Le masque chirurgical rend plus attirant, selon une étude

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| Pixabay
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Plus ou moins bien acceptés par la population, les masques de protection font désormais partie de notre quotidien. Et cela n’est pas nécessairement pour nous déplaire : une étude britannique révèle en effet que les personnes apparaissent plus séduisantes aux yeux d’autrui lorsque la moitié inférieure de leur visage est masquée. Et parmi les masques de protection existants, le masque chirurgical bleu jetable est celui dont l’effet est le plus significatif.

Si le port systématique du masque est une nouvelle habitude pour nous, occidentaux, il était déjà largement utilisé dans certains autres pays, notamment au Japon où il est courant de porter un masque dès lors que l’on est malade. Certaines Japonaises optent même pour le masque lorsqu’elles ne sont pas maquillées ou bien lorsqu’elles souffrent d’acné (persuadées qu’elles sont ainsi plus attirantes). En Chine, il est d’usage de porter un masque pour se protéger de la pollution. De précédentes recherches, datant d’avant la pandémie de COVID-19, se sont donc penchées sur l’effet du port d’un masque médical sur l’attractivité faciale.

Menée sur un échantillon japonais, cette étude a montré que le port du masque médical était généralement associé à la maladie (ou plus globalement à un mauvais état de santé) et de ce fait, entraînait un effet de répulsion, ou du moins, rendait son porteur moins attractif (c’est l’effet « masque sanitaire »). Curieusement, il est apparu pendant la pandémie que l’effet s’était complètement inversé : les masques médicaux augmentaient l’attractivité des gens et au contraire, ceux qui n’en portaient pas (et qui avaient pourtant un physique avantageux) étaient jugés moins séduisants que lorsqu’ils en portaient un.

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Le port du masque affecte-t-il les jugements ?

La recherche sur les effets secondaires des masques a des implications importantes pour la vie quotidienne. En effet, certaines preuves suggèrent que le port de masques altère la communication vocale et peut être un obstacle à l’interaction sociale ; ils nuiraient également à la reconnaissance des émotions, entraînant une baisse de confiance, voire une certaine confusion de la part des interlocuteurs. Cette nouvelle étude, publiée dans la revue Cognitive Research: Principles and Implications, avait pour objectif de clarifier certains points soulevés par les recherches antérieures : dans quelle mesure l’effet « masque sanitaire » est-il universel ? Comment les masques faciaux en tissu affectent-ils les jugements sur l’attractivité du visage ?

Pour répondre à ces questions, Olivier Hies et Michael B. Lewis, de l’École de psychologie de l’Université de Cardiff, ont recruté 43 volontaires, toutes des femmes âgées de 18 à 24 ans. L’expérimentation s’est déroulée en février 2021, soit sept mois après que le port du masque soit devenu obligatoire au Royaume-Uni. Le groupe a été invité à évaluer, sur une échelle de 1 à 7, l’attractivité d’une quarantaine de visages masculins (des portraits frontaux, de différentes origines) ; tous affichaient une expression neutre et aucun n’avait de piercing, de lunettes, de barbe ou d’autres caractéristiques potentiellement occlusives ou facteurs de confusion.

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Exemples des quatre types de stimuli utilisés pour l’étude. © O. Hies et al.

Chacun des portraits a été évalué sans masque, puis avec un masque en tissu (décoré de motifs abstraits), ainsi qu’un masque médical ; chacun a également été photographié tenant un livre noir uni couvrant une zone du visage comparable à celle occultée par les masques. Les participantes à l’étude ont donc évalué quatre fois chaque visage — les différentes « versions » leur ont été présentées de manière aléatoire.

La « désirabilité sociale » potentiellement en cause

« Nous avons voulu vérifier si cela avait changé depuis que les masques sont devenus omniprésents et comprendre si le type de masque avait un effet », explique le Dr Michael Lewis dans un communiqué. Il ressort des résultats que les visages jugés de base « à faible attractivité » ont été jugés moins attrayants que ceux qui de base étaient considérés comme « à forte attractivité », et ce, quel que soit le type d’occlusion. Mais il s’avère que ce dernier a de l’importance : dans les deux groupes, les masques médicaux bleus se sont révélés plus attrayants que tous les autres types de masques et que les visages nus.

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Cotes d’attractivité moyennes pour les quatre conditions d’occlusion pour les visages, qui ont été initialement évalués comme attrayants ou peu attrayants. © O. Hies et al.

Des comparaisons par paires des différents types d’occlusion ont montré que les visages équipés d’un masque en tissu étaient jugés significativement plus attrayants que les visages non masqués ; cet effet pourrait être dû au fait que le masque peut potentiellement cacher des défauts du visage. Toutefois, les chercheurs notent que l’effet est le même pour les personnes au physique avantageux. Une focalisation accrue sur les yeux de la personne pourrait être une autre explication. Le masque chirurgical était non seulement jugé plus attrayant qu’un visage non masqué, mais aussi que tous les autres types d’occlusion.

Selon l’équipe, le fait que le masque médical soit associé à une attraction accrue est peut-être dû à la connotation professionnelle qu’il porte, ce que les chercheurs appellent « la désirabilité sociale » : une étude menée en 2004 avait déjà mis en évidence le lien entre la tenue vestimentaire médicale et l’attractivité, les hommes médecins en blouse blanche étaient alors jugés plus attirants que ceux qui n’en portaient pas. « Le masque facial médical est en fait devenu une icône de la lutte des professionnels de la santé contre la pandémie de COVID-19 », soulignent les auteurs de l’étude.

« Nous sommes habitués à voir les travailleurs de la santé porter des masques bleus et nous les associons désormais à des personnes exerçant des professions soignantes ou médicales. À un moment où nous nous sentons vulnérables, nous pouvons trouver le port de masques médicaux rassurant et nous sentir plus positifs envers la personne qui les porte », précise Lewis. D’autres recherches seront menées avec des participants des deux sexes, pour voir si les résultats s’appliquent aux deux.

Source : O. Hies et al., Cognitive Research: Principles and Implications

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