Le régime traditionnel japonais réduirait l’atrophie cérébrale liée à l’âge chez les femmes

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Une étude incluant 1636 personnes suggère que le régime alimentaire traditionnel japonais est associé à une réduction significative du rétrécissement cérébral lié à l’âge chez les femmes. Cet effet serait lié à la consommation de nombreux aliments riches en antioxydants et oligoéléments, tels que les algues, les fruits de mer et les aliments fermentés. Ces résultats soulignent l’importance des habitudes alimentaires et du mode de vie pour la prévention du déclin cognitif et de la démence.

Les habitudes alimentaires constituent des facteurs modifiables pouvant influencer la santé et la longévité. Cette corrélation a par exemple été démontrée pour le régime méditerranéen, désormais largement reconnu pour la prévention du déclin cognitif et de la démence. Des études ont montré que ce régime pouvait avoir un effet positif sur des paramètres essentiels à la santé cérébrale, tels que le volume total du cerveau, l’épaisseur corticale et l’intégrité de la substance blanche.

Cependant, ces effets peuvent être difficiles à généraliser. En effet, chaque région du monde possède ses caractéristiques propres (climat, sols, biodiversité, …) influençant le type d’aliments de base disponibles. Cela signifie que chaque région devrait logiquement disposer d’un régime alimentaire traditionnel optimal qui lui est propre.

D’un autre côté, d’autres régimes réputés pour leurs nombreux bienfaits sur la santé, tels que les régimes traditionnels asiatiques, sont peu explorés (de manière scientifique). Parmi les plus célèbres figure par exemple le régime traditionnel japonais, qui ferait partie des secrets de longévité des centenaires d’Okinawa. Il s’agit de l’une des rares régions du monde catégorisée en tant que « zone bleue », dans lesquelles le nombre de centenaires est exceptionnellement élevé.

Des chercheurs du Centre national de gériatrie et de gérontologie d’Aichi (au Japon) et de l’Université de Liverpool (Royaume-Uni) ont récemment effectué une enquête à grande échelle afin d’explorer les effets du régime traditionnel japonais sur la santé cérébrale. Il s’agit de l’une des rares études examinant l’association entre les habitudes alimentaires et les changements longitudinaux du volume cérébral chez les Japonais.

Un avantage spécifique aux femmes

Le régime traditionnel japonais est caractérisé par l’abondance de riz, de poisson, de crustacés et de fruits (surtout des agrumes). Il se distingue aussi par la consommation presque quotidienne d’aliments fermentés tels que le miso (pâte de soja fermentée) et le natto (graines de soja fermentées). Les Japonais consomment également une grande variété d’algues et de champignons (tels que le shiitake et l’enoki), ainsi que des tsukemonos (une variété de cornichon japonais) et du thé vert.

En revanche, la viande rouge, le café ainsi que les aliments ultra-transformés et excessivement gras et sucrés sont consommés moins souvent. À noter qu’au Japon, ce régime traditionnel tient davantage d’une habitude culturelle plutôt que d’une adoption en vue d’un objectif particulier (comme la perte de poids). En outre, les repas typiques japonais sont généralement composés de petites quantités de nourriture diversifiée, contribuant ainsi à leur équilibre.

Dans le cadre de la nouvelle étude — détaillée dans la revue Nutrition Journal, les chercheurs ont recruté 1636 adultes japonais âgés de 40 à 89 ans, qui ont été suivis pendant deux ans. Les régimes alimentaires habituels des participants ont été analysés en leur demandant d’enregistrer tout ce qu’ils mangeaient et buvaient pendant trois jours. Ils devaient également prendre des photos de leurs assiettes avant et après chaque repas, afin d’évaluer la quantité de nourriture qu’ils consommaient quotidiennement.

Sur la base de ces enregistrements, il a été constaté que 589 personnes suivaient un régime traditionnel, tandis que 697 autres suivaient un régime occidental. Ce dernier est caractérisé par une consommation élevée de glucides raffinés, d’aliments riches en graisses, de boissons gazeuses et d’alcool. Le reste des participants (350) suivait un régime riche en fruits, légumes et produits laitiers.

Afin d’évaluer les effets des différents régimes sur la santé cérébrale, les chercheurs ont mesuré la progression de l’atrophie cérébrale par le biais d’IRM, pendant les deux ans de suivi. Indiquant une perte de neurones, l’atrophie cérébrale liée à l’âge constitue un marqueur de déclin cognitif et de démence. Les paramètres de variabilité ont également été contrôlés, notamment la prédisposition génétique aux maladies neurodégénératives, le tabagisme et les pathologies sous-jacentes.

Les chercheurs ont constaté que les femmes qui suivaient le régime traditionnel japonais présentaient moins d’atrophie cérébrale que celles suivant un régime occidental. « Adopter des éléments du régime alimentaire traditionnel japonais peut non seulement contribuer à améliorer la fonction cognitive, mais également la santé en général », ont écrit les experts dans un article publié sur The Conversation.

Ces avantages seraient liés aux aliments riches en vitamines, en polyphénols et en acides gras insaturés — des composés connus pour leurs vertus antioxydantes et anti-inflammatoires. En revanche, de façon surprenante, ces bienfaits n’ont pas été observés chez les hommes. D’autre part, l’effet du régime légumes-fruits-produits laitiers n’était pas clair, probablement en raison de la taille réduite de l’échantillon.

Selon les experts, les différences entre les hommes et les femmes pourraient s’expliquer par les différences biologiques. Par exemple, certains nutriments comme le magnésium (présents dans les fruits de mer et les légumineuses) et les mycoestrogènes (des oestrogènes produits par les champignons) pourraient avoir un effet protecteur pour le cerveau féminin. Cela pourrait aussi s’expliquer par les différences de mode de vie, les hommes étant par exemple plus sujets au tabagisme et à la consommation d’alcool.

Toutefois, il est important de noter que l’étude est uniquement observationnelle. Davantage de recherches, incluant des études randomisées, seront nécessaires avant de confirmer les effets du régime japonais sur la santé cérébrale. Il serait également intéressant d’explorer plus avant les raisons des différences observées entre les hommes et les femmes.

Source : Nutrition Journal

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