Modifier stratégiquement son état d’esprit permet de considérablement améliorer la mémoire et l’apprentissage

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Adopter un esprit curieux plutôt qu’un état d’esprit d’urgence peut améliorer la mémoire et l’apprentissage, selon une étude. Une fascinante expérience au cours de laquelle des participants simulaient le braquage d’un musée révèle une facette d’adaptabilité peu explorée de notre cerveau. Les subtiles variations dans cette adaptation pourraient avoir d’importantes implications dans des scénarios réels.

Les souvenirs stockés dans notre cerveau sont influencés par nos objectifs, qui ont des conséquences sur l’état motivationnel, ainsi que sur l’apprentissage et la mémoire. Par exemple, la perspective de déboucher sur un beau paysage peut motiver à explorer un sentier ou à se souvenir des détails du parcours menant à cet objectif. Dans ce sens, cet objectif central surpasse les petits plaisirs accessoires et fait appel à la curiosité et à la planification.

En revanche, en étant confronté à un danger, la motivation est plutôt orientée vers les moyens d’en échapper. Dans ce contexte d’urgence, l’attention et la mémoire ne sont plus entièrement centrées sur l’objectif initial et omettent les détails qui y sont liés. Il s’agit d’un contexte de récompense impératif, sous-jacent à la réalisation d’un objectif immédiat et impliquant une mémorisation « clairsemée ».

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En transposant ce schéma à un contexte éducatif, l’apprentissage peut être motivé de différentes manières, notamment la curiosité, l’obtention de bonnes notes ou la peur de l’échec. La motivation alimentée par la pression ou l’urgence produit des résultats comportementaux semblables à ceux sous-jacents au danger ou à la menace. Par contre, une motivation alimentée par la curiosité engendre des comportements similaires à l’atteinte d’un objectif bien centré, appuyée par la mémorisation de détails pertinents.

Ainsi, la motivation influence à la fois les décisions immédiates et les souvenirs à long terme. Selon le contexte, la motivation peut être catégorisée selon un mode « interrogatif » et « impératif ». Alison Adcock, coauteure de l’étude et directrice de l’institut des sciences neurologiques de l’Université de Duke, explique « qu’il est utile d’apprendre quel mode est adapté à un moment donné et de l’utiliser de manière stratégique ».

Cependant, les expérimentations appuyant cette hypothèse sont peu nombreuses. Décrite dans un article paru dans la revue PNAS, l’expérience des chercheurs de Duke a été effectuée dans ce sens. La compréhension des différences entre le besoin urgent d’atteindre des objectifs immédiats (motivation impérative) et la planification méthodique pour atteindre un but à plus long terme (motivation interrogative) pourrait avoir d’importantes implications dans de nombreux contextes.

Les soins de santé peuvent par exemple constituer des objectifs immédiats, tandis que la lutte contre le réchauffement climatique nécessite une planification méthodique, tenant compte de détails et des expériences passées. Toutefois, « c’est beaucoup plus difficile à faire, car nous passons une grande partie de notre vie d’adulte en mode urgence [ou impératif] », indique Adcock. De ce fait, la majeure partie de la psychothérapie encourage la flexibilité de la motivation interrogative.

Appliquer la bonne stratégie au bon contexte

Dans le cadre de leur expérience, les chercheurs de la nouvelle étude ont recruté 420 jeunes adultes en bonne santé, âgés de 19 à 36 ans, pour jouer à un jeu vidéo de braquage d’œuvres d’art. Les participants ont été répartis au hasard en 2 groupes, ayant reçu deux instructions stratégiques différentes. Le premier était un groupe « urgent » (mode impératif), dont l’instruction était de voler immédiatement autant d’objets que possible. Le second était le groupe « curieux » (mode interrogatif), dont l’instruction était d’explorer/surveiller le musée afin de planifier un futur braquage.

Après avoir reçu ces instructions, les volontaires ont commencé à jouer exactement de la même manière et ont presque tous obtenu le même score. Le jeu comprenait un modèle de musée d’art, comportant 4 portes colorées. Chaque porte représentait une pièce spécifique à l’intérieur de laquelle se trouvait aléatoirement une peinture, dont la valeur était à chaque fois différente. Les joueurs devaient les voler à l’insu des gardiens virtuels. Les participants recevaient également un bonus réel (de l’argent) selon leur succès — déterminé sur la valeur totale des œuvres d’art obtenues dans le jeu.

La différence d’état d’esprit a été plus notable le lendemain, lorsque les joueurs se sont reconnectés au jeu et ont été soumis à un questionnaire. Ce dernier consistait à déterminer s’ils pouvaient reconnaître les 100 peintures de la veille, en ajoutant 75 nouvelles toiles dans le lot. À chaque fois qu’ils réussissaient à en reconnaître une, ils devaient en mentionner la valeur.

Il a été constaté que le groupe curieux montrait une meilleure mémorisation des informations. Les participants en question avaient reconnu un plus grand nombre de peintures et se souvenaient davantage de leurs valeurs. Le système de récompense a également stimulé la mémorisation de sorte que les œuvres les plus précieuses étaient les plus susceptibles d’être mémorisées. Ce résultat a été moins observé chez le groupe urgent. En revanche, ils avaient un avantage tout différent. Ils étaient notamment les meilleurs pour savoir quelles portes renfermaient les œuvres les plus chères et ont réussi à surpasser le groupe curieux en matière de gain total.

Toutefois, il est important de garder à l’esprit que ces résultats ne signifient pas que l’une des stratégies soit meilleure par rapport à l’autre. Comme expliqué précédemment, chaque méthodologie est adaptée à un contexte donné. La stratégie d’urgence est compatible pour résoudre un problème à court terme, tandis que celle du mode interrogatif est plus adaptée à une solution à long terme. Pour encourager des actions plus durables, on serait en effet moins efficace en étant stressé ou sous pression, car on peut ainsi omettre des informations essentielles. Ainsi, la stratégie d’urgence correspond à la recherche d’une récompense immédiate, tandis que celle de curiosité vise une récompense cumulative.

Source : PNAS

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