COVID : les œstrogènes protègent les femmes contre les symptômes les plus graves

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Plus d’un an après le début de la pandémie, les médecins comprennent déjà bien mieux la dynamique de la COVID-19 et ses effets sur l’organisme, bien que l’éventail de symptômes et de conséquences soit encore loin d’être complètement cerné. Un axe de recherche a notamment exploré le rôle des hormones dans la lutte contre la maladie chez les femmes, et de nombreuses études ont montré que des taux normaux (voire un peu plus élevés) d’œstrogènes protégeaient les femmes contre les symptômes les plus graves de l’infection, et pouvaient considérablement réduire les symptômes liés au COVID long. Pourtant, malgré ces résultats, aucune action globale n’a encore été prise pour faire valoir cette piste thérapeutique.

Des recherches suggèrent que les femmes ayant plus d’œstrogènes dans leur corps sont moins susceptibles de décéder et montrent moins de risques d’avoir des symptômes graves de COVID-19. Les médecins découvrent également que le fait de compléter de faibles niveaux d’hormones semble aider certaines femmes souffrant de COVID long. Pourtant, ce domaine de recherche reste négligé. L’œstrogène fait un important travail dans tout le corps et le cerveau des femmes. Il régule l’immunité et l’inflammation, et cette fameuse « tempête de cytokines », qui menace les patients dans les hôpitaux, est moins grave chez les femmes que chez les hommes.

Nous savons que les deux tiers des décès dus aux coronavirus surviennent chez les hommes. Mais le taux de mortalité féminine de la COVID-19 commence à augmenter rapidement à mesure que les femmes atteignent la cinquantaine — après la ménopause, lorsque leurs hormones protectrices, les œstrogènes et la progestérone, s’épuisent. Il s’avère cependant que les femmes qui prennent soit la pilule contraceptive combinée, soit un traitement hormonal substitutif — qui comprennent tous deux des œstrogènes — ont un risque moindre d’être admises à l’hôpital et de décès.

L’effet protecteur des œstrogènes

En général, les œstrogènes renforcent le système immunitaire, tandis que la testostérone a un effet immunosuppresseur. Comme l’explique la chercheuse Caroline Criado Perez, l’asymétrie homme-femme dans la recherche en médecine et dans des domaines comme la technologie ne fait que produire une culture « taille unique pour les hommes ». Il y a ici un écart de données entre les sexes qui n’est pas seulement malvenu, mais qui met la vie en danger.

L’hormonothérapie substitutive se présente maintenant sous de nombreuses formes. Les hormones modernes sont une grande amélioration par rapport aux premières hormones synthétiques qui ont fait la une des journaux sur les risques de cancer du sein. Lorsque le nouvel œstrogène transdermique HRT — un gel ou un patch à 4 euros par mois — est utilisé, il a été prouvé qu’il protégeait les femmes contre les crises cardiaques, l’ostéoporose, le diabète, le cancer du côlon et la perte de mémoire, et permettait l’arrêt des bouffées de chaleur. Et qu’en est-il de son effet contre la COVID-19 ?

Des œstrogènes pour lutter contre la COVID-19

La bonne nouvelle est que c’est possible. Une étude récente de plus de 5451 décès chez les femmes provenant de 465 médecins généralistes dans la base de données de l’Oxford Royal College of General Practitioners a montré que les femmes qui utilisaient une forme quelconque d’HRT étaient 78% moins susceptibles de mourir de la COVID-19.

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Graphique montrant la probabilité de survie des femmes de plus de 50 ans prenant une substitution hormonale à base d’œstrogènes (ligne violette) et celle des femmes n’en prenant pas (ligne pointillée). © Ute Seeland et al. 2020

En septembre, l’application Zoe Covid Symptom Study a montré que les femmes sous pilule contraceptive étaient moins susceptibles de contracter le virus. Plus tard, une enquête dans la base de données mondiale TriNetX de 17 pays a montré que les femmes prenant un HRT aux œstrogènes avaient 50% moins de risques de mourir de l’infection.

La science sur les œstrogènes n’est pas encore complète, nous avons besoin d’études plus approfondies sur le suivi des patientes contractant un COVID long. Une enquête en ligne auprès de 1294 femmes souffrant des symptômes de COVID long a révélé qu’une majorité d’entre elles ont signalé que leurs règles avaient changé et que leurs symptômes étaient pires avant ou pendant leurs règles, lorsque les niveaux d’œstrogènes sont à leur plus bas.

L’application COVID a constaté que le COVID long est particulièrement répandu chez les femmes âgées de 50 à 60 ans et, mis à part les problèmes respiratoires, le reste des symptômes signalés chez les femmes sont fortement similaires à ceux de la ménopause : fatigue, insomnie, brouillard cérébral, douleurs articulaires et palpitations cardiaques.

Un axe de recherche encore globalement ignoré

Louise Newson, spécialiste de la ménopause, explique : « Ces symptômes sont probablement liés à de faibles taux d’œstrogènes et de testostérone chez les femmes, il faut donc envisager en priorité de remplacer ces faibles niveaux d’hormones par la bonne dose et le bon type d’HRT ». Jusqu’à présent, Newson et d’autres ont traité en privé un certain nombre de patientes en âge de ménopause avec un HRT, et leurs symptômes se sont améliorés ou ont disparu. Mais il n’y a aucune suggestion d’aide hormonale dans les conseils scientifiques donnés par les autorités sanitaires.

Les experts du monde entier ont vu ces articles universitaires sur les hormones, les HRT et le COVID long, mais jusqu’à présent, il n’y a eu aucune annonce de recherche supplémentaire — ou de traitement pratique avec des œstrogènes, un médicament bon marché que nous savons déjà être sûr.

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