Les femmes hospitalisées ont de meilleures chances de survie si elles sont traitées par une femme, selon une étude

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Une étude portant sur 776 927 patients (femmes et hommes) révèle que les femmes hospitalisées ont de meilleures chances de survie si elles sont prises en charge par une femme médecin (par rapport à une prise en charge par un homme). Au cours de l’enquête, 8,15 % des femmes traitées par des femmes médecins sont décédées dans les 30 jours suivant leur hospitalisation contre 8,38 % pour celles traitées par des hommes médecins. Bien que l’écart semble a priori mineur, le combler permettrait la survie d’au moins 5000 femmes supplémentaires chaque année rien qu’aux États-Unis — estimation basée sur cette étude, et donc potentiellement significativement inférieure à la réalité.

Un domaine de recherche en pleine expansion met en évidence la présence d’une importante disparité dans les prises en charge médicales. Des enquêtes ont par exemple montré que les femmes et les minorités ethniques ont tendance à bénéficier de soins médicaux de qualité inférieure par rapport aux hommes et les patients caucasiens, respectivement. D’autres ont révélé que les femmes sont moins susceptibles de recevoir des soins intensifs, bien que plus sujettes à déclarer avoir vécu des expériences négatives en matière de soins de santé.

En effet, les femmes sont plus souvent victimes de préjugés et d’incompréhensions. Certains médecins ont par exemple tendance à sous-estimer leurs symptômes, par exemple en les considérant parfois comme d’origine psychologique — ce qui peut conduire à des erreurs de diagnostic. Une récente enquête détaillée dans la revue Annals of Internal Medicine révèle que les femmes semblent bénéficier de meilleurs soins lorsqu’elles sont prises en charge par des femmes médecins. Ces dernières seraient notamment plus à l’écoute et feraient preuve de plus d’empathie envers leurs patientes, de sorte que leur survie en est améliorée.

Une meilleure capacité d’écoute et de compréhension

La nouvelle enquête, codirigée par l’Université de Tokyo, concernait 458 108 patientes (femmes) et 318 819 patients (hommes), dont 142 465 (31,1 %) ont été traités par des femmes médecins et 97 500 (30,6 %) par des hommes. L’âge moyen était de 65 ans et tous ont été hospitalisés au moins une fois entre 2016 et 2019.

L’ensemble présentait globalement une mortalité modérément réduite lors d’une prise en charge par des femmes médecins. Cependant, les avantages étaient plus perceptibles pour les femmes, qui étaient moins susceptibles que les hommes de décéder ou d’être réadmises à l’hôpital lorsqu’elles étaient traitées par des femmes médecins. Plus précisément, 8,15 % des patientes des femmes médecins sont décédées dans les 30 jours suivant leur admission à l’hôpital, contre 8,38 % pour les patientes prises en charge par des hommes médecins. En revanche, pour les patients masculins, le sexe du médecin ne semblait pas avoir d’effet sur le risque de réadmission à l’hôpital.

Bien que l’écart semble minime, il impliquerait qu’environ 5000 femmes chaque année ne bénéficient pas de soins hospitaliers appropriés aux États-Unis selon cette étude (un chiffre qui pourrait donc être bien plus important). Selon les experts, cette différence serait due à des problèmes de communication, d’incompréhension et de préjugés basés sur le sexe.

Les femmes médecins auraient tendance à passer plus de temps avec leurs patients lors des consultations, ce qui suggère une meilleure capacité d’écoute et de mise en confiance des patients. Les chercheurs de l’étude suggèrent également que les femmes médecins sont probablement plus ouvertes aux questions sensibles ou intimes, leur permettant ainsi des diagnostics plus éclairés. Les femmes pourraient aussi se sentir plus libres d’exprimer leurs problèmes de santé auprès de femmes médecins, qui de leur côté, feraient preuve de plus de compréhension.

D’un autre côté, les étudiants en médecine recevraient une formation limitée sur les questions de santé des femmes. Or, certaines affections et certains troubles de santé affectent majoritairement les femmes (telles que la maladie d’Alzheimer et l’ostéoporose) ou leur sont spécifiques (telles que certaines maladies gynécologiques). D’autre part, d’autres études ont révélé que les chirurgiennes ont généralement de meilleurs résultats que les chirurgiens, qui auraient tendance à être plus rapides, mais moins méticuleux.

Toutefois, ces résultats ne signifient aucunement que les femmes devraient cesser de consulter les médecins hommes. En effet, il est important de noter que les différences entre les taux de mortalité et de réhospitalisation rapportées dans l’étude sont minimes si l’on considère les patients individuellement. De plus, les résultats ne peuvent peut-être pas s’appliquer aux populations plus jeunes, car ils ne concernent que les personnes âgées.

« Ce serait une erreur de suggérer que les gens doivent trouver des médecins du même sexe ou de la même ethnie qu’eux », explique à NBC News Ashish Jha, de l’Université Brown. « Le plus gros problème est que nous devons comprendre pourquoi ces différences existent », estime-t-il.

Néanmoins, l’étude souligne l’importance de l’écoute et de la mise en confiance des patients dans la pratique médicale. Il serait par ailleurs très utile de se renseigner sur les stratégies de prise en charge utilisées par les femmes médecins afin de les adopter de manière généralisée. Afin d’améliorer la prise en charge médicale des femmes et des minorités, il serait également important de former les médecins à surmonter les stéréotypes et les préjugés.

Source : Annals of Internal Medicine

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