Les enfants ayant des parents de même sexe sont aussi bien adaptés socialement que les autres, selon une étude

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Les minorités sexuelles sont plus susceptibles de subir des situations de stress en raison de leur orientation sexuelle, telles que des expériences de préjugés. À ce jour, il n’existe que quelques études représentatives qui examinent le bien-être des enfants de parents de même sexe. Une étude menée par des chercheurs de l’Institut de sociologie et de psychologie sociale de l’Université de Cologne montre que les enfants et les adolescents dont les parents sont de même sexe sont aussi bien adaptés que ceux dont les parents sont de sexe différent.

Il a déjà été montré que le stress ressenti par les parents peut se déporter — d’une façon ou d’une autre — sur leurs enfants. Or, les parents de même sexe sont confrontés à une pression due à leur orientation sexuelle, comme des expériences de préjugés, des réactions négatives de la part des amis et de la famille, et des contextes juridiques peu favorables. En moyenne, ce stress supplémentaire peut entraîner une diminution de la santé physique et mentale des parents de même sexe, ce qui pourrait à son tour entraîner des problèmes d’adaptation sociale chez leurs enfants.

Ce n’est pas le cas selon les chercheurs de la nouvelle étude, publiée dans l’International Journal of Environmental Research and Public Health : « Contrairement à cette prédiction théorique, l’ensemble de la littérature empirique examinant les différences potentielles entre les enfants élevés par des parents de même sexe ou de sexe différent ne trouve que peu ou pas de différences en matière de problèmes comportementaux, et seules quelques études trouvent de petits désavantages en matière d’adaptation émotionnelle et de résultats scolaires ».

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Cependant, les précédentes études ont été critiquées pour leurs lacunes méthodologiques, car les parents interrogés faisaient partie de groupes spécifiques (voire communautaires), non représentatifs de la population générale. Pour pallier ce problème, la nouvelle étude s’est basée sur des données d’enquête issues de registres de la population générale aux Pays-Bas, afin de comparer les possibles différences comportementales entre des enfants élevés par des parents de même sexe et ceux élevés par des parents de sexe différent.

Ainsi, 62 enfants de 6 à 16 ans ayant des parents du même sexe ont été comparés à 72 enfants ayant des parents de sexe différent, en ce qui concerne le comportement prosocial, l’hyperactivité, les problèmes avec les pairs, l’adaptation émotionnelle et les problèmes de comportement général (à l’aide du « Questionnaire des forces et des faiblesses »). Les résultats étaient rapportés par un seul des deux parents, tous âgés de 30 à 65 ans.

Aucune différence significative concernant les troubles externalisés ou internalisés du comportement

Dans un premier temps, les chercheurs ont comparé les enfants ayant des parents de même sexe aux enfants ayant des parents de sexe différent sur des scores de comportement problématique d’externalisation (agitation, impulsivité, agressivité) et d’internalisation (anxiété, dépression). « Nous n’observons aucune différence significative sur aucun des scores », rapportent-ils. « Ceci suggère que les enfants ayant des parents de même sexe ne connaissent pas plus de difficultés comportementales, externalisantes ou internalisantes, que les enfants ayant des parents de sexe différent ».

Dans un deuxième temps, l’analyse plus poussée s’est focalisée sur les cinq échelles de comportement suivantes :  les problèmes émotionnels, les problèmes de comportement général, l’hyperactivité, le comportement antisocial et les problèmes avec les pairs. Au final, le même type de résultat a été rapporté par les chercheurs et aucune différence significative ne distingue les deux catégories.

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Relation entre le fait d’avoir des parents de même sexe et les échelles de comportement. Les barres représentent les intervalles de confiance à 95%. Tous les modèles ont été estimés en utilisant un appariement exact grossier sur le sexe et l’âge de l’enfant, le statut matrimonial du répondant, l’éducation et le revenu du répondant, si l’enfant est né en dehors de la relation actuelle du répondant, et le nombre d’enfants dans le ménage. © Mazrekaj D, Fischer MM, Bos HMW (2022).

Il est possible que les parents homosexuels préparent leurs enfants aux réactions négatives de la société hétéronormative

En conclusion, les auteurs se demandent pourquoi la prévalence de troubles liés au stress chez les personnes issues de minorités sexuelles ne se traduit pas par des résultats négatifs chez leur progéniture. « Une partie de la réponse peut être que les parents homosexuels préparent leurs enfants à la confrontation avec la société hétéronormative et aux réactions négatives à leur situation familiale pour y faire face, de sorte que cela n’influence pas leur comportement ou leur bien-être », expliquent-ils. Il est également possible que le désir d’enfant soit en général plus fort pour les couples de même sexe où les obstacles à devenir parents sont nombreux, de sorte que la qualité de la parentalité est différente.

Par ailleurs, les Pays-Bas sont un pays où les familles homoparentales sont largement reconnues et où les parents de même sexe bénéficient d’un soutien juridique et culturel important. C’est le premier pays à avoir introduit le mariage homosexuel en 2001, ainsi que le droit à l’adoption pour les couples de même sexe.

Certaines limites de l’étude sont toutefois à relever, comme le fait qu’elle ne repose que sur la déclaration parentale. En outre, comparer les familles homoparentales aux familles hétéroparentales ne permet pas d’intégrer tous les paramètres de stigmatisation propres aux enfants ayant des parents de même sexe. Ainsi, plusieurs études ont montré que les enfants qui subissent une stigmatisation homophobe rapportent davantage de comportements problématiques. Les chercheurs estiment que les futures études devront s’éloigner des comparaisons fondées sur le déficit entre les familles de même sexe et celles de sexe différent.

Source : International Journal of Environmental Research and Public Health

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