2 activerait la même réponse inflammatoire dans le cerveau que la maladie de Parkinson.

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La COVID-19 est principalement une maladie respiratoire, cependant, un nombre croissant de rapports indiquent que l’infection par le SARS-CoV-2 peut également provoquer des manifestations neurologiques graves, y compris des cas précoces de maladie de Parkinson. Le virus activerait la même réponse inflammatoire dans le cerveau que cette maladie neurodégénérative. Nouvelle preuve des implications profondes de ce virus sur le corps. Mais un traitement serait déjà disponible.

La neuro-inflammation est une caractéristique des pathologies neurodégénératives, comme la maladie de Parkinson. Celle-ci est la deuxième maladie neurodégénérative la plus répandue dans le monde, avec 10 millions de personnes atteintes dont le contrôle des mouvements corporels est affecté.

Une variété de stimuli dans le système nerveux central (SNC), y compris les agents pathogènes, les lésions, les métabolites toxiques et les agrégats de protéines, entre autres, peuvent conduire à l’activation de la réponse immunitaire innée principalement par l’activation microgliale, c’est-à-dire les cellules de la microglie.

Il faut savoir que ces dernières sont les macrophages résidents du SNC et constituent le premier niveau de défense, mais sont aussi impliquées dans la réparation tissulaire. Cependant, lorsqu’il est activé de manière chronique, ce mécanisme de défense crée un environnement pro-inflammatoire médié par des complexes protéiques, les inflammasomes, qui entraîne la neurodégénérescence.

L’hypothèse selon laquelle les infections virales peuvent accélérer la neurodégénérescence retient l’attention en ce moment en raison de la pandémie de COVID-19. Il est devenu clair que le virus peut affecter plusieurs organes et tissus, y compris le cerveau. En effet, l’analyse post-mortem de cerveaux obtenus de patients décédés du SARS-CoV-2 a montré une activation microgliale étendue avec une neuro-inflammation prononcée dans le tronc cérébral.

Sans compter que des complications neurologiques aiguës et subaiguës des infections par le SARS-CoV-2 sont signalées jusqu’à 85% non seulement chez des patients atteints de COVID-19 sévère, mais également chez les patients légèrement symptomatiques ou asymptomatiques.

Récemment, une recherche menée par l’Université du Queensland (Australie) a révélé que la COVID-19 active la même réponse inflammatoire dans le cerveau que la maladie de Parkinson. La découverte a donc identifié un risque futur potentiel de maladies neurodégénératives chez les personnes ayant contracté la COVID-19, mais aussi un traitement possible. Ces travaux sont publiés dans la revue Nature’s Molecular Psychiatry.

Une voie inflammatoire commune pour un tueur silencieux

La maladie de Parkinson se caractérise par la perte de cellules cérébrales qui produisent de la dopamine — une substance chimique qui coordonne le contrôle moteur, et s’accompagne d’une inflammation chronique du cerveau. Pour tester l’hypothèse du lien entre la COVID-19 et la maladie de Parkinson, les auteurs de l’étude ont cultivé des microglies humaines en laboratoire et ont infecté les cellules avec le SARS-CoV-2.

Le Dr Albornoz Balmaceda, co-auteur de l’étude et professeur à l’École des sciences biomédicales de l’UQ, a déclaré que le déclenchement de la voie de l’inflammasome démarre un « incendie » dans le cerveau, qui entame alors un processus chronique et soutenu de destruction des neurones.

En effet, les auteurs comparent la COVID-19 à une sorte de tueur silencieux, car les symptômes ne se font ressentir que de nombreuses années plus tard. Le Dr Albornoz Balmaceda explique dans un communiqué : « Cela peut expliquer pourquoi certaines personnes qui ont eu la COVID-19 sont plus vulnérables au développement de symptômes neurologiques similaires à la maladie de Parkinson ».

C’est ainsi que les chercheurs ont découvert que la protéine de pointe du virus est suffisante pour démarrer le processus, qui est encore exacerbé lorsqu’il y a déjà des protéines, dans le cerveau, liées à la maladie de Parkinson.

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Échantillons de cerveaux non infectés et infectés par le SARS-CoV-2, montrant le marqueur microglial TMEM119 (en vert), la nucléocapside du SARS-CoV-2 (en rouge) et les noyaux cellulaires (en bleu). © T. M. Woodruff et al., 2022

Le professeur Woodruff, de l’École des sciences biomédicales de l’UQ et co-auteur de l’étude, déclare : « Donc, si quelqu’un est déjà prédisposé à la maladie de Parkinson, contracté la COVID-19 pourrait être comme verser plus de carburant sur ce ‘feu’ dans le cerveau ». Il précise que c’est le même cas de figure pour les personnes avec une prédisposition à la maladie d’Alzheimer et à d’autres démences liées aux inflammasomes.

Néanmoins, le chercheur fait remarquer de manière positive que si la similitude entre la façon dont la COVID-19 et les maladies de démence affectent le cerveau est préoccupante, cela signifie également qu’un traitement potentiel existe déjà.

Un traitement déjà disponible ?

Afin de tester des moyens de contrecarrer ce mécanisme, les chercheurs ont administré une classe de médicaments inhibiteurs développés par l’UQ, qui font actuellement l’objet d’essais cliniques chez des patients atteints de la maladie de Parkinson.

D’ailleurs, en juillet dernier, les chercheurs de l’UQ ont annoncé s’associer à la société biopharmaceutique américaine EpicentRx Inc. pour évaluer ces nouveaux traitements, notamment le RRx-001, composé phare d’un ensemble de petites molécules développées par la société. Il cible plusieurs processus liés à la progression de la maladie dans le cerveau, les systèmes vasculaires et immunitaires. Le Dr Albornoz Balmaceda déclare : « Nous avons découvert qu’il bloquait avec succès la voie inflammatoire activée par la COVID-19, éteignant essentiellement le feu ».

Concrètement, le médicament a été testé chez les souris infectées par la COVID-19 et dans les cellules de la microglie humaines cultivées en laboratoire. Dans les deux cas, il a réduit la tempête inflammatoire, suggérant une approche de traitement possible pour prévenir la neurodégénérescence à l’avenir. Le professeur Woodruff conclut : « Des recherches supplémentaires sont nécessaires, mais il s’agit potentiellement d’une nouvelle approche pour traiter une maladie qui pourrait autrement avoir des ramifications à long terme indicibles pour la santé ».

Source : Nature’s Molecular Psychiatry

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