Une génétique hors du commun : des scientifiques percent le mystère d’une femme ayant vécu 117 ans

Une femme ayant vécu jusqu'à 117 ans avait une génétique « exceptionnelle » selon une étude
Maria Branyas à son 117e anniversaire. | Residencia Santa Maria del Tura de Olot/ Reuters
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Comprendre les secrets de la longévité est un enjeu majeur pour la science. Si de nombreuses études portent sur l’impact de l’alimentation, de l’environnement ou encore du mode de vie, sur le vieillissement, certaines s’intéressent à des facteurs génétiques exceptionnels – comme cela est le cas chez certains centenaires. Parmi eux, Maria Branyas Morera, une femme d’origine américaine, qui a défié le temps jusqu’à l’âge exceptionnel de 117 ans. Son cas intrigue d’autant plus que des scientifiques ont identifié chez elle des caractéristiques génétiques particulières susceptibles de ralentir le vieillissement de ses cellules.

Comprendre les mécanismes biologiques favorisant la longévité est un enjeu de taille pour la recherche médicale. Et les avancées dans ce domaine se multiplient. À l’Imperial College de Londres, des chercheurs ont récemment identifié un mécanisme cellulaire qui, testé sur des mouches du vinaigre, peut doubler leur espérance de vie. D’autres scientifiques du New Jersey ont, quant à eux, exploré un processus enzymatique capable d’inverser certains effets du vieillissement.

Dans cette quête, des chercheurs de l’Université de Barcelone se sont penchés sur le cas de Maria Branyas Morera, bien avant son décès en août dernier. Leur objectif : analyser les particularités de son ADN. Sous la direction du professeur Manel Esteller, responsable du groupe d’épigénétique de l’Institut Josep Carreras et professeur de génétique à l’Université de Barcelone, l’équipe a mis en évidence des singularités génétiques susceptibles de ralentir la détérioration cellulaire.

Un microbiote similaire à celui d’un nourrisson

Les conclusions de cette étude révèlent que les cellules de Maria Branyas étaient biologiquement plus jeunes de dix-sept ans par rapport à son âge réel, ce qui pourrait expliquer sa longévité exceptionnelle. En outre, son fonctionnement cognitif est resté intact jusqu’à un âge avancé.

Outre son patrimoine génétique, l’analyse de son microbiote intestinal a révélé une autre particularité fascinante : une flore similaire à celle d’un nourrisson. Cet équilibre microbien aurait pu jouer un rôle clé dans le maintien de sa santé.

On sait que le microbiote intestinal est essentiel à de nombreuses fonctions biologiques, notamment la digestion, l’immunité et la régulation des processus métaboliques. Cette découverte suggère que l’intestin pourrait être un facteur sous-estimé dans la recherche sur la longévité.

Un mode de vie sain et discipliné

Née à San Francisco en 1907, Maria Branyas a traversé les événements marquants du XXe siècle. Après avoir vécu aux États-Unis, elle retourne en Espagne en 1915 avec sa famille, en pleine Première Guerre mondiale. Infirmière de profession, elle passe une grande partie de sa carrière aux côtés de son mari, le médecin Joan Moret, jusqu’à la disparition de ce dernier en 1976.

Témoin de la guerre civile espagnole, des deux conflits mondiaux et des évolutions technologiques du XXIe siècle, Maria Branyas a également survécu à deux pandémies majeures : la grippe espagnole de 1918 et la COVID-19, qu’elle contracté à 113 ans sans présenter de symptômes graves. Un fait d’autant plus remarquable que l’Espagne figurait alors parmi les pays les plus durement touchés par le virus, avant même l’arrivée des vaccins.

Si son patrimoine génétique semble avoir joué un rôle déterminant, son mode de vie sain et discipliné a sans doute aussi contribué à sa remarquable longévité. Maria Branyas suivait un régime méditerranéen riche en fruits, légumes et consommait trois yaourts par jour.

Elle évitait l’alcool et le tabac, pratiquait la marche et maintenait une vie sociale active. Un mode de vie qui pourrait avoir contribué à sa longévité exceptionnelle. « Je pense que la longévité est aussi une question de chance », déclarait-elle, citée par The Guardian. « La chance et une bonne génétique », ajoutait-elle.

De nouvelles pistes pour la recherche sur la longévité

L’étude approfondie du cas de Maria Branyas pourrait avoir des implications pour la médecine du vieillissement. Pour le professeur Esteller et son équipe, ses caractéristiques génétiques et biologiques pourraient inspirer de nouveaux traitements destinés à lutter contre les maladies liées à l’âge.

Cette recherche interroge l’idée selon laquelle le vieillissement et les pathologies qui l’accompagnent sont inéluctables et indique des voies de recherche pour prolonger l’espérance de vie en bonne santé. Toutefois, ces résultats restent exploratoires et nécessitent des études complémentaires avant d’aboutir à des applications concrètes en médecine.

Maria Branyas est officiellement entrée dans l’histoire en janvier 2023, lorsqu’elle a été reconnue comme la femme la plus âgée du monde par le Livre Guinness des records, succédant à la Française Lucile Randon, décédée à 118 ans. Veuve, mère, grand-mère et arrière-grand-mère, elle s’est éteinte paisiblement dans son sommeil le 19 août 2024, laissant derrière elle une énigme que la science tente encore d’élucider.

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