Face à son silence persistant, les espoirs de rétablir le contact avec la sonde indienne Chandrayaan-3 s’amenuisent

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Photo de l'atterrisseur Vikram prise par le rover Pragyaan. | ISRO
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La mission Chandrayaan-3, orchestrée par l’ISRO, visait à explorer des territoires inconnus de la Lune. Bien que des données significatives aient déjà été recueillies, la perte de communication avec les modules Vikram et Pragyan soulève des questions sur leur devenir. Ce silence, dans un contexte de recherche spatiale intense, met en exergue les obstacles et les incertitudes de l’exploration lunaire, tout en illustrant la résilience et l’audace nécessaires pour repousser les frontières de la connaissance.

La mission Chandrayaan-3 de l’ISRO a marqué un tournant dans l’exploration de la Lune. L’atterrisseur Vikram et le rover Pragyan ont atterri le 26 août près du pôle Sud, une région jusqu’alors inexplorée, et ont entrepris une série d’expériences scientifiques cruciales. Ils ont transmis à la Terre des images et des données inédites. Ces appareils ont notamment analysé la composition du sol lunaire, révélant des indices sur les activités volcaniques passées, dont des traces de soufre, offrant un aperçu des dynamiques lunaires.

Cependant, le 2 septembre, après deux semaines fructueuses, les deux engins spatiaux ont été mis en mode « sommeil » pour survivre à la nuit lunaire, une période où les températures peuvent chuter drastiquement. L’ISRO avait espéré que les batteries se rechargeraient et que les modules se réveilleraient avec le lever du soleil lunaire. Malgré les efforts incessants de l’ISRO pour rétablir la communication, le silence demeure, alimentant les spéculations sur le sort de Vikram et Pragyan.

Une invitation à rêver, prête à être portée.

Les défis de la nuit lunaire

La nuit lunaire, caractérisée par des conditions extrêmes, représente un environnement hostile pour tout engin spatial. Un jour et une nuit sur la Lune durent chacun un peu plus de 14 jours terrestres. Les températures peuvent y atteindre des niveaux si bas (jusqu’à -253 degrés Celsius) que la survie des composants électroniques devient un défi colossal. Dans ce contexte, les batteries, éléments vitaux pour le fonctionnement des appareils spatiaux, sont particulièrement vulnérables. Leur détérioration peut compromettre la capacité des engins à reprendre leurs activités une fois la nuit lunaire passée.

Selon les experts, la conception des engins spatiaux doit intégrer des stratégies robustes pour contrer les effets dévastateurs du froid lunaire. Le défi réside dans la protection des composants électroniques et des batteries contre les dommages irréversibles, tout en maintenant un équilibre entre la complexité, le coût et le poids des appareils.

En règle générale, les unités de chauffage à radio-isotopes (RHU) sont déployées dans les missions lunaires pour maintenir les températures opérationnelles en produisant de la chaleur et de l’électricité par le biais de la désintégration radioactive des éléments. Malheureusement, la mission Chandrayaan-3 ne dispose pas de RHU.

De fait, il semblerait que les températures extrêmes de la nuit lunaire aient surpassé les limites de résistance de ses appareils. Cette hypothèse soulève des questions sur les approches et les technologies nécessaires pour assurer la survie des missions futures dans des environnements aussi inhospitaliers.

Optimisme et persévérance

Malgré les défis et les incertitudes qui entourent le devenir de la mission Chandrayaan-3, l’ISRO persiste dans ses efforts pour renouer le contact avec l’atterrisseur Vikram et le rover Pragyan. Cette persévérance illustre la résilience et l’optimisme qui caractérisent l’agence spatiale indienne.

Vendredi, l’ISRO a publié sur X (anciennement Twitter) que « les efforts pour établir la communication avec l’atterrisseur Vikram et le rover Pragyaan se poursuivront ». Il n’y a eu aucune mise à jour officielle depuis.

A.S. Kiran Kumar, ancien chef de l’ISRO, a exprimé, dans un article de la BBC, la réalité des défis en soulignant que les probabilités de rétablir le contact avec les appareils diminuent à mesure que le temps avance. Il ajoute : « À moins que l’émetteur de l’atterrisseur ne s’allume, nous n’avons aucune connectivité. Il doit nous dire qu’il est vivant. Même si tous les autres sous-systèmes fonctionnent, nous n’avons aucun moyen de le savoir ».

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Chemin emprunté par le rover lunaire depuis son arrivée jusqu’à sa mise en sommeil. © ISRO

En parallèle, l’ISRO a adopté une approche réaliste et a cherché à modérer les attentes du public et de la communauté scientifique. Tout en mettant au repos ses engins, l’agence a déclaré avoir terminé toutes ses tâches principales. Elle a clairement indiqué que, dans l’éventualité où les appareils ne se rallument pas, ils serviraient d’ambassadeurs lunaires de l’Inde.

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