Pour la première fois, des chercheurs recréent la voix d’un Égyptien momifié il y a 3000 ans

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La momie de Nesyamun, qui a permis la première reconstruction d'une voix ancienne. | Leeds Museums & Galleries
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Nous vivons aujourd’hui dans une ère technologique en pleine expansion, à tel point que ce titre pourrait vous sembler quelque peu exagéré. Pourtant, bien qu’il puisse sembler banal de présenter un projet de reconstruction vocale à partir d’une structure osseuse, il s’agit bien de la première reconstruction d’une voix humaine ancienne. Cette dernière appartenait à un individu de l’Égypte antique nommé Nesyamun, momifié il y a plus de 3000 ans. Selon les estimations, il travaillait au temple de Karnak, à Thèbes, sous le règne de Ramsès XI.

Pour récupérer cet écho du passé, les scientifiques ont placé la momie dans un scanner tomographique informatisé (cf. image de titre). Cela leur a permis de créer un modèle 3D de son canal vocal (ou tractus vocal), dont la structure et les dimensions façonnent le son unique de la voix d’une personne.

Ils ont ensuite synthétisé la voix de Nesyamun en imprimant en 3D un modèle de ses voies respiratoires et en le connectant à un larynx électronique — une boîte vocale artificielle qui fournit une source sonore. L’extrait audio qui en résulte est très bref, mais il donne une idée de ce à quoi pouvait ressembler la voix de cet ancien Égyptien. Les résultats de l’étude ont été publiés le mois dernier dans la revue Scientific Reports.

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Vues de la segmentation finale (en haut) et de la coupe sagittale des deux moitiés du canal vocal de Nesyamun imprimé en 3D (en bas). L’absence de masse musculaire de la langue et de souplesse du palais est évidente. Crédits : D. M. Howard, J. Schofield

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Sur la base des écrits sur le cercueil de Nesyamun et les objets avec lesquels il a été enterré, les chercheurs ont pu déterminer qu’il était un prêtre et scribe égyptien travaillant au temple de Karnak (Thèbes), et qu’il a probablement voulu « chanter et parler aux dieux » dans le cadre de ses fonctions rituelles. Les inscriptions sur le cercueil incluent un souhait de « voir et s’adresser aux dieux comme il l’avait fait dans sa vie professionnelle ».

Aujourd’hui, nous pouvons en tout cas entendre à quoi ressemblait sa voix. Et bien que les circonstances soient différentes, les chercheurs ont pu en quelques sortes exaucer son voeu, celui de faire « entendre sa voix après sa mort ».

Ci-dessous, un extrait de la voix reconstruite :

 

Cette collaboration interdisciplinaire innovante a permis de faire revivre la voix d’une personne décédée depuis plus de 3000 ans, grâce à la préservation des tissus mous et aux nouveaux outils technologiques tels que les scanners de nouvelle génération et l’impression 3D.

« Bien que cette approche ait de vastes implications pour la gestion du patrimoine et l’exposition dans les musées, sa pertinence est conforme à la croyance fondamentale des anciens Égyptiens, selon laquelle ‘prononcer le nom des morts, c’est les faire revivre’. Étant donné le désir déclaré de Nesyamun de ‘faire entendre sa voix dans l’au-delà afin de vivre éternellement’, l’accomplissement de ses croyances par la synthèse de sa fonction vocale nous permet d’établir un contact direct avec l’Égypte ancienne, en écoutant un son provenant d’un conduit vocal qui n’a pas été entendu depuis plus de 3000 ans, préservé par la momification et maintenant restauré grâce à cette nouvelle technique », concluent les chercheurs dans le document.

Ils comptent maintenant exploiter les modèles informatiques établis pour générer des phrases complètes avec la « voix » de Nesyamon. Ils prévoient notamment de produire une version de ce qu’il aurait dit alors qu’il était prêtre et scribe à Karnak.

Source : Scientific Reports

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