Sur Mars, la NASA cherchera des traces de vie dans les vestiges d’un ancien lac dans le cratère Jezero

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| NASA/JPL/Université de l'Arizona
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À la recherche d’une source de vie ancienne sur Mars, la NASA enverra son prochain rover explorer le cratère Jezero, site d’un ancien delta et lac. Le rover en question, dont le lancement est prévu pour 2020, est équipé d’un système de forage capable de collecter et stocker des échantillons de roches contenant des indices sur le passé de Mars.

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Une fois que les échantillons seront récupérés par le rover, la NASA espère pouvoir effectuer des missions de suivi pour récupérer les échantillons et les renvoyer sur Terre : « Obtenir des échantillons de ce système lac-delta va révolutionner notre conception de Mars et de sa capacité à abriter la vie », a déclaré Thomas Zurbuchen, administrateur adjoint de la science, à la NASA.

Une invitation à rêver, prête à être portée.

La sélection du site d’atterrissage a eu lieu après des années de réflexion et de recherche, ainsi que des jours de débat acharné quant au meilleur endroit pour rechercher des preuves d’une vie ancienne dans un monde extraterrestre. Parmi les alternatives envisagées, il y avait Columbia Hills, une ancienne source d’eau chaude explorée par le rover Spirit, aujourd’hui disparu, et aussi le Northeast Syrtis, un réseau de mésas anciennes pouvant avoir abrité de l’eau souterraine.

En fin de compte, Zurbuchen a déclaré que Jezero avait été sélectionné pour la diversité de son terrain. En effet, chaque type de roche présente sur le site, soit des argiles susceptibles de préserver des signes d’organismes anciens ou encore des roches volcaniques évoquant l’évolution de la planète rouge, devrait permettre au rover d’atteindre ses deux objectifs scientifiques principaux. Premièrement, de déterminer à quoi ressemblait l’environnement de la planète rouge dans le passé. Puis en second lieu, de déterminer si la planète a connu une quelconque forme de vie par le passé.

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Lundi dernier, lors d’une conférence annonçant la décision, le chercheur principal du projet Mars 2020, Ken Farley, a décrit les systèmes de delta comme étant « extrêmement efficaces pour la préservation des biosignatures ».

Sur Terre, non seulement ces écosystèmes sont riches en vie, mais ils peuvent également contenir des organismes emportés par le fond, piégés dans les sédiments deltaïques. « Nous voulons rechercher des preuves d’une éventuelle forme de vie ancienne sur Mars. Actuellement, la surface de la planète est trop sèche, trop froide et trop irradiée pour que la vie telle que nous la connaissons y survive », a déclaré Farley. Les chercheurs ne s’attendent donc pas à trouver quoi que ce soit de vivant.

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Tout en haut, le cratère Jezero avec la zone d’atterrissage du futur rover (encerlée). Un zoom est effectué sur la zone encadrée en jaune. Les mudstones formées à partir de sédiments lentement déversés dans le lac, peuvent contenir des carbonates et même des restes biologiques (si cette biologie a jamais existé sur la planète rouge, bien entendu). Mais les formations de sable balayées par le vent, connues sous le nom de « vagues », constituent un danger pour le rover dans cette zone, ainsi que sur d’autres sites. Crédits : NASA/JPL/Université de l’Arizona

Les résultats de missions antérieures ont révélé que Mars n’a pas toujours été ce monde désertique et désolé que nous connaissons aujourd’hui.

En effet, les volcans dormants suggèrent que la planète a déjà eu une intense activité volcanique. De plus, des reliefs tels que le delta desséché du cratère Jezero démontrent que de l’eau liquide a bel et bien existé à la surface de la planète. Cela signifie que Mars avait peut-être une atmosphère plus épaisse auparavant, qui empêchait l’eau de s’évaporer.

Cette nouvelle vision de Mars ressemble à ce que l’on sait de la Terre primitive : les scientifiques savent que la vie microbienne a débuté sur Terre il y a 4 milliards d’années. Et si c’est arrivé sur Terre, pourquoi pas sur Mars ?

