Quelque chose d’étrange se passe dans notre cerveau lors des appels vidéo

Cette découverte souligne l’importance des véritables interactions sociales, naturellement privilégiées par notre cerveau.

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Une nouvelle étude révèle que les signalisations neuronales associées aux interactions sociales sont considérablement réduites lors des appels vidéo, par rapport aux conversations en face à face. La chorégraphie d’activité cérébrale complexe observée dans une communication directe serait presque absente lors d’une discussion à travers un écran. Cette découverte souligne l’importance des véritables interactions sociales, qui sont naturellement privilégiées par notre cerveau.

L’humain étant naturellement social, notre cerveau est optimisé pour traiter et assimiler les interactions réelles avec d’autres personnes. Mis à part la communication verbale, ces interactions sont ponctuées de subtiles informations telles que les signaux faciaux. Notre cerveau est conçu pour analyser jusqu’aux plus légers mouvements faciaux, allant des haussements et des froncements de sourcils aux rictus, en passant par l’expressivité des yeux, le mouvement des cils, etc. L’interprétation réciproque et spontanée de cette dynamique faciale est une compétence sociale essentielle à la création de liens entre individus.

Alors que les plateformes d’appels vidéo sont d’un grand secours pour le travail à distance et pour les personnes vivant éloignées les unes des autres, les scientifiques s’interrogent désormais sur la façon dont notre cerveau y réagit. En effet, de précédentes recherches ont suggéré qu’il y a une différence fondamentale entre une interaction réelle et virtuelle. L’une d’entre elles avance par exemple que les visages réels activent des systèmes latéraux et dorsaux-pariétaux dans le cerveau humain qui ne sont pas activés par ceux virtuels.

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« La comparaison entre le ‘en ligne’ et le ‘face-à-face’ présente un nouveau paradigme pour les questions de neuroscience », expliquent les chercheurs de la nouvelle étude, de l’Université de Yale. Ils suggèrent notamment que la différence entre l’interaction virtuelle et réelle est liée à la manière dont nous nous regardons dans les yeux. En effet, malgré la disponibilité actuelle des caméras haute définition, les webcams ne facilitent pas le contact visuel. Regarder la caméra pour que notre interlocuteur puisse voir nos yeux nous empêche de nous concentrer sur l’écran et ses yeux. Et si notre champ de vision est axé vers l’écran, ce dernier a l’impression qu’on ne le regarde pas dans les yeux. La nouvelle étude vise donc à décrypter la manière dont notre cerveau interprète ce contraste.

Des signalisations neurosociales considérablement réduites

De la cadre de l’étude, publiée dans la revue Imaging Neuroscience, 28 adultes en bonne santé et sans déficience visuelle ont été recrutés pour effectuer des séries de conversations directes et virtuelles. La plateforme d’appels vidéo Zoom a été utilisée en raison de sa notoriété et sa large présence à travers le monde. Afin d’effectuer des comparaisons sans biais de facteurs sociaux (tels que les préjugés et le manque de familiarité), les interlocuteurs étaient les mêmes dans chaque expérience. Au cours des conversations, l’activité cérébrale des volontaires a été enregistrée en temps réel, par le biais d’une spectroscopie fonctionnelle proche infrarouge (fNIRS) et d’un électroencéphalogramme (EEG). Des dispositifs de suivi oculaire ont également été appliqués.

Il est important de noter que d’autres études ont précédemment tenté de capturer ces différences, par le biais d’outils d’imagerie. Cependant, la plupart se concentraient uniquement sur des individus isolés dans des conditions de laboratoire. Cela signifie qu’elles ne reflétaient pas nécessairement les subtiles variations dans la communication entre deux personnes dans des conditions réelles observées au quotidien.

Les experts de la nouvelle étude ont été surpris de constater que la force des signalisations neuronales spécifiques aux interactions sociales était considérablement réduite lors des conversations Zoom. « Dans l’ensemble, les interactions sociales dynamiques et naturelles qui se produisent spontanément lors des interactions en personne semblent moins apparentes ou absentes lors des rencontres Zoom », explique la coauteure principale de l’étude, Joy Hirsch, de l’Université de Yale. « C’est un effet vraiment robuste », ajoute-t-elle.

Pour les participants ayant effectué des conversations en face à face, une chorégraphie complexe de l’activité neuronale dans les zones du cerveau qui régissent les interactions sociales a été observée. Les signalisations étaient notamment corrélées à une augmentation du temps de regard ainsi qu’une dilatation accentuée des pupilles, ce qui suggère un niveau d’excitation cérébrale accru. « Les représentations de visages en ligne, du moins avec la technologie actuelle, n’ont pas le même accès privilégié aux circuits neuronaux sociaux du cerveau typiques de la réalité », estime Hirsch.

Par ailleurs, l’interaction directe était associée à une capacité plus élevée à synchroniser les activités neuronales. C’est-à-dire que les personnes communiquant en face à face semblaient coordonner leurs signalisations cérébrales, ce qui suggère une augmentation des échanges réciproques d’indices sociaux. « Dans cette étude, nous constatons que les systèmes sociaux du cerveau humain sont plus actifs lors de rencontres réelles en personne que sur Zoom », explique Hirsch . « Zoom semble être un système de communication sociale appauvri par rapport aux conditions en personne », ajoute-t-elle.

Toutefois, il est important de noter que l’étude ne concernait qu’un échantillon de participants relativement réduit et pourrait ne pas refléter les réponses cérébrales de populations plus larges. En effet, certaines personnes ou cultures n’apprécient par exemple pas les contacts visuels trop appuyés. Néanmoins, ces résultats soulignent l’importance de privilégier les interactions directes à celles virtuelles.

Source : Imaging Neuroscience

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