Ces organismes géants composés d’une seule cellule apprennent et mémorisent les matières qu’ils croisent en les absorbant

Physarum-apprentissage
Physarum polycephalum, le myxomycète utilisé pour l'étude. | Audrey Dussutour/CNRS
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Des scientifiques ont étudié comment les myxomycètes, des organismes unicellulaires géants et sans système nerveux, ont la capacité d’apprendre et mémoriser les différentes matières qu’ils croisent afin de savoir si elles sont nocives ou non.

Considérés auparavant par erreur comme faisant partie du règne des champignons, les myxomycètes sont des protistes constitués de plusieurs noyaux, dont certaines espèces sont capables de fusionner, pour ne former qu’une unique cellule. Leurs diverses formes étranges et leur apparence visqueuse fascinent les biologistes, qui les surnomment « moisissures visqueuses » ou « blobs » pour ces raisons.

Ils possèdent également la capacité extraordinaire d’apprendre sans posséder de système nerveux. En effet, ils mémorisent les différentes matières avec lesquelles ils entrent en contact, et peuvent même transmettre les connaissances acquises à d’autres myxomycètes en fusionnant leurs veines.

Cette découverte fut démontrée par des scientifiques du CNRS, qui effectuent leurs études sur Physarum polycephalum, un blob modèle pour étudier l’intelligence des myxomycètes. Cependant, ils ne savaient pas sous quelles formes ces informations sont envoyées dans les veines.

Afin d’obtenir des réponses à leurs questions, ils ont mis en place une nouvelle expérience où de la nourriture était placée tout près des blobs, mais du sel les séparaient, forçant ainsi l’organisme à passer dessus pour aller se nourrir.

Le sel n’est pas dangereux pour les blobs, mais ces derniers montrent des signes de méfiance au premier contact, avec un rythme de déplacement plus lent. De précédentes recherches ont démontré qu’ils sont capables de se souvenir que le sel ne leur présente aucun danger et qu’ils deviennent moins méfiants après quelques passages avec un déplacement plus rapide.

Pour la première partie de l’expérience, 20 blobs ont été coupés en deux et séparés en deux groupes. Le premier était nourri au gel d’avoine mélangé avec du sel, et le second servait de contrôle, avec également du gel d’avoine mais sans sel. La concentration de sel dans chaque blob fut mesurée 6 jours plus tard, et comme prévu, les échantillons du premier groupe en contenaient une plus grande quantité.

La seconde partie avait pour but de faire passer les deux groupes sur des ponts d’agar, mais constitués de sel pour le premier groupe. Après plusieurs passages durant 6 jours, tous les blobs des deux groupes durent passer sur un pont d’agar mélangé à du sel.

Grâce à leur « entraînement » qui leur a permis de déterminer que le sel est inoffensif, le premier groupe montra un déplacement beaucoup plus rapide que le groupe de contrôle.

Pour la dernière partie du projet, les chercheurs ont injecté dans 10 blobs une solution saline et dans 10 autres, uniquement de l’eau. Deux heures plus tard, ceux qui contenaient du sel montraient le même comportement que les blobs qui étaient nourris au gel d’avoine mélangé au sel.

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Les scientifiques ont également découvert qu’ils excrétaient le sel seulement deux jours après l’arrêt du régime salé, mais qu’ils étaient également capables de rester en état de dormance lorsque les conditions du milieu leur étaient défavorables, et que dans cette situation, les blobs peuvent conserver le sel pendant plus d’un mois. Cette recherche leur a permis de comprendre que les myxomycètes transmettent leur connaissance par échange de la substance dans les veines.

« Nous avons présenté la première preuve d’habituation à long terme chez des organismes non-neuronaux et fourni le premier aperçu du mécanisme sous-jacent », ont écrit les chercheurs dans le papier.

Ces derniers ajoutent qu’il existe probablement de nombreuses autres manières de traiter les informations pour déterminer le comportement à avoir dans différentes situations, et que le système nerveux central n’en serait qu’une parmi d’autres.

Source : Philosophical Transactions of the Royal Society B: Biological Sciences

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