Un médicament qui « dissout » les tumeurs pourrait bientôt remplacer la chirurgie pour le cancer du côlon

Un médicament qui fait fondre les tumeurs pourrait bientôt remplacer la chirurgie pour le cancer de l intestin couv
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Une forme agressive de cancer du côlon pourrait être traitée avec un traitement d’immunothérapie déjà disponible au Royaume-Uni, suggèrent de nouvelles recherches. Le médicament d’immunothérapie en question, le pembrolizumab (connu sous le nom de Keytruda), permet littéralement la dissolution des tumeurs volumineuses à haut risque (par le système immunitaire), épargnant potentiellement aux patients la nécessité d’une intervention chirurgicale. Selon les résultats d’un essai clinique réalisé par l’University College de Londres (UCL), l’administration de ce médicament pourrait tripler les chances de survie d’un patient atteint d’un cancer du côlon.

La chirurgie est le traitement standard (suivi d’une chimiothérapie) pour venir à bout de la majorité des tumeurs traitables. En revanche, ce que les médecins de l’UCL ont découvert pourrait « changer la donne », comme l’affirme dans un communiqué le professeur Mark Saunders, oncologue clinicien consultant au Christie Foundation Trust. « L’immunothérapie préalable à la chirurgie pourrait bien changer la donne pour ces patients atteints de ce type de cancer. Non seulement le résultat est meilleur, mais cela évite aux patients de subir une chimiothérapie plus conventionnelle, qui entraîne souvent davantage d’effets secondaires », déclare-t-il.

Un traitement qui pourrait remplacer la chirurgie ?

Au Royaume-Uni, 43 000 cas de tumeurs intestinales sont recensés chaque année, en faisant la troisième forme de maladie la plus courante dans le pays. Dans leur étude, les chercheurs de l’UCL se sont concentrés sur un type de tumeur colorectale qui concerne environ 3000 Britanniques par année. L’essai s’est porté sur 32 patients de stade deux ou trois avec un déficit en MMR/MSI élevé (un profil génétique). Les mutations génétiques chez ces patients rendaient l’éradication difficile, c’est pourquoi dans la première phase de l’essai, les médecins ont essayé de les traiter avec du pembrolizumab.

Au cours des neuf semaines précédant la chirurgie, chaque patient a reçu trois doses de Keytruda. Le médicament a été administré par injection dans le dos de la main et agit ensuite de façon à bloquer la capacité du cancer à désactiver le système immunitaire. Ainsi, les globules blancs du patient sont libérés pour lutter naturellement contre la tumeur. Après avoir terminé le traitement d’immunothérapie, les patients ont été suivis de près pendant 19 mois.

Selon les résultats de l’étude, qui ont été présentés lors de la conférence de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO), 59 % des participants n’avaient déjà plus de cancer avant la date de leur intervention chirurgicale. Les 41 % restants ont subi une ablation de leur tumeur et sont entrés en rémission après les deux traitements. Le Dr Kai-Keen Shiu, responsable des essais à l’UCL Cancer Institute, a déclaré : « l’immunothérapie peut faire disparaître les tumeurs avant la chirurgie. Si vous faites fondre le cancer avant une intervention chirurgicale, vous triplez normalement les chances de survie ». « Nos résultats montrent qu’il s’agit d’un traitement sûr et très efficace qui augmente les chances de guérir la maladie à un stade précoce », poursuit Shiu.

Actuellement, les taux de survie sur cinq ans sont de 90 % pour les patients qui sont diagnostiqués au stade un, de 65 % pour ceux diagnostiqués au stade deux et de 10 % au stade 3. À cela s’ajoute le fait que seulement moins de 5 % de ceux qui ont reçu des soins standard ne présentaient plus de signe de cancer après la chirurgie. C’est pourquoi la prochaine étape de l’étude consistera à déterminer les taux de survie et de récidive. « Nous devons attendre pour voir si les patients de notre essai restent indemnes de cancer sur une période plus longue, mais les premières indications sont extrêmement positives », a déclaré Shiu. Saunders a ajouté : « il s’agit d’un nouveau traitement très intéressant pour les 10 à 15 % de patients qui ont la bonne constitution génétique ».

Le Dr Lisa Wilde, responsable de la recherche et des relations extérieures pour Bowel Cancer UK, a déclaré : « les résultats de cet essai sont certainement prometteurs pour les personnes présentant les bonnes variantes génétiques, mais des recherches supplémentaires sont nécessaires avant de pouvoir les mettre à la disposition des patients ». L’immunothérapie est déjà utilisée pour traiter diverses formes de cancers agressifs, notamment les cancers du poumon, du col de l’utérus et du sein.

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