Une entreprise est sur le point de faire pousser de nouveaux organes chez un patient pour la première fois

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Un patient atteint d’une maladie hépatique en phase terminale va bientôt bénéficier d’une thérapie expérimentale révolutionnaire. Cette thérapie, développée par la société LyGenesis, consiste à injecter des cellules hépatiques dans les ganglions lymphatiques, dans lesquels elles se multiplieront jusqu’à créer un foie miniature. Ce dernier peut ainsi soutenir la fonction du foie malade et éviter au patient de succomber d’une insuffisance hépatique.

Le foie est un organe essentiel de l’organisme, qui remplit des dizaines de fonctions vitales. Il filtre le sang et assure le métabolisme des glucides, des lipides et des protéines tout en sécrétant de la bile, essentielle à la digestion. Non seulement il permet d’éliminer les toxines (qui sont produites naturellement par l’organisme ou apportées par l’alimentation), mais il est également le lieu de stockage de l’énergie de l’organisme. Il possède par ailleurs une puissante capacité de régénération, qui lui permet de s’autoréparer à mesure qu’il s’use en assurant ses fonctions.

Une mauvaise hygiène de vie (alcool, alimentation trop grasse et/ou trop sucrée) peut néanmoins altérer ses facultés de régénération et entraîner des maladies incurables. Une greffe de foie doit alors être envisagée. La faible disponibilité des organes et l’état de santé globale des patients limitent cependant cette option. C’est pourquoi la société LyGenesis, basée à Pittsburgh, a développé un traitement alternatif : il n’est nullement question de remplacer le foie malade, mais de cultiver in vivo — au sein de l’organisme du patient — des mini foies capables d’assurer les mêmes fonctions.

Un à cinq mini foies supplémentaires

À noter qu’il ne s’agit pas de greffer des cellules hépatiques saines directement sur le foie du patient : dans la plupart des cas, les patients présentent en effet une cirrhose et une fibrose, offrant peu de chance de succès de la greffe. Il est question ici de créer un site supplémentaire pour la fonction hépatique, ici dans les ganglions lymphatiques. LyGenesis tire parti de la fonction évolutive des ganglions, qui sont des bioréacteurs efficaces pour les cellules T en cas d’infection.

Testée sur des animaux (notamment des souris et des porcs), l’approche a montré des résultats spectaculaires. L’injection de cellules hépatiques a chaque fois entraîné la survie à long terme des animaux. « Au fil du temps, le ganglion lymphatique disparaît complètement et ce qui reste est un foie miniature hautement vascularisé qui soutient la fonction du foie natif, aidant à filtrer l’approvisionnement en sang de l’animal », a déclaré le Dr Hufford à MIT Technology Review.

La société LyGenesis s’apprête à tester sa thérapie cellulaire pour la première fois chez l’Homme — un patient de Boston atteint d’une maladie hépatique en phase terminale, non éligible à une greffe de foie. Ce sera le premier volontaire de cet essai clinique impliquant 12 adultes dans la même situation. Ceux-ci seront divisés en trois groupes, chacun recevant des doses différentes : 50 millions, 150 millions ou 250 millions de cellules hépatiques, qui donneront naissance à 1 à 5 mini foies supplémentaires — les scientifiques estimant qu’un organoïde peut se développer à partir de 50 millions de cellules en moyenne.

Les cellules seront injectées directement dans les ganglions lymphatiques par endoscopie ambulatoire — une procédure qui réduit considérablement les coûts et les risques médicaux par rapport à une greffe d’organe complète. Tous les patients seront ensuite soumis à un traitement immunosuppresseur destiné à empêcher leur organisme de rejeter ces mini foies ; ils seront suivis pendant un an pour évaluer l’efficacité et la sûreté de la thérapie.

Un traitement immunosuppresseur qui pourrait devenir inutile

Les essais devraient durer moins de deux ans. Si les résultats sont concluants, les scientifiques de LyGenesis espèrent obtenir les mêmes résultats avec d’autres organes, tels que le pancréas, le thymus et les reins, et offrir ainsi une solution à de nombreuses maladies potentiellement mortelles.

Cette approche offre non seulement un traitement beaucoup moins invasif qu’une greffe, mais elle offre également une solution à la pénurie d’organes. Selon la Fédération des Associations pour le Don d’Organes et de Tissus humains, en 2020, 26 000 personnes en France étaient en attente d’une greffe, mais seules 4421 greffes ont été réalisées — plus de 900 patients n’ont pas survécu à l’attente.

À noter que les cellules transplantées peuvent être récoltées à partir d’organes donnés jugés inaptes à la transplantation et que chacun peut en théorie fournir suffisamment de cellules pour qu’au moins 75 personnes puissent bénéficier de la thérapie.

Il est possible que cette thérapie soit bientôt encore améliorée : LyGenesis a en effet récemment annoncé une collaboration de recherche avec iTolerance — une société de médecine régénérative — pour développer une approche éliminant le besoin d’une immunosuppression à vie. Les deux partenaires travaillent actuellement sur un produit reposant sur « une plateforme de tolérance immunitaire en microgel », qui, combiné à la thérapie cellulaire de LyGenesis, pourrait permettre la croissance de foies ectopiques sans immunosuppresseurs. Le produit est actuellement testé sur des animaux.

Source : MIT Technology Review

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