Une étude montre que le cerveau des femmes resterait jeune plus longtemps que celui des hommes

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| Radio-Canada/Sophie Leclerc
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Une recherche aurait permis de découvrir une différence dans la sénescence cérébrale entre les sexes. Le cerveau des hommes montrerait des signes de vieillesse plus rapidement que chez les femmes.

Alors que les scientifiques débattent sur de possibles caractéristiques cognitives uniques pour chaque sexe, de nombreuses études ont démontré des différences structurelles au niveau du cerveau.

Une autre distinction vient s’ajouter à la liste, et elle serait liée aux changements causés par l’âge. En effet une recherche publiée récemment montre que le cerveau des hommes serait en moyenne plus vieux de trois ans par rapport à celui des femmes du même âge, au niveau du fonctionnement métabolique. Cette découverte montrerait l’une des raisons pour lesquelles les femmes conserveraient leurs capacités cognitives plus longtemps.

« Nous commençons tout juste à comprendre comment divers facteurs liés au sexe pourraient influer sur la trajectoire du vieillissement du cerveau, et en quoi cela pourrait influer sur la vulnérabilité du cerveau aux maladies neurodégénératives » explique Manu Goyal, neuroscientifique à l’école de Médecine de l’Université de Washington, à St-Louis.

« Le métabolisme du cerveau pourrait nous aider à comprendre certaines des différences que nous constatons entre les hommes et les femmes à mesure qu’ils vieillissent ».

Il est déjà connu chez les hommes que la masse de matière grise diminue plus rapidement avec l’âge, et que l’expression des gènes dans le cerveau est altérée plus tôt, affectant leur capacité à former ou dégrader des molécules dans l’organe.

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L’ensemble de ces résultats pourrait suggérer une forme de néoténie (conservation de la jeunesse) dans le cerveau des femmes, mais personne avant cette dernière recherche avait étudié les différences métaboliques liées à l’âge.

Le groupe s’est focalisé sur le métabolisme du glucose. Chez les enfants, un procédé d’utilisation du glucose appelé « glycolyse aérobie » se produit fortement dans le cerveau, pour assurer son bon développement. Mais en vieillissant, cette voie est de moins en moins employée, même après que le cerveau soit arrivé à maturité. Le sucre est toujours alloué par le cerveau pour les fonctions cognitives, mais le taux de glycolyse aérobie est au plus bas à un certain âge qui varie selon l’individu, mais qui est en moyenne d’environ 60 ans.

Pour vérifier s’il y avait une différence au niveau de cette voie métabolique pour chaque sexe, le groupe a scanné 205 volontaires (121 femmes et 84 hommes) âgés entre 20 et 82 ans par tomographie par émission de positons, et a analysé le flux d’oxygène et de glucose dans leurs cerveaux. Ces deux caractéristiques étant nécessaires pour déterminer le taux de glucose utilisé pour la glycolyse aérobie.

Ils ont ensuite fournit à un algorithme d’apprentissage automatique les données obtenues des volontaires masculins pour établir un lien entre le métabolisme du cerveau et l’âge. Ils ont ensuite demandé à l’algorithme d’estimer l’âge des femmes uniquement à partir des données de leur métabolisme cérébral. Ce dernier a alors calculé qu’elles avaient en moyenne 3.8 ans de moins que leur véritable âge.

Ils ont également fait l’inverse, en utilisant les données des femmes comme base, et ont obtenu que les hommes avaient en moyenne 2.4 ans de plus que leur âge actuel.

Plus surprenant encore : ces résultats ont également été observés chez les jeunes dans la vingtaine.

Goyal suggère que le cerveau des hommes atteint l’âge adulte 3 ans plus tôt que celui les femmes, et que ce ne serait pas dû à un vieillissement précoce. « Ce que nous ignorons, c’est ce que cela signifie. Je pense que cela pourrait signifier que les femmes ne connaissent pas autant de déclin cognitif au cours des dernières années parce que leur cerveau est effectivement plus jeune, et nous travaillons actuellement sur une étude visant à confirmer cela ».

Le groupe espère bientôt pouvoir observer si les problèmes cognitifs se produisent moins souvent chez les personnes dont le cerveau semble rester plus jeune.

Source : Proceedings of the National Academy of Sciences

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