Le narcissisme serait en réalité généré par une faible estime de soi

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| W. Keith Campbell
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Le narcissisme désigne classiquement l’amour de soi. Si une part de narcissisme fait normalement partie du processus de construction psychique des individus, un narcissisme exacerbé peut devenir un trouble de la personnalité narcissique. Jusqu’à maintenant, les modèles établis en psychologie présentaient l’estime de soi élevée comme le moteur principal du narcissisme. Mais des résultats récents auraient tendance à démontrer que, au contraire, le narcissisme serait plutôt sous-tendu par un manque de confiance en soi.

Le narcissisme est motivé par l’insécurité et non par une estime de soi démesurée, constate une nouvelle étude menée par une équipe de chercheurs en psychologie. Ces recherches, qui offrent une compréhension plus détaillée de ce phénomène longuement examiné, peuvent également expliquer ce qui motive la nature auto-focalisée de l’activité des médias sociaux.

« Pendant longtemps, on ne savait pas pourquoi les narcissiques se livraient à des comportements désagréables, tels que l’auto-félicitation, car cela incite les autres à penser moins à eux. Cela s’est assez répandu à l’ère des médias sociaux ; un comportement qui a été appelé ‘flexing’. Notre travail révèle que ces narcissiques ne sont pas grandioses, mais plutôt peu sûrs d’eux, et c’est ainsi qu’ils semblent faire face à leurs insécurités », explique Pascal Wallisch, professeur au département de psychologie de l’Université de New York.

« Plus précisément, les résultats suggèrent que le narcissisme est mieux compris comme une adaptation compensatoire pour surmonter et couvrir la faible estime de soi. Les narcissiques ne sont pas en sécurité, et ils font face à ces insécurités via le flexing. Cela les différencie encore plus des autres à long terme, aggravant ainsi davantage leurs insécurités, ce qui conduit alors à un cercle vicieux de comportements de flexing », ajoute Mary Kowalchyk, auteure principale de l’article.

Les quelque 300 participants à l’enquête — environ 60% de femmes et 40% d’hommes — avaient un âge médian de 20 ans et ont répondu à 151 questions par ordinateur. Les chercheurs ont examiné le trouble de la personnalité narcissique (NPD), conceptualisé comme un amour de soi excessif et composé de deux sous-types, connus sous le nom de narcissisme grandiose et vulnérable. Une pathologie connexe, la psychopathie, se caractérise également par un sens grandiose de soi. Ils ont cherché à affiner la compréhension de la relation entre ces troubles.

Narcissisme : il serait corrélé à une faible confiance en soi

Pour ce faire, ils ont conçu une nouvelle méthode de mesure, appelée PRISN (Performative Refinement to calm Insecurities about SophisticatioN), qui a produit l’indice FLEX (perFormative seLf-Elevation indeX). FLEX capture les auto-conceptualisations basées sur l’insécurité qui se manifestent par la gestion des impressions, conduisant à des tendances à l’estime auto-exacerbée.

parametres evaluation indice flex
Paramètres de personnalité et comportement évalués par l’indice FLEX. © Mary Kowalchyk et al. 2021

L’échelle PRISN comprend des mesures couramment utilisées pour étudier la désirabilité sociale (« peu importe à qui je parle, je suis un bon orateur »), l’estime de soi (« dans l’ensemble, je suis satisfait de moi-même ») et la psychopathie (« j’ai tendance à manquer de remords »). Il a été démontré que FLEX était composé de quatre éléments : la gestion des impressions (« je suis susceptible de me vanter si j’en ai l’occasion »), le besoin d’une validation sociale (« il importe que je sois vu lors d’événements importants »), soi -élévation (« j’ai de très bons goûts ») et domination sociale (« j’aime en savoir plus que les autres »).

schema cercle vicieux auto estime de soi
Schéma montrant le cercle vicieux de l’estime de soi auto-exacerbée. Première phase : il y a un écart entre la façon dont l’individu veut que les autres le perçoivent et la façon dont il pense être perçu actuellement, ce qui est vécu comme une insécurité, qui cause de la douleur. Phase deux : pour réduire rapidement la douleur, l’individu adopte un comportement d’auto-élévation, ce qui biaise la façon dont il pense que les autres les perçoivent, le rapprochant de l’état désiré. Phase trois : cependant, ce comportement conduit à des effets répulsifs (d’autres pensent de facto moins à la personne qu’avant) qui, s’ils sont communiqués à la personne par la rétroaction, augmentent les insécurités et la douleur, conduisant à la dernière étape du cercle. Désormais, l’écart et l’insécurité accrus se feront sentir de manière encore plus aiguë, ce qui rendra encore plus probable le futur comportement d’auto-élévation. © Mary Kowalchyk et al. 2021

Dans l’ensemble, les résultats ont montré des corrélations élevées entre FLEX et le narcissisme, mais pas avec la psychopathie. Par exemple, le besoin d’une validation sociale était en corrélation avec la tendance rapportée à s’engager dans une auto-félicitation performative (une caractéristique du narcissisme vulnérable).

En revanche, les mesures de la psychopathie, telles que les niveaux élevés d’estime de soi, ont montré de faibles niveaux de corrélation avec le narcissisme vulnérable, ce qui implique un manque d’insécurité. Ces résultats suggèrent que les narcissiques authentiques ne sont pas sûrs d’eux et sont mieux décrits par le sous-type de narcissisme vulnérable, alors que le narcissisme grandiose pourrait être mieux compris comme une manifestation de la psychopathie.

Sources : Personality and Individual Differences

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