Des images époustouflantes montrent les derniers instants d’un satellite avant qu’il ne brûle dans l’atmosphère

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| Fraunhofer FHR
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Face à la multiplication des satellites, la gestion de leur fin de vie devient une préoccupation centrale. L’ESA, anticipant cette problématique, a mis en œuvre une manœuvre inédite pour le satellite Aeolus (ou Éole), le guidant dans une descente maîtrisée vers l’atmosphère. Cette action, évitant la transformation d’Éole en débris spatial, suggère une nouvelle norme pour la désorbitation des satellites, renforçant la sécurité et la durabilité des opérations spatiales.

L’essor des technologies spatiales a conduit à une augmentation significative du nombre de satellites en orbite, posant des défis inédits en matière de gestion des débris. Face à cette réalité, l’Agence spatiale européenne (ESA) a adopté une approche proactive pour son satellite Aeolus.

L’Aeolus (ou Éole), issu du nom de la divinité grecque associée aux vents, a été lancé en 2018 par l’ESA. Il s’agissait alors du premier satellite capable de suivre les vents terrestres, fournissant des données essentielles pour les études climatiques et la météorologie. Pendant près de cinq ans, il a amélioré les prévisions météorologiques et les modèles climatiques.

Une invitation à rêver, prête à être portée.

En orchestrant sa descente contrôlée, l’ESA prévient non seulement la création de nouveaux débris, mais ouvre également la voie à des pratiques plus responsables dans l’exploitation des satellites, avec des implications majeures pour la sécurité spatiale.

Une descente contrôlée

Les débris spatiaux sont un problème croissant pour les agences spatiales du monde entier. Ces morceaux de satellites, de fusées et d’autres objets fabriqués par l’homme qui orbitent autour de la Terre peuvent causer des dommages considérables s’ils entrent en collision avec d’autres objets en orbite, y compris des satellites opérationnels et la Station spatiale internationale. Avec l’augmentation du nombre de lancements de satellites, le risque de collisions et la création de nouveaux débris augmentent également.

Face à ce défi, l’ESA a pris une décision proactive concernant son satellite Éole. Plutôt que de le laisser devenir un autre débris spatial à la fin de sa mission, elle a choisi d’orchestrer sa descente. Cela signifie qu’au lieu de laisser le satellite dériver sans but et potentiellement causer des problèmes à l’avenir, l’agence a pris des mesures pour contrôler sa trajectoire et s’assurer qu’il rentre dans l’atmosphère terrestre de manière contrôlée.

En juillet, elle a mis en œuvre une manœuvre jamais réalisée auparavant, appelée « rentrée assistée ». Elle consistait à utiliser le carburant restant à bord d’Éole pour ajuster sa trajectoire. Le satellite a été soigneusement dirigé pour qu’il descende progressivement vers l’atmosphère terrestre. En entrant dans l’atmosphère à une vitesse de 7,47 km/s, le satellite a commencé à se consumer en raison de la friction avec l’air, jusqu’à ce qu’il se désintègre complètement.

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Aeolus a été le premier satellite à étudier les vents à l’échelle mondiale. © Agence spatiale européenne

L’un des principaux avantages de cette manœuvre est la réduction du risque de débris spatiaux. En contrôlant la descente d’Éole et en s’assurant qu’il se désintègre dans l’atmosphère, l’ESA a empêché la création de nouveaux débris qui auraient pu rester en orbite pendant des années, voire des décennies. De plus, en éliminant le satellite de manière contrôlée, le risque de collision avec d’autres satellites en orbite a également été réduit.

Des images impressionnantes

L’ESA a offert au public et à la communauté scientifique une perspective rare et fascinante sur la fin de vie d’un satellite. Les images diffusées par l’agence dévoilent le satellite Éole dans ses ultimes instants, alors qu’il plonge vers la Terre. Ces clichés saisissants ont été obtenus par le biais de l’antenne radar TIRA (Allemagne), spécialisée dans le suivi des objets spatiaux.

Sur ces images, Éole apparaît comme une traînée lumineuse traversant le ciel, telle une étoile filante, avant de commencer son processus de désintégration. Encore entier avant la manœuvre, il n’aura fallu que deux heures pour qu’il tombe en morceaux en Antarctique, loin des régions habitées.

Benjamin Bastida Virgili, expert au Space Debris Office de l’ESA, déclare dans un communiqué : « Les opérateurs d’engins spatiaux sont habitués à dialoguer avec ces derniers, mais les débris ne peuvent pas parler. Ces dernières observations ont confirmé que le dernier ajustement de la trajectoire d’Éole s’était bien passé et que le satellite désormais ‘mort’ s’était placé sur l’orbite elliptique attendue, avec une altitude minimale de 120 km ».

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Carte de rentrée d’Éole. © ESA

Un moment émouvant et un pas vers un espace plus propre

Pour les équipes responsables de la mission, c’était un moment empreint d’émotion et de réalisation. Elles observaient pour la dernière fois Éole. Tommaso Parrinello, responsable de la mission Éole, explique : « Normalement, une fois qu’un vaisseau entre dans le nez de sa fusée et que le carénage se referme autour d’elle, c’est la dernière fois que nous nous attendons à le voir ».

La maîtrise démontrée par l’ESA dans la manœuvre de réentrée d’Éole ouvre de nouvelles perspectives pour la gestion des satellites en fin de vie. Cette réussite pourrait servir de modèle pour d’autres missions similaires, car la nécessité de telles interventions devient de plus en plus pressante. En 2022, avec un ciel encombré de plus de 6000 satellites actifs, la probabilité de collisions entre eux et la création de débris supplémentaires s’accroît. Ces débris, une fois en orbite, peuvent demeurer pendant des décennies, posant des risques continus pour les autres engins spatiaux.

Tommaso Parrinello conclut : « Avec Éole, exemple remarquable de vol spatial durable et d’opérations responsables, nous avons fait durer la mission aussi longtemps que possible, guidant le retour de l’engin autant que possible, et ces images sont notre dernier adieu à la mission, qui nous manquera à tous, mais dont l’héritage perdure ».

VIDEO : Simulation de la destruction d’Éole : une vue plongeante. © SA/EOGB/HTG/J. Perera

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