Les Néandertaliens chassaient les dangereux lions des cavernes, révèle une étude

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Les Néandertaliens chassaient les lions des cavernes eurasiens et exploitaient leur peau. | Sémhur/Wikimedia commons
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Des archéologues révèlent que les Néandertaliens étaient des chasseurs aguerris, chassant même les dangereux lions des cavernes eurasiens afin de s’en nourrir et d’utiliser leur peau probablement comme trophée. Jusqu’ici, on pensait que l’importance culturelle de ce grand prédateur n’a pris naissance que depuis Homo sapiens. Cependant, des traces de dépeçage élaboré sur des restes d’animaux ayant vécu il y a entre 48 000 et 190 000 ans suggèrent que ce lien est bien plus ancien qu’on le croyait.

L’interaction avec les grands carnivores a façonné le parcours évolutif et le comportement des hominidés, depuis leur apparition. Les archives paléo-archéologiques montrent que ces animaux influençaient le comportement culturel des humains depuis le Paléolithique, notamment par l’utilisation de parties de leur corps (en tant qu’ornements, de trophée ou pour des rituels religieux) et leur représentation artistique.

Parmi tous les grands prédateurs que nous avons rencontrés au cours de notre évolution, le lion possède une importance culturelle clé. Jusqu’à ce jour, il reste un symbole de puissance, de charisme et de pouvoir. Jusqu’à sa disparition vers la fin du Pléistocène, le lion des cavernes eurasien (Panthera spelaea) était le plus grand prédateur du continent. Il y occupait un rôle écologique majeur, en tant que principal prédateur pour les grands herbivores tels que le mammouth et le bison. La présence d’ossements (fréquemment retrouvés) dans des grottes est à l’origine de son nom.

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De nombreuses preuves indiquent que le félin revêtait une importance culturelle notable pour les Homo sapiens ayant vécu en Eurasie, durant le Paléothique supérieur. Il est par exemple représenté dans d’anciennes peintures rupestres datant d’environ 34 000 ans, dans la grotte de Chauvet (sud-est de la France). Parmi les représentations figurent des sculptures en ivoire, dont le célèbre homme-lion d’Allemagne (datant de 40 000 ans) et des figurines retrouvées dans les gisements du Jura souabe (Allemagne).

Malgré les archives démontrant l’importance du lion des cavernes pour notre évolution culturelle, la manière dont les taxons plus anciens composant notre lignée interagissaient avec ce prédateur n’est pas claire. En effet, on pensait jusqu’ici que la valorisation culturelle du grand félin n’a pris naissance que depuis Homo sapiens. Pourtant, des recherches antérieures ont montré que les Néandertaliens étaient des chasseurs aguerris, pouvant s’attaquer aux ursidés et autres grands carnivores. Ils exploitaient les ressources animales non seulement pour se nourrir, mais également à des fins non utilitaires.

Cependant, les preuves évidentes indiquant une interaction directe entre les Néandertaliens et les lions des cavernes sont rares. Quelques parties du squelette de l’animal retrouvées en France, en Allemagne et en Italie et datant de la fin du Pléistocène, comportaient des traces de dépeçage. Cependant, rien n’indiquait précisément une utilisation au-delà de l’alimentation. Une nouvelle étude dirigée par l’Université de Reading (en Allemagne) apporte de nouveaux éléments dans ce sens et suggère que le grand félin prenait une place importante dans la culture néandertalienne. Les résultats sont disponibles dans la revue Scientific Reports.

Présence de marques évidentes de dépeçage

Dans le cadre de la nouvelle étude, les chercheurs ont effectué des fouilles sur le site de Siegsdorf (Allemagne) et récupéré les restes d’un lion des cavernes dans un dépôt de limon datant d’environ 48 000 ans. Les analyses taphonomiques (du mécanisme de fossilisation) du squelette ont montré qu’il s’agissait d’un mâle de taille moyenne et d’un âge assez avancé, d’après l’état d’usure de ses dents et le remodelage osseux. Les experts ont relevé trois types de modifications de surface : des dommages causés par le piétinement, des rongements par d’autres carnivores et des modifications anthropiques. Ces dernières ont ensuite été classées en deux catégories : les lésions causées par la chasse et les marques de dépeçage.

En analysant les lésions d’origine anthropique, les chercheurs ont remarqué des traces différant clairement de celles laissées par d’éventuelles morsures (par d’autres prédateurs) et davantage associées à l’utilisation d’une arme de chasse. D’après Annemieke Milks, archéologue à l’Université de Reading et coauteure principale de l’étude, « le lion a probablement été tué par une lance qui a été enfoncée dans son abdomen, alors qu’il gisait déjà sur le sol ».

En effet, l’une des marques était une perforation partielle, suffisamment profonde pour atteindre la chaire sans briser les os. Les caractéristiques de modification de surface indiquent qu’elle a été effectuée lorsque les tissus étaient encore frais. Et, étant donné qu’aucun processus de cicatrisation n’a été amorcé, l’impact s’est probablement produit péri-mortem. En outre, la morphologie de la perforation ne correspond pas à celle laissée par d’autres prédateurs, qui laissent généralement des marques des deux côtés de l’os mordu. Dans leur ensemble, ces données correspondent à un processus de chasse, puis de dépeçage.

Une technique élaborée visant à préserver la peau

La seconde partie de l’étude concerne des échantillons collectés dans les grottes d’Einhornhöhle (Allemagne), encastrés dans des strates minérales âgées d’environ 190 000 ans. Les spécimens analysés correspondent à des mâles adultes. D’après les chercheurs, les traces relevées sur les ossements suggèrent qu’elles ont été produites par des outils en pierre. Les carcasses auraient été introduites dans les grottes alors qu’elles possédaient encore leur fourrure. Des marques de coupure au niveau des phalanges distales indiquent que ces fourrures ont ensuite été intentionnellement détachées, selon un processus relativement complexe.

Ces données révèlent que les Néandertaliens utilisaient une technique de dépeçage élaborée, de sorte à préserver la peau et garder des éléments esthétiques tels que les griffes. Cela signifie que l’animal possédait une signification particulière dans leur culture. D’après Thomas Terberger, de l’Université de Göttingen et également auteur de l’étude, « l’intérêt des humains à gagner le respect et le pouvoir grâce à un trophée de lion est enraciné dans le comportement de Néandertal et jusqu’aux temps modernes, le lion étant un puissant symbole des dirigeants aujourd’hui encore ».

Source : Scientific Reports

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