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Le cratère Jezero est le meilleur endroit sur Mars pour sonder la question, a déclaré Tim Goudge, géologue à l’Université du Texas, à Austin (USA), qui est l’un des principaux défenseurs de ce site-là, pour l’atterrissage du rover.

Les scientifiques adorent les deltas, en raison de la manière dont ils peuvent recueillir de nombreux sédiments qui se sont déposés en couches, et qui ont fini par se durcir en roches. La plupart des fossiles les plus anciens découverts sur Terre, proviennent de ce type d’environnement.

Si un microbe nageait dans les cours d’eau de Mars, ses restes organiques pourraient toujours être enfouis dans les mudstones, le long du rebord du cratère Jezero.

« Les roches sédimentaires nous racontent l’histoire de ce qui se passe sur un site. C’est enregistré dans les différentes couches, et vous pouvez les lire comme un livre », a déclaré Goudge.

Dans une note annonçant sa sélection, Zurbuchen a souligné que Jezero offrait des possibilités d’exploration après sa mission initiale, qui durera une année et demie martienne (soit environ 2,8 années terrestres). En effet, le cratère n’est pas loin d’une zone connue sous le nom de Midway, qui partage de nombreuses caractéristiques avec le nord-est de Syrtis.

Lors d’une récente réunion visant à évaluer les sites d’atterrissage potentiels, les membres de l’équipe scientifique du projet Mars 2020 ont déclaré qu’une mission étendue reliant Jezero à Midway pourrait permettre aux scientifiques d’explorer les deux sites de manière optimale.

Il faut savoir que le cratère Jezero est un environnement plus dangereux que là où la NASA fait généralement atterrir ses rovers. En effet, souvent, les atterrisseurs doivent se poser sur ce que les scientifiques appellent (en plaisantant) un « parking », soit une région plate et sans relief.

Puis, le rover doit parcourir de longues distances pour atteindre les rochers qu’il souhaite analyser. Cependant, une nouvelle technologie innovante appelée navigation relative au terrain (dit TRN – terrain relative navigation), permet à l’engin spatial de comparer les images du paysage situé en dessous de celui-ci, à une carte des risques connus, ce qui devrait permettre au véhicule de se poser en toute sécurité.

Seulement 40% environ des missions sur Mars ont été un succès. Donc, la mission Mars 2020 n’est pas une entreprise à faible risque. « Il n’y a pas de plan de secours », a déclaré Zurbuchen lundi.

Comme la technologie TRN n’a jamais été déployée auparavant, Zurbuchen a demandé aux ingénieurs de lui fournir une analyse supplémentaire de cette technologie. Car, en effet, sans l’assurance que la technologie fonctionnera comme prévu, l’environnement complexe du cratère Jezero pourrait présenter un risque d’atterrissage beaucoup trop élevé. Mais Zurbuchen s’est dit satisfait des progrès réalisés jusqu’à présent par la nouvelle technologie TRN.

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Jadis, sur Mars, l’eau découpait des canaux dans le paysage et transportait des sédiments pour former des deltas dans les bassins lacustres, comme le montre cette image du cratère Jezero. Crédits : NASA/JPL-Caltech/MSSS/JHU-APL

Lori Glaze, directrice par intérim de la Division des sciences planétaires de la NASA, a déclaré à la presse que cette mission définirait la prochaine décennie d’exploration martienne. « Plus nous comprendrons l’environnement de Mars, mieux nous serons équipés pour envoyer des équipes humaines », a-t-elle déclaré.

La NASA prévoit le lancement de sa mission Mars 2020, le 17 juillet 2020, avec un atterrissage prévu en février 2021. Selon Zurbuchen, la NASA prévoit également de lancer une mission supplémentaire à la fin des années 2020 dans le but de collecter les échantillons de roche récupérés par le rover.

Si cette deuxième mission sur Mars est un succès, alors le vaisseau spatial sera renvoyé vers la Terre avec sa livraison, au début des années 2030. « Nous n’allons pas nous rendre dans un autre endroit de si tôt. Mars est le lieu évident, après la Lune, pour étendre notre présence de plus en plus loin dans l’espace », a déclaré Zurbuchen.

Source : NASA/JPL

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