Notre conscience pourrait provenir d’ondes électromagnétiques

théorie conscience ondes électromagnétiques
| Pixabay
⇧ [VIDÉO]   Vous pourriez aussi aimer ce contenu partenaire

Johnjoe McFadden, généticien moléculaire à la faculté de la santé et des sciences médicales de l’université de Surrey, propose une théorie pour expliquer d’où vient et ce qu’est notre conscience. Dans un article publié dans Neuroscience of Consciousness, il suggère que notre capacité à penser, à être conscient, serait en fait issue d’un champ d’ondes électromagnétiques, généré par les neurones lorsqu’ils s’activent.

Ces ondes d’activité électrique seraient émises par nos neurones, puis à mesure qu’elles se propagent à travers le cerveau, elles mettraient en place toute notre expérience consciente. MacFadden n’apporte pas vraiment de preuves tangibles de ce qu’il avance, mais sa théorie pourrait tout de même ouvrir la voie à la conception de robots capables de penser et ressentir des émotions par eux-mêmes, comme un être humain.

Un champ d’énergie sous-estimé

La conscience, c’est l’ensemble de ce que l’on ressent. Nos émotions, nos sensations, notre réflexion. Les premières théories sur ce qu’est réellement la conscience et surtout, sur son origine tendaient généralement vers le surnaturel : les êtres humains devaient être dotés d’une âme immatérielle leur conférant conscience, pensée et libre arbitre. Cette vision basée sur une relation corps-esprit est connue sous le nom de dualisme.

La plupart des scientifiques ont rejeté aujourd’hui cette philosophie, en faveur d’une vision « moniste » de la conscience, qui serait générée par le cerveau lui-même et son réseau de milliards de nerfs. Plusieurs neuroscientifiques décrivent ainsi la conscience comme une sorte de récit, que notre cerveau construit à partir de notre vécu (nos sens, nos perceptions et nos actions). McFadden propose, quant à lui, une forme scientifique de dualisme, basée sur la relation matière-énergie, et non matière-âme. Son hypothèse n’inclut donc pas de dimension spirituelle ; au contraire, il avance une explication bien plus concrète, basée sur un phénomène physique : la création d’un champ d’énergie.

En effet, sa théorie — qu’il nomme « théorie du champ d’information électromagnétique conscient » — est basée sur un fait scientifique, observable : lorsque les neurones du cerveau et du système nerveux s’activent, ils envoient un signal électrique dans les fibres nerveuses, ainsi qu’une impulsion d’énergie électromagnétique dans l’ensemble des tissus environnants. Une telle énergie est généralement ignorée, mais elle contient les mêmes informations que les signaux nerveux, sous forme d’une onde d’énergie immatérielle. Ce champ électromagnétique est pourtant bien connu et il peut être détecté par des techniques de balayage cérébral telles que l’électroencéphalogramme (EEG) et la magnétoencéphalographie (MEG). Il a toutefois été jugé comme non pertinent pour la fonction cérébrale.

McFadden n’est pas d’accord sur ce dernier point : selon lui, ce champ magnétique riche d’informations serait le siège même de notre conscience, conduisant au libre arbitre et à toutes nos actions. « Comment la matière cérébrale prend-elle conscience et parvient-elle à penser est un mystère qui a été médité par des philosophes, des théologiens, des mystiques et des gens ordinaires pendant des millénaires. Je crois que ce mystère a maintenant été résolu, et que la conscience est l’expérience de nerfs qui se connectent au champ électromagnétique autogénéré du cerveau pour conduire ce que nous appelons le « libre arbitre » et nos actions volontaires », explique-t-il.

Une piste vers des machines capables de ressentir ?

À la base de tout raisonnement sur la conscience se trouve ce que McFadden désigne par « le problème de liaison », soit comprendre notre capacité à intégrer l’information à travers le temps, l’espace, les attributs et les idées dans un esprit conscient. Concrètement, comment les composants disparates d’une scène visuelle (couleurs, textures, lignes, mouvements, etc.), qui sont pourtant traités dans des régions distinctes du cerveau, sont-ils réunis pour former un percept conscient unifié ? Ce type de problème, impliquant la planification et l’exécution de plusieurs étapes séquentielles, est néanmoins instantanément saisi et résolu dans son intégralité sous forme d’information intégrée. L’enjeu est donc de comprendre comment le cerveau réalise cette intégration.

McFadden précise que selon le physicien Rolf Landauer, « l’information est physique », de sorte que l’information intégrée, si elle existe, doit être encodée par un substrat physiquement intégré. Or, il existe des systèmes physiques qui codent des informations intégrées dans l’espace en un seul instant : des champs de force. Par exemple, le champ électromagnétique représente en tout point de l’espace une intégration d’informations concernant le type, la répartition et le mouvement des charges locales. Contrairement à une intégration temporelle, les champs de force intègrent physiquement des informations complexes qui peuvent être téléchargées simultanément à partir de n’importe quel point du champ.

C’est ce qui a conduit McFadden à sa théorie. « L’idée que le siège de la conscience est simplement le champ électromagnétique du cerveau peut initialement sembler bizarre, mais n’est pas plus extraordinaire que l’affirmation selon laquelle le siège de la conscience est la matière du cerveau », souligne-t-il dans son article. Selon lui, c’est donc dans le champ électromagnétique du cerveau que se rassembleraient les informations codées dans des millions de neurones physiquement séparés. C’est dans ce champ d’énergie que les problèmes seraient appréhendés dans leur intégralité.

L’auteur reconnaît que de nombreuses questions demeurent sans réponse, telles que le degré et l’étendue de la synchronie nécessaire pour coder les pensées conscientes, l’influence potentielle des médicaments sur le champ électromagnétique, etc. En attendant, McFadden estime que le fait que nous ne soyons pas encore parvenus à créer des robots dotés d’une conscience, ou une intelligence artificielle « sentimentale », constitue la preuve que les modèles de conscience proposés jusqu’à présent sont incorrects. Selon sa propre théorie, il suffirait de recréer dans une machine le champ d’ondes électriques généré dans notre cerveau pour y insuffler un brin de conscience.

Source : Neuroscience of Consciousness, Johnjoe McFadden

Laisser un commentaire
Cliquez pour accéder à d'autres articles sur ce sujet.