La motivation dépend de la manière dont le cerveau gère la fatigue, selon une nouvelle étude

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La faculté de persister dans une tâche ou, au contraire, d’abandonner lorsqu’une activité demande un certain effort, fait intervenir des mécanismes neurocognitifs qui ne sont pas entièrement compris par les scientifiques. Récemment, une équipe de chercheurs a précisé ce phénomène en montrant que la motivation à exécuter des tâches dépend directement de la manière dont le cerveau gère et traite la fatigue.

Comment décidons-nous si une activité qui demande du travail « en vaut la peine » ? Des chercheurs de l’Université de Birmingham et de l’Université d’Oxford ont montré que la volonté de travailler n’est pas statique et dépend des rythmes fluctuants de la fatigue. La fatigue, c’est-à-dire le sentiment d’épuisement dû à l’accomplissement de tâches exigeantes, est quelque chose que nous vivons tous quotidiennement. Cela nous fait perdre la motivation et nous donne envie de faire une pause.

Une motivation liée au type de fatigue ressenti

Bien que les scientifiques comprennent les mécanismes que le cerveau utilise pour décider si une tâche donnée en vaut la peine, l’influence de la fatigue sur ce processus n’est pas encore bien comprise. L’équipe de recherche a mené une étude pour étudier l’impact de la fatigue sur la décision d’une personne de faire un effort. Ils ont premièrement mis en évidence le fait que les gens sont moins susceptibles de travailler et de faire des efforts, même pour une récompense, s’ils sont fatigués (ce qui n’est pas étonnant jusqu’ici).

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Haut : l’activité cérébrale dans deux sous-régions du cortex cingulaire antérieur varie avec le type de fatigue (temporaire et à long terme). Bas : l’activité cérébrale dans le gyrus frontal moyen est associée à la fatigue à long terme. © Tanja Müller et al. 2021

Puis curieusement, les chercheurs ont découvert qu’il y avait deux types différents de fatigue qui étaient détectés dans des parties distinctes du cerveau. Dans le premier cas, la fatigue est vécue comme une sensation à court terme, qui peut être surmontée après un court repos. Au fil du temps, cependant, un deuxième sentiment à plus long terme s’accumule, empêche les gens de vouloir travailler et ne disparaît pas avec de courts repos.

« Nous avons constaté que la volonté des gens de faire des efforts fluctuait à chaque instant, mais diminuait progressivement à mesure qu’ils répétaient une tâche au fil du temps. De tels changements dans la motivation au travail semblent être liés à la fatigue et nous font parfois décider de ne pas persister », explique Tanja Müller, chercheuse à l’Université d’Oxford. Les résultats ont été publiés dans la revue Nature Communications.

Fatigue : elle fluctue au cours de l’effort

L’équipe a testé 36 jeunes personnes en bonne santé sur une tâche informatique, où il leur a été demandé de faire un effort physique pour obtenir différentes quantités de récompenses pécuniaires. Les participants ont effectué plus de 200 essais et dans chacun, on leur a demandé s’ils préféraient « travailler » — ce qui impliquait de serrer un dispositif de force de préhension — et obtenir les récompenses les plus élevées offertes, ou se reposer et ne gagner qu’une petite récompense.

L’équipe a construit un modèle mathématique pour prédire le niveau de fatigue qu’une personne ressentirait à tout moment de l’expérience, et à quel point cette fatigue influencerait sa décision de travailler ou de se reposer. Pendant l’exécution de la tâche, les participants ont également effectué une IRMf, ce qui a permis aux scientifiques de rechercher une activité dans le cerveau correspondant aux prédictions du modèle. Ils ont découvert que des zones du cortex frontal du cerveau avaient une activité qui fluctuait conformément aux prédictions, tandis qu’une zone appelée striatum ventral indiquait à quel point la fatigue influençait la motivation des gens à continuer à travailler.

« Ces travaux offrent de nouvelles façons d’étudier et de comprendre la fatigue, ses effets sur le cerveau et les raisons pour lesquelles elle peut changer la motivation de certaines personnes plus que d’autres. Cela aide à comprendre quelque chose qui affecte la vie de nombreux patients, ainsi que des personnes au travail, à l’école et même des athlètes d’élite », déclare Matthew Apps, auteur principal de l’étude, chercheur à l’Université de Birmingham.

Sources : Nature Communications

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