Un oiseau extrêmement rare mi-mâle mi-femelle repéré en Colombie

oiseau male femelle
Le grimpereau vert gynandromorphe bilatéral, photographié près de Manizales en Colombie. | John Murillo
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Un grimpereau vert (Chlorophanes spiza) extrêmement rare, mi-mâle, mi-femelle, a récemment été photographié par un ornithologue amateur, près de Manizales, en Colombie. Il s’agit du second cas recensé en plus de 100 ans de gynandromorphisme bilatéral chez cette espèce. Le spécimen repéré présente très distinctement un côté bleu (mâle) et un côté vert (femelle). Il représente un cas exceptionnel de double fécondation chez les oiseaux.

Le gynandromorphisme bilatéral est un phénomène dans lequel un individu présente des caractéristiques à la fois mâles et femelles. Plus précisément, il s’agit d’une forme de chimérisme dans laquelle deux populations de cellules génétiquement distinctes coexistent au sein d’un même individu. Cela donne lieu à une division du corps en deux côtés bien distincts, l’un mâle et l’autre femelle. À ne pas confondre avec l’hermaphrodisme, qui est chez les animaux une condition permettant à un individu de passer d’un genre à l’autre, selon les circonstances. Les gynandromorphes quant à eux, possèdent constamment les deux genres en même temps.

Si le phénomène est souvent observé chez les insectes comme les papillons et les araignées, il est en revanche extrêmement rare chez les oiseaux. Chez ces derniers, il résulterait d’une erreur au cours de la méiose de l’ovule, suivie d’une double fécondation par deux spermatozoïdes distincts. En conséquence, un côté de l’oiseau présente des cellules femelles hétérogamétiques tandis que l’autre possède des cellules mâles homogamétiques (dont les chromosomes sexuels ne diffèrent pas morphologiquement). Ce chimérisme est particulièrement visible chez les espèces dont les couleurs des mâles et des femelles sont bien distinctes.

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Hamish Spencer, chercheur à l’Université d’Otago (en Nouvelle-Zélande), était en vacances en Colombie lorsque John Murillo — l’ornithologue amateur — lui a montré les images du spécimen sauvage de grimpereau vert gynandromorphe. Après analyse, l’expert a confirmé que le joli passereau bicolore n’est autre que le deuxième cas recensé en plus de 100 ans de gynandromorphisme bilatéral chez cette espèce, et le premier chez les oiseaux sauvages. « De nombreux ornithologues amateurs pourraient passer toute leur vie sans voir aucun gynandromorphe bilatéral, chez aucune espèce d’oiseau », a-t-il expliqué dans un communiqué. « Le phénomène est extrêmement rare chez les oiseaux, je n’en connais aucun exemple en Nouvelle-Zélande », a-t-il ajouté. La découverte est détaillée dans la revue Journal of Field Ornithology.

Une capacité de reproduction réduite

Les C. spiza sont des passereaux assez répandus entre le sud du Mexique et le sud-est du Brésil. La couleur de leur plumage est particulière et très distincte selon le sexe. Les mâles sont bleu vif avec la capuche, la face et le menton noirs. En revanche, les femelles sont vertes avec des tons légèrement plus pâles sur le bas du corps. La couleur du bec est également sexuellement dimorphe : les mâles ont une mandibule et un maxillaire inférieur jaune vif tandis que les femelles ont une mandibule jaune pâle et un maxillaire noir. Jusqu’à l’âge de reproduction, les jeunes oiseaux ressemblent davantage aux femelles.

Le spécimen gynandromorphe a été observé à une station d’alimentation pour l’observation des oiseaux, dans la Reserva Natural Demostrativa Don Miguel. Il s’agit d’une petite ferme jouxtée par de vastes parcelles de forêt secondaire, à 10 kilomètres au sud-ouest de la petite ville de Manizales, en Colombie. L’oiseau a été aperçu dans la station entre octobre 2021 et juin 2023. Les images capturées par Murillo révèlent un plumage typiquement masculin sur le côté droit et une robe typiquement féminine du côté gauche — à l’opposé du premier cas observé il y a plus de 100 ans. Ce motif est légèrement brouillé au niveau de la tête en raison de quelques plumes déplacées. La couleur de son bec semble correspondre à celle des mâles, bien que le coin inférieur gauche de la mandibule soit d’un jaune plus terne. « C’est très impressionnant, j’ai eu un grand privilège de le voir », a déclaré Spencer.

L’oiseau ne se serait pas comporté d’une manière inhabituelle et n’a pas été harcelé par d’autres oiseaux situés près de la même mangeoire. Cependant, il semblait éviter les autres grimpereaux de son espèce, ce qui semblait réciproque. Il serait notamment devenu territorial à un moment donné lors de l’observation, empêchant ses homologues de s’approcher de la mangeoire lorsqu’il y était. D’autre part, il attendait aussi généralement que les autres grimpereaux se nourrissent et quittent la mangeoire, avant de se nourrir à son tour. Cela suggère qu’il est peu probable qu’il puisse un jour avoir la possibilité se reproduire.

Source : Journal of Field Ornithology

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