La fonte des glaces révèle un trésor spectaculaire d’artefacts de chasse anciens en Norvège

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Une flèche de 1300 ans retrouvée sur le site. | Innlandet County Council
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La Norvège est un pays fascinant pour de nombreuses raisons, et l’une d’entre elles est qu’il renferme de nombreux trésors archéologiques, constituant une véritable mine d’or pour les chercheurs. Récemment, des archéologues ont découvert une quantité impressionnante d’artefacts, révélés par la fonte d’une grande plaque de glace dans les montagnes norvégiennes. Un total de 68 flèches et d’autres objets provenant d’un ancien site de chasse au renne.

D’après la datation au radiocarbone, les premières découvertes concernent des objets très anciens, datant d’il y a environ 6000 ans. Dans le lot : des os et des bois de rennes ainsi que des bâtons d’effarouchement, utilisés pour rassembler les animaux dans des endroits où ils pourraient être plus facilement chassés. Mais surtout, les archéologues rapportent une quantité impressionnante de flèches de chasse.

« C’est le site glaciaire qui comporte le plus de flèches au monde, et de loin », écrit dans un communiqué l’archéologue Lars Pilø, du département du patrimoine culturel du conseil du comté d’Innlandet en Norvège. « Faire des recherches sur le terrain ici et trouver toutes ces flèches a été une expérience incroyable, le rêve d’un archéologue. Je me souviens avoir dit à l’équipage : ‘Profitez de ce moment autant que vous le pouvez. Vous ne vivrez plus jamais rien de tel’ ».

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Le réchauffement climatique en cause

De telles découvertes sont de plus en plus courantes à mesure que les températures mondiales augmentent, en particulier sous les plaques de glace statiques — qui ne se déplacent pas et de ce fait ne brisent pas les objets de la même manière que les glaciers. Alors que l’avenir de la planète devient de plus en plus incertain, son passé est lui aussi révélé de façon presque exponentielle.

Les découvertes potentielles étaient si importantes que le groupe de recherche a gardé secret l’emplacement du site — la plaque de glace de Langfonne dans les montagnes de Jotunheimen — pendant des années, jusqu’à ce que tous les artefacts aient été récupérés. Les dates des découvertes s’étendent de l’âge de pierre à la période médiévale, avec des modèles différents selon les époques. La plupart des flèches datent du néolithique tardif (2400-1750 avant J.-C.) et de l’Âge du fer tardif (550-1050 après J.-C.).

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Vue aérienne montrant les trois principales plaques de glace (a-c) de Langfonne, le 16 septembre 2014. Crédits : Lars Pilø

Selon l’équipe, les événements naturels ont probablement déplacé la plupart des artefacts du site, tandis que d’autres sont encore piégés sur place — comme les bâtons qui auraient servi à conduire les rennes à un endroit précis, au nord-est de la plaque de glace.

« Il est important de garder à l’esprit que les plaques de glace ne sont pas des sites archéologiques habituels », explique Pilø. « Elles sont situées en haute montagne dans un environnement froid et hostile. Les forces de la nature agissent à une échelle très différente ici, par rapport aux sites archéologiques habituels des plaines ». La façon dont certaines flèches ont été écrasées suggère que les plaques de glace se déplacent en fait plus régulièrement qu’on ne le pensait, une idée confirmée par un relevé du site effectué à l’aide d’un radar à pénétration de sol. Cela permet notamment d’en apprendre davantage sur la dynamique du climat à l’époque.

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Exemples de flèches trouvées à Langfonne. (b) Flèche datée au radiocarbone à 3980-3830 ans avant notre ère, trouvée sur la glace dans la partie inférieure de la plaque de glace A. (d) Flèche datée au radiocarbone à 1270-1170 avant notre ère, trouvée dans l’éboulis entre les plaques A et B. L’échelle est de 50 cm. Crédits : Glacier Archaeology Program

La banquise de Langfonne ne fait aujourd’hui plus qu’un tiers de sa taille d’il y a 20 ans, et s’est divisée en trois parties distinctes. On estime que la couverture de glace y est d’environ 10% supérieure à ce qu’elle était au Petit Âge glaciaire (du XVe au XXe siècle). Mais un travail considérable sera encore nécessaire pour déterminer comment l’état et l’emplacement de ces découvertes peuvent renseigner sur les mouvements de la glace, des rennes et des personnes à cette époque. Les chercheurs pensent que la chasse au renne s’est intensifiée juste avant l’ère viking (à partir de 800 environ), mais qu’il reste encore beaucoup à apprendre.

« L’étude fournit le premier cadre cohérent pour comprendre comment les découvertes archéologiques dans la glace sont influencées par les processus naturels, et de quelle manière nous pouvons interpréter les découvertes », a déclaré Pilø à Earther. « Des choses très simples, des questions qui ont été résolues il y a longtemps dans d’autres domaines de l’archéologie. Mais là encore, les plaques de glace fondante ne sont pas des sites archéologiques habituels. C’est la première étape ».

Il faut savoir que l’archéologie glaciaire est un nouveau domaine de l’archéologie, qui en est encore à ses débuts. Elle a le potentiel de transformer notre compréhension de l’activité humaine en haute montagne et au-delà. Toutefois, dans chaque cas, les chercheurs doivent examiner attentivement comment les processus naturels ont pu modifier les données archéologiques. Sans une telle analyse, les risques de confondre l’impact des processus naturels avec les traces des activités humaines sont importants. Par exemple, la quantité impressionnante de flèches trouvées devant la glace qui se retire n’indiquent pas forcément une chasse intensive à cet endroit. « Dans ce cas, cela est plutôt et simplement dû à la gravité et à l’eau de fonte, qui ont fait descendre les flèches jusqu’à ce qu’elles finissent devant la glace », expliquent les chercheurs.

 Source : Holocene

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