Un succès pour la mission lunaire chinoise de prélèvement d’échantillons Chang’e 5 !

mission chinoise lune chang'e 5
| CNSA
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Ce mardi 1er décembre, la sonde chinoise Chang’e 5 s’est posée avec succès sur la Lune. L’événement marque une nouvelle étape importante pour le programme spatial chinois. La sonde, qui avait décollé du centre spatial de Wenchang le 23 novembre, a pour objectif de collecter des échantillons de roches lunaires, puis de les rapporter sur Terre pour analyses. Ces échantillons devraient être réexpédiés sur Terre dans les quinze prochains jours.

C’est un nouveau coup d’éclat pour l’Agence spatiale nationale chinoise (CNSA). En 2019, elle avait déjà largement marqué les esprits en faisant atterrir, pour la première fois au monde, un engin sur la face cachée de la Lune. Si l’Agence chinoise semble redoubler d’efforts et multiplie les prouesses techniques, c’est aussi parce qu’elle prévoit d’envoyer des astronautes sur notre satellite naturel d’ici 2030.

La mission principale de Chang’e 5 est de collecter près de deux kilos de roches lunaires. Ces échantillons seront prélevés dans une région bien plus jeune que celles explorées par les précédentes missions américaines et soviétiques. L’analyse de ces matériaux devrait ainsi apporter de nouveaux éléments concernant l’histoire de la Lune.

Une invitation à rêver, prête à être portée.

Une démonstration de la technologie chinoise

Dans le cadre de son programme d’exploration lunaire, baptisé Chang’e — du nom d’un personnage de la mythologie chinoise vivant sur la Lune — la Chine avait déjà fait atterrir deux petits robots téléguidés, Chang’e 3 et Chang’e 4, en 2013 et 2019 respectivement. Chang’e 4 embarquait un rover, le Yutu 2, chargé d’explorer et d’analyser le sol lunaire, au moyen de divers instruments (caméras, spectromètres, radar). Les premiers résultats, publiés en mai 2019, ont montré que des roches de même composition que le manteau lunaire se trouvaient en surface, suggérant un ancien impact de météorite.

Initialement, il était prévu que la mission Chang’e 5 soit lancée en 2017, mais cette même année, un tir raté de la fusée Longue-Marche 5 chargée de sa propulsion a finalement conduit au report de la mission. L’alunissage s’est finalement déroulé mardi, à 16h13, heure de Paris ; l’agence spatiale chinoise a partagé les images de l’opération :

La sonde s’est posée dans l’océan des Tempêtes, à l’ouest de la face visible de la Lune, dans la région du Mons Rümker, inexplorée jusqu’ici. Cette formation volcanique de près de 1000 mètres d’altitude intéresse beaucoup les scientifiques. Comme précisé plus haut, les roches qui s’y trouvent ont un âge estimé à seulement 1,2 milliard d’années, autrement dit, il s’agit de roches bien plus « récentes » que les échantillons rapportés par de précédentes missions (Apollo et Luna), datés d’entre 3,1 à 4,4 milliards d’années.

carte missions lunaires
Emplacement du site d’atterrissage de la sonde Chang’e 5. La mission permettra d’étudier des échantillons de roches bien plus jeunes que ceux obtenus lors des missions américaines et russes passées. Crédits : Jessica Flahaut

L’engin est chargé de collecter des échantillons en surface, mais aussi plus en profondeur, grâce à son système de forage à percussion (capable de creuser jusqu’à deux mètres de profondeur). D’un peu plus de 8 tonnes, Chang’e 5 se compose de quatre éléments : un orbiteur (chargé de demeurer en orbite lunaire), un alunisseur, un module de remontée (du sol vers l’orbite lunaire), ainsi qu’une capsule (pour le retour des échantillons sur Terre). La sonde n’a pas été conçue pour résister longtemps aux conditions lunaires, c’est pourquoi la mission sera de courte durée. Elle durera deux ou trois jours tout au plus — il se pourrait ainsi que le module de remontée quitte le sol lunaire dès aujourd’hui.

La Chine prépare ses futures missions habitées

À noter qu’il s’agit de la première tentative de rapporter des roches lunaires depuis la mission inhabitée Luna 24, menée avec succès par l’ex-URSS en 1976. La sonde avait à l’époque rapporté 170 g de matière. Mais à la différence de cette mission soviétique, la sonde chinoise n’effectuera pas directement le trajet de retour vers la Terre après avoir collecté les échantillons. Une fois les opérations de collecte et d’emballage terminées, le module de remontée se séparera du module d’alunissage pour regagner l’orbite lunaire, avant d’être transvasés dans la capsule de retour. Un scénario désigné par « le rendez-vous en orbite lunaire » (ou LOR pour lunar orbit rendez-vous).

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Schéma du déroulement de la mission Chang’e 5. Crédits : Wikimedia Commons/Loren Roberts

Chang’e 5 est le troisième appareil du 21e siècle à se poser avec succès sur la Lune. Cette mission est l’occasion d’obtenir de nouvelles données sur la formation de la Lune. Mais pour l’Agence spatiale chinoise, c’est surtout l’occasion de tester ses dernières technologies d’astronautique en conditions réelles. La Chine envisage en effet d’envoyer ses prochains astronautes sur la Lune d’ici 2030. Ces dernières années, le pays a massivement investi dans son programme spatial, notamment dans le but de rattraper son retard par rapport aux États-Unis, à la Russie et à l’Europe, en matière d’exploration spatiale.

La Chine est d’ailleurs aujourd’hui au cœur de l’actualité spatiale. Le pays a notamment achevé cette année la mise en place de son système de navigation Beidou-3. Initié en 2015 et totalement opérationnel depuis le mois de juin, le système compte plus d’une trentaine de satellites et s’impose comme principal concurrent du système GPS. Enfin, la Chine travaille à un autre projet majeur, la « Grande station spatiale modulaire chinoise », qui devrait être assemblée d’ici 2022. Cette station spatiale en orbite basse (300-400 km) doit permettre d’effectuer des expériences en microgravité et mettre au point diverses technologies en vue de futurs vols longue durée d’équipages chinois.

Source : China National Space Administration

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