Une douzaine de séismes enregistrés près du parc de Yellowstone en 24 heures

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Vendredi 29 mai, l’US Geological Survey (l’Institut d’études géologiques des États-Unis, chargé de surveiller l’activité sismique du pays) a enregistré onze tremblements de terre dans une zone proche du parc national de Yellowstone.

Rien de très alarmant : la région de Yellowstone est l’une des plus sismiquement actives des États-Unis. Environ 700 à 3000 tremblements de terre s’y produisent chaque année, selon le site web du parc. La plupart sont de très faible magnitude et ne sont pas ressentis par les habitants. Pourquoi tous ces séismes ? Les secousses sont dues aux caractéristiques tectoniques de la région et à la présence de la caldeira, vestige du « supervolcan » de Yellowstone.

Une activité sismique très régulière

Parmi les secousses enregistrées vendredi, la plus forte affichait une magnitude de 3,1 sur l’échelle de Richter. Il s’agissait donc de secousses mineures, dont la profondeur est estimée à environ 4,8 kilomètres. Au cours des 30 derniers jours, la même région a été frappée par 34 tremblements de terre.

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Séismes recensés par l’US Geological Survey le vendredi 29 mai 2020. La plus forte magnitude enregistrée était de 3,1. Crédits : US Geological Survey

À savoir que les séismes à Yellowstone se produisent généralement en essaims. Le phénomène est différent du schéma plus courant impliquant une secousse principale, suivie de répliques : un essaim de séismes est une succession de secousses à un endroit donné, réparties sur plusieurs jours, voire plusieurs mois ou années. L’identification d’une secousse principale est ici moins évidente. Le terme d’« essaim » provient du fait que lorsque l’on représente les différents foyers sismiques sur une carte, ceux-ci semblent s’agglutiner comme un essaim d’abeilles.

graphique séismes parc yellowstone
Nombre de tremblements de terre enregistrés dans la région du parc national de Yellowstone entre 1973 et 2014. Crédits : University of Utah/Ben Moore.

La plupart du temps, ces secousses sont minimes et ne sont même pas ressenties. En 1959, le tremblement de terre du lac Hebgen, d’une magnitude de 7,3, avait toutefois causé des éboulements et donc des dommages importants sur les routes du parc. Ce séisme, ainsi que celui de 1983 au niveau du pic Borah (magnitude 6,9), a en outre provoqué des changements notables de l’activité hydrothermale du site. Le plus gros essaim de tremblements de terre s’est produit en 1985 : plus de 3000 tremblements de terre ont été enregistrés en trois mois du côté nord-ouest du parc.

carte séismes yellowstone 2017
En 2017, environ 3300 tremblements de terre se sont produits dans la région de Yellowstone. Le 16 juin, le plus grand tremblement de terre de 2017 a eu lieu : un séisme de magnitude 4,36 situé à environ 14 kilomètres au nord-ouest du parc, dans le Montana. Le tremblement de terre a été ressenti dans les villes de Gardiner et West Yellowstone. Il s’agit du séisme le plus important depuis celui du 30 mars 2014, de magnitude 4,8. Crédits : Université de l’Utah.

Le phénomène est lié au transport de fluides volcaniques le long des nombreuses petites fractures situées dans les roches peu profondes, au-dessus du magma, un modèle que l’on retrouve dans les volcans du monde entier. Le parc de Yellowstone abrite en effet un supervolcan, la caldeira de Yellowstone, un volcan éteint découvert dans les années 1960. De 55 kilomètres de large sur 72 kilomètres de long, cette caldeira surplombe une immense chambre magmatique.

Une telle caldeira se forme à la suite d’une éruption de type explosif, qui entraîne l’effondrement du volcan sur sa chambre magmatique. Des analyses ont révélé que la dernière éruption s’était produite il y a environ 630’000 ans. La zone montre cependant toujours de nombreux signes d’activité : fumerolles, geysers, sources d’eau chaude, déformations du sol, etc.

En 1985, les relevés ont montré un soulèvement sans précédent de l’ensemble de la caldeira de plus d’un mètre depuis les années 1920. Des mesures ultérieures ont révélé que la caldeira est ensuite entrée dans une phase d’affaissement jusqu’en 2005, date à laquelle elle a entamé un nouveau soulèvement extrême (+27 centimètres entre 2004 et 2010). La caldeira a recommencé à s’affaisser au cours du premier semestre 2010. Ces soulèvements de terrain seraient provoqués par le mouvement des fluides hydrothermaux profonds et/ou des roches en fusion situées à environ 10 kilomètres sous la surface.

Un volcan dévastateur qui n’est (heureusement) pas près de se réveiller…

On désigne par « supervolcan » un centre volcanique ayant eu une éruption d’indice 8 sur l’échelle VEI (mesurant l’indice d’explosivité volcanique). Cette échelle s’étend de 0 à 8 ; l’indice est déterminé principalement par le volume des matériaux éjectés et par la hauteur du nuage d’éruption. Un indice 8 correspond à des volumes éjectés supérieurs à 1000 km³ et à un nuage de cendres haut de plus de 40 kilomètres. Une telle éruption est caractérisée d’« apocalyptique ».

Outre le volcan de Yellowstone, celui de Long Valley en Californie, le Toba en Indonésie et celui du lac Taupo en Nouvelle-Zélande sont eux aussi entrés dans des éruptions supervolcaniques il y a des milliers d’années, laissant place à des caldeiras ; la plus récente s’est produite il y a 27’000 ans, au lac Taupo.

Si le volcan à l’origine de la caldeira de Yellowstone devait se réveiller, la puissance de l’éruption serait comparable à 1000 bombes atomiques d’Hiroshima ; elle serait particulièrement dévastatrice et des cendres se répandraient sur des centaines de kilomètres dans la moitié ouest des États-Unis.

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Répartition des cendres sur les États-Unis dans le cas d’une éruption du supervolcan du parc de Yellowstone. Crédits : Wikimedia Commons/USGS

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Fort heureusement, malgré les secousses récurrentes, aucune inquiétude à avoir : les experts estiment que ce supervolcan n’est pas près d’éclater à nouveau (du moins, pas au cours des mille prochaines années). Selon l’US Geological Survey, les probabilités d’une éruption au cours d’une année donnée sont d’une sur 730’000 ! Quoi qu’il en soit, le site demeure sous étroite surveillance pour contrôler l’activité sismique, le débit d’eau et les déformations du sol.

Sources : Parc de Yellowstone et Université de l’Utah

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