Tandis que les températures mondiales augmentent en raison du réchauffement climatique, les glaces de l’Antarctique se fragilisent et subissent une fonte accélérée depuis les dernières années. Et récemment, l’un des plus grands glaciers d’Antarctique, le glacier de Pine Island, en a été l’exemple : un morceau de la taille de Malte (ou deux fois supérieure à celle de Washington DC) s’est détaché dans la mer. L’autre glacier géant à proximité, celui de Thwaites, pourrait prochainement subir le même sort.
Le glacier de Pine Island, l’un des glaciers qui fond le plus rapidement en Antarctique, vient de perdre un autre énorme morceau de glace dans la mer, poursuivant une tendance de fonte rapide devenue une occurrence quasi annuelle au cours de la dernière décennie. Les scientifiques de Copernicus, le programme d’observation de la Terre de l’Union européenne, surveillent de près le glacier depuis que de grandes fissures sont apparues près de son bord en octobre 2019.
Hier, ces fissures ont finalement coupé un morceau du glacier (un processus appelé vêlage glacier), libérant des morceaux géants d’icebergs frais dans la mer d’Amundsen à proximité. Au total, le morceau le plus gros mesure environ le double de la taille de Washington (DC) en surface (plus de 350 kilomètres carrés), ce qui équivaut à la superficie de Malte.
Des événements de vêlage glacier de plus en plus fréquents
À lui seul, le récent vêlage n’est pas si surprenant ni particulièrement menaçant pour le niveau mondial de la mer ; le vêlage est une partie normale de la vie des formations de glace avec des sections qui flottent sur l’eau. Parce que la glace au bord du glacier flottait déjà, cette glace ne contribue pas directement à l’élévation du niveau de la mer lorsqu’elle fond inévitablement.
Cependant, au cours des deux dernières décennies, les événements de vêlage se sont produits beaucoup plus fréquemment au glacier de Pine Island et au glacier voisin de Thwaites (également connu sous le nom de « glacier Doomsday ») alors que l’océan environnant se réchauffe en raison du réchauffement climatique.
Alors que de grands événements de vêlage se produisaient au glacier de Pine Island tous les quatre à six ans, ils sont maintenant devenus des événements quasi annuels, selon la NASA.
📢🔴The Pine Island glacier in #Antarctica 🇦🇶 has finally calved, creating many large icebergs!
Check out these #Sentinel1 🛰️🇪🇺 captures from yesterday 09 Feb., last week 05 Feb. and 01 Oct., 4 months ago, when large cracks became apparent. pic.twitter.com/iubE8JffVR
— Copernicus EU (@CopernicusEU) February 10, 2020
Sur le même sujet : L’Antarctique aurait-il vraiment subi sa journée la plus chaude depuis le début des enregistrements ?
Des indices d’une fonte accélérée des glaciers antarctiques
Au cours de la dernière décennie, d’énormes morceaux du glacier se sont détachés en 2011, 2013, 2015, 2017, 2018 et maintenant en 2020. Par conséquent, les plateaux de glace de Pine Island et de Thwaites se retirent à l’intérieur des terres plus rapidement que la nouvelle glace ne peut se former.
Les scientifiques craignent que cette retraite persistante ne soit un signe qu’un cycle de fonte accélérée est en cours : à mesure que l’eau de mer relativement chaude s’écoule sur les bords nouvellement exposés d’une plate-forme de glace, la fonte s’accélère, la plate-forme de glace s’étire et s’amincit, et le vêlage devient de plus en plus plus probable.
Selon la NASA, la région autour des deux glaciers contient suffisamment de glace vulnérable pour élever l’océan de 1.2 mètre. Les nouveaux icebergs de Pine Island ont vêlé quelques jours seulement après que les scientifiques ont signalé la température la plus chaude jamais enregistrée en Antarctique. Jeudi 6 février, les températures près d’une base de recherche sur la bordure nord du continent ont atteint 18.3 °C, a rapporté l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Le record précédent était de 17.5 °C, établi en mars 2015